Des ETF Bitcoin bientôt validés par la SEC ? Rien n’est encore joué
La TradFi en pole position. Depuis que l’on sait que des acteurs majeurs de la finance internationale, comme BlackRock ou Fidelity, ont déposé une demande auprès de la SEC pour proposer un ETF Bitcoin à leurs clients, l’ensemble de l’écosystème attend fébrilement la réponse du régulateur. Entre l’espoir d’un prix à hausse et la peur de l’arrivée de la TradFi dans le jeu crypto, ces ETF n’ont pas fini de diviser les amateurs de Bitcoin. Mais rien n’est joué en la matière, et le gendarme de la bourse américaine pourrait tout aussi bien refuser en bloc l’intégralité des demandes comme en accepter certaines. Un panel de spécialistes s’est récemment exprimé sur le sujet, avec des raisons d’y croire, mais aussi de nombreuses réserves quant à un dénouement positif. Donnons-leur la parole !
Au moins, la SEC n’a pas dit non
Commençons par voir le verre à moitié plein en soulignant les signes positifs venus de Washington et de Gary Gensler. Tout d’abord, nos deux spécialistes voient d’un bon œil que la SEC ait demandé des compléments d’informations concernant certains dossiers, comme celui de BlackRock :
« Certaines personnes prennent la notion d’ETF Bitcoin spot [au comptant] trop à cœur. Cependant, il est courant pour la SEC de renvoyer des requêtes et de demander des éclaircissements. »
Sean Tuffy, expert en réglementation financière
« Je vois cela comme une nouvelle très encourageante, car la SEC ne s’est pas contentée de refuser [les demandes d’ETF]. Elle a essentiellement renvoyé les demandes et a dit de travailler dessus. Il y a donc une chance qu’elles soient approuvées. »
Vivian Fang, professeur de finance à l’Université de l’Indiana
Pour ce dernier, le fait que la SEC demande des compléments d’information est clairement un grand pas vers l’acceptation. En effet, dans le passé, des demandes ont purement et simplement été refusées. Mais, pour Vivian Fang, la difficulté pourrait venir de la nature même des sociétés qui sont impliquées dans les demandes, plus particulièrement les plateformes cryptos.
La mauvaise réputation des exchanges cryptos au cœur des refus ?
Dire que les exchanges ne sont pas en odeur de sainteté dans les couloirs de la Securities and Exchange Commission est un euphémisme. Coinbase, Binance ou encore Gemini sont tous en procédure avec le régulateur pour des suspicions de ventes de titres financiers non autorisés aux États-Unis. On attend d’ailleurs toujours que l’autorité fédérale se positionne officiellement sur la nature des cryptos. À cela, il faut ajouter le mélange des genres dans le secteur qui ne plait pas au boss de la SEC :
« Dans certains de nos marchés boursiers, les fonctions d’échange, de courtage et de compensation sont séparées. La séparation de ces fonctions essentielles aide à atténuer les conflits qui peuvent survenir en associant ces services. »
Or, dans la crypto, ce sont les mêmes entités qui font office de tout cela. Cela fait dire à nos experts que même en désignant Coinbase comme partenaire pour un ETF Bitcoin, cela ne fonctionnera sûrement pas non plus, car la plateforme de Brian Armstrong n’est pas enregistrée comme bourse nationale de valeurs mobilières.
Et ce manque de conformité de l’environnement crypto pourrait être fatal à certaines demandes d’ETF Bitcoin. Devinez du coup qui pourrait tirer les marrons du feu ? Les acteurs historiques de la finance traditionnelle pardi ! Vivian Fang imagine « un attelage BlackRock et Nasdaq qui serait une équipe en or imbattable ».
La revanche de la TradFi est en préparation, et elle pourrait bien coiffer au poteau les plateformes cryptos qui bataillent depuis des années pour être reconnues. Rien n’est donc joué au pays des ETF, et l’issue est loin d’être écrite à l’avance. Enfin, dernière remarque, et pas des moindres, de la part de Sean Tuffy : « En fin de compte, je pense que tant que Gary Gensler sera en charge, nous ne parviendrons pas à faire passer un ETF bitcoin. Je suis donc sceptique quant au résultat ». Décidément, le patron de la SEC se retrouve toujours au centre des préoccupations, même quand il ne fait rien.
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