MakerDAO attaqué en justice – La centrale décentralisation
MakeDAO, en phase de tomber ? – L’entreprise derrière MakerDAO est poursuivie par Peter Johnson, suite au « jeudi noir » de mi-mars. Elle a réussi à faire valoir une clause de 2018, lui permettant de résoudre son problème via l’Association Américaine d’Arbitrage.
Peter Johnson contre MakerDAO
En mars dernier, le cours de l’ETH a subi une violente chute qui a enrayé le protocole MakerDAO. La principale conséquence : la liquidation de nombreux prêts.
Lésé de plus de 200 000 dollars, Peter Johnson a décidé de saisir la justice en avril. Dans les faits, ce dernier accuse MakerDAO d’avoir « intentionnellement déformé les risques liés à la détention d’un CDP (collateralized debt position) ».
Peter Johnson affirme avoir perdu l’équivalent de 200 000 dollars en ETH, lorsque ses 1 713 ETH collatéralisés sur MakerDAO ont été liquidés à 121 dollars chacun. Selon lui, le système de MakerDAO devait prémunir face aux importantes chutes et assurer une perte maximum de 13 %. Une valeur qui n’est donnée qu’à titre indicatif dans le whitepaper et présentée comme dépendant d’autres paramètres externes.
En parallèle à cette action judiciaire, un vote de gouvernance a été lancé sur MakerDAO pour déterminer si les utilisateurs lésés seraient remboursés. Malheureusement, 65 % des votants ont voté contre la compensation.
Une sortie salvatrice du cadre judiciaire
Le 25 septembre dernier, nouveau rebondissement dans l’affaire Johnson contre MakerDAO. En effet, suite à la plainte déposée par Johnson, MakerDAO a contre-attaqué en se référant aux conditions de services du DAI, acceptée par Johnson en 2018.
En pratique, les conditions de services stipulent que dans le cas où un litige ne serait pas résolu « par des négociations de bonne foi », celui-ci serait réglé via un « arbitrage définitif » mené par l’American Arbitration Association.
Cette motion a été acceptée par le juge Maxine Chesney, qui a décidé d’annuler l’audience prévue le 2 octobre.
« Dans ces circonstances, la Cour détermine que le plaignant a accepté de déléguer à l’arbitre la question de l’arbitrabilité. » – Document traitant de l’affaire
De ce fait, la procédure judiciaire a pour le moment été mise en pause, jusqu’à ce que la procédure d’arbitrage ait été réglée.
Décentralisation ?
La décentralisation de MakerDAO et de son jeton DAI est de plus en plus mise à mal. Bien que le protocole dispose d’un jeton de gouvernance (le MKR), celui-ci est encore loin d’être pleinement décentralisé.
À vrai dire, la possibilité pour un individu de porter plainte contre l’entreprise à l’origine du protocole relève déjà de la faille de décentralisation.
De son côté, le stablecoin émis par le protocole, le DAI, perd lui aussi en décentralisation. En pratique, il y a désormais plus de DAI créés en collatéralisant de l’USDC que de l’ETH. Malheureusement, l’USDC est un stablecoin centralisé émis par Coinbase, ce qui centralise une fois de plus le protocole MakerDAO dans son ensemble.
There are now more $DAI created from $USDC that $ETH.
That's it: sadly, that's the tweet.
Out of the 891M circulating DAI:
541M (~60%) are minted from vaults using tokens requiring trust, such as $wBTC, $PAX $USDC $TUSDhttps://t.co/VvGiBdXOIk pic.twitter.com/MxPaWCEzlM
— tokenbrice.eth (🐜,🐔) (@TokenBrice) September 25, 2020
Cette procédure judiciaire promet d’être un cas d’école. Un organisme centralisé à la tête d’un protocole décentralisé, mené en justice. Ce n’est pas tous les jours que nous serons témoins de ce genre d’affaire. Cependant, cela lève de nombreuses questions sur la réelle décentralisation du protocole MakerDAO.