Bitcoin, cryptomonnaies et blanchiment d’argent : le patron du Crédit Mutuel déballe les poncifs

C’est pour votre bien – Pour Nicolas Théry, qui vient d’être reconduit à la présidence du cinquième groupe bancaire français, les cryptomonnaies ne promeuvent que des comportements déviants, la violence et le crime.

Pour Nicolas, cryptomonnaies et milices russes, même combat

C’est en tout cas ce que l’on a déduit de la réponse que le petit Nicolas a donnée au micro du journal La Croix. Le quotidien demandait quel était l’avis de l’énarque face au développement des cryptos, qui bousculent le secteur bancaire :

« Si vous aimez le blanchiment, la criminalité, l’anonymat, vous allez adorer les cryptomonnaies. La banque a un devoir de conseil et je suis fier que nous ayons toujours dit à nos clients de ne pas s’y aventurer. L’invention de la banque centrale, de la monnaie souveraine, est un progrès social. Cela permet de protéger le pouvoir d’achat des classes populaires, mais aussi les recettes fiscales, de lutter contre la fraude, d’assurer la stabilité. L’inflation est un cancer, un impôt brutal et non démocratique. Militer pour les cryptomonnaies, cela revient à soutenir les milices russes Wagner contre les armées de la république. C’est une tentative de privatisation d’un bien commun. »

Propos de Nicolas Théry – Source : La Croix

Difficile de garder son calme en lisant autant de poncifs et de bêtises regroupés en aussi peu de lignes.

Mais ces dernières sont plutôt révélatrices de la pensée de certains grands patrons français sur notre secteur. Et l’influence du lobby bancaire pourrait peut-être expliquer les nombreux obstacles que les parlementaires se font une joie de dresser sur le chemin de l’adoption et de l’innovation, au nom de la protection du consommateur.

S’il est bien évident que certaines dérives doivent cesser, l’éducation devrait toujours primer devant l’interdiction, cette dernière n’étant rien d’autre qu’un aveu d’échec.

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Banques et cryptomonnaies : une relation ubuesque

Essayons au moins de comprendre les arguments développés par Nicolas Théry dans sa réponse.

On y apprend tout d’abord que la criminalité et l’anonymat sont jetés dans le même bain. Ces quelques mots devraient attirer votre attention et vous forcer à défendre ce qu’il reste de votre vie privée et de celle de votre famille. Car anonymat ne rime pas forcément avec blanchiment et financement du terrorisme.

De cette même réponse, on se désole de voir qu’aucun trait n’est tiré entre l’intervention des banques centrales et la cause de l’inflation que Nicolas Théry décrit pourtant comme un « cancer, un impôt brutal et non démocratique ». Votre serviteur admet avoir du mal à faire le lien entre le rôle des cryptomonnaies et la hausse record de l’inflation que nous avons tous connue au cours des derniers mois. Celle-ci ne serait-elle pas plutôt liée à l’impression monétaire sans précédent décidée par la Banque Centrale Européenne ? Il est probable que le patron d’une banque ne puisse pas nous répondre, tant il est connu dans le secteur qu’on ne mord pas la main qui nous nourrit.

Pour finir, vous avez peut-être été surpris que le soutien à bitcoin ou à votre altcoin favori vous apparente directement, aux yeux des grands banquiers, à des milices paramilitaires connues pour leurs exactions éminemment condamnables. Peut-être faut-il y lire la reconnaissance que Bitcoin est un moyen d’entrer en guerre contre les institutions et les politiques monétaires décidées par ceux qui nous gouvernent.

Avant toute chose, on passe le balai devant sa porte

Enfin, il est plutôt cocasse de voir encore une fois le secteur des cryptos sali par des accusations de blanchiment. En effet, la semaine passée, cinq grandes banques faisaient l’objet de perquisitions au motif qu’elles auraient toutes facilité une immense fraude fiscale afin d’éviter à leurs clients de payer des impôts sur les dividendes. Bien que le Crédit Mutuel ne soit pas impliqué dans cette triste histoire, les casseroles du secteur bancaire devraient inviter Monsieur Théry à plus de mesure dans ses propos sur un secteur dont, à l’évidence, il ne connait pas grande chose.

Concluons enfin en rappelant que Gérard Théry, le célèbre inventeur du minitel, a terminé sa carrière par un rapport dans lequel il concluait qu’Internet n’était pas un bon outil de communication et qu’il était pessimiste quant à son expansion. Notre cher Nicolas serait-il plus proche de la ligne d’arrivée qu’il ne l’imagine ?

Recktosaurus

Transfuge du monde bancaire, littéralement diplômé en droit des affaires, j'ai appris que Bitcoin était l'école de la liberté. Attentif à la défense de nos droits individuels et passionné par les nouvelles technologies, j'aime créer du contenu sous toutes les formes possibles.