Retour sur l’affaire Samouraï wallet, le portefeuille dans le viseur de la justice US

À la fin du mois d’avril, la justice américaine a asséné un nouveau coup dévastateur à la vie privée. En effet, deux responsables du wallet Samouraï ont été arrêtés et présentés devant la justice américaine. Celle-ci leur reproche d’avoir développé, commercialisé et exploité un service de mixage ayant facilité 2 milliards de dollars de transactions illégales. Une situation alarmante pour l’écosystème crypto et ses développeurs. Revenons ensemble sur le déroulement de cette affaire qui pourrait avoir des répercussions majeures.

Samouraï wallet : un portefeuille qui protège la vie privée

Avant d’entrer dans le détail de l’affaire, revenons sur le logiciel à l’origine de tout cela. Il s’agit de Samouraï wallet, une application de portefeuille Bitcoin.

Ce wallet se différencie de la concurrence en mettant l’accès sur la protection de la vie privée. Ainsi, il propose : 

  • D’anonymiser son IP via un VPN ou le réseau TOR ; 
  • La création automatique de nouvelles adresses pour chaque paiement reçu, afin d’endiguer le problème de la réutilisation des adresses ;
  • Ricochet Send une solution qui permet de faire passer une transaction par plusieurs adresses pour complexifier la traçabilité ;
  • Payment code, qui permet d’envoyer des BTC sans connaître l’adresse de destination.

En juin 2019, le wallet a passé une nouvelle étape en dévoilant Whirlpool, une fonctionnalité qui fonctionne sur le même principe que Coinjoin. Cela permet aux utilisateurs de réaliser des transactions jointes, ce qui permet de brouiller le lien entre émetteur et destinataire de la transaction.

Et c’est précisément cette fonctionnalité qui est dans le viseur de la justice.

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Arrestation des développeurs de Samouraï

Revenons à avril 2024 et à l’arrestation de Keonne Rodriguez et William Lonergan Hill, respectivement PDG et second directeur technologique de Samouraï.

Au moment des faits, le procureur des États-Unis, Damian Williams reprochait aux deux responsables d’avoir facilité le blanchiment de centaines de millions de dollars.

« Rodriguez et Hill auraient sciemment facilité le blanchiment de plus de 100 millions de dollars de produits du crime provenant de la Route de la Soie, du marché Hydra et de toute une série d’autres campagnes de piratage informatique et de fraude. Avec nos partenaires chargés de l’application des lois, nous continuerons sans relâche à poursuivre et à démanteler les organisations criminelles qui utilisent la cryptomonnaie pour dissimuler des comportements illicites. »

En pratique, le procureur les porte responsables des usages qui ont été faits du service Whirlpool.

En parallèle, plusieurs serveurs et noms de domaines appartenant à Samouraï sont saisis et le service Whirlpool est mis à l’arrêt.

homme derriere barreaux prison

Les faits reprochés

Dans son annonce parue le 24 avril dernier, le procureur des États-Unis dévoile avoir inculpé les responsables de Samouraï selon deux chefs d’accusation, à savoir complicité de blanchiment d’argent et complicité d’exploitation d’une entreprise de transmission de fonds non agréée.

Premièrement, il est important de noter que les deux charges sont des chefs d’accusation de conspiration. Cela permet au gouvernement d’inculper en vue d’une conspiration de réaliser l’action, plutôt que pour l’action elle-même.

Mais alors, Samouraï wallet a-t-il réellement enfreint la loi ? Eh bien pas vraiment.

Samouraï : un service qualifié de money transmitter

Ainsi, le texte qui fait foi dans ce type d’affaires n’est autre que le FinCEN Guidance, émis en 2019 notamment pour apporter un cadre réglementaire aux cryptomonnaies et aux fournisseurs de services crypto.

D’après ce texte, Samouraï wallet ne peut être accusé d’avoir transmis des fonds sans licence. En effet, la nature même du wallet qui se veut non custodial va à l’encontre de la définition d’un money transmitter.

« En revanche, les propriétaires de portefeuilles non hébergés – des logiciels qui leur permettent de stocker et d’effectuer des transactions en CVC [monnaies virtuelles convertibles] – ne sont pas des transmetteurs de fonds. »

Effectivement, pour être qualifié de money transmitter il aurait fallu que Samouraï wallet reçoive ou stocke les BTC de ses utilisateurs, ce qui n’est pas le cas.

Pourtant, le procureur tient à qualifier Samouraï de money transmitter. En effet, sans cette accusation, le service n’est pas soumis aux réglementations existantes pour les services dits money transmitter. Son objectif est probablement de créer un précédent qui permettra de soumettre l’ensemble des services open sources et décentralisé.

Samouraï a-t-il facilité le blanchiment de fonds ?

Passons aux accusations de conspiration en vue de blanchir des fonds. Plusieurs points peuvent ici être soulevés.

D’une part, le terme conspiration est une fois de plus utilisé pour inculper bien qu’il n’y ait jamais eu de blanchiment de leur part. Malheureusement, aux yeux de la loi, ce terme de conspiration ne colle pas du tout aux preuves publiques de Samouraï.

« Il y a association de malfaiteurs lorsque deux personnes ou plus s’entendent pour commettre une infraction pénale et prennent des mesures concrètes pour la mener à bien. Il n’est pas nécessaire que le comportement soit en lui-même un délit. Mais il doit indiquer que les personnes impliquées dans la conspiration étaient au courant du plan et avaient l’intention d’enfreindre la loi. »

De son côté, Samouraï wallet a toujours précisé publiquement sa position d’atteindre le même degré de protection de la vie privée que les services bancaires traditionnels.

Par conséquent, leurs services ont été développés avec cet objectif en tête, tout en s’assurant que les utilisateurs restent maîtres de leurs fonds et que Samouraï wallet ne soit jamais un intermédiaire.

De ce point de vue, Samouraï n’a pas conspiré à être un service de transfert de fonds, car il n’a jamais été intermédiaire. Et il n’a jamais conspiré au blanchiment d’argent, car son objectif a toujours uniquement été d’améliorer la vie privée des utilisateurs.

D’autant plus, le procureur l’a affirmé lui-même : Samouraï Wallet n’effectue aucun contrôle sur les personnes qui apportent leurs bitcoins à Whirlpool.

Par conséquent, Samouraï n’a aucune information sur la nature des fonds, et ne peut par conséquent pas déduire l’objectif d’utilisation du logiciel open source qu’ils ont développé. De ce fait, comment peuvent-ils être inculpés pour des transactions réalisées par d’autres individus ?

Conséquences de cette affaire

Malheureusement, cette affaire pourrait avoir des conséquences désastreuses pour l’industrie. En effet, elle pourrait créer un précédent qui serait réutilisé dans le cadre d’autres affaires juridiques.

Et ça, plusieurs autres projets l’ont bien compris. Ainsi, peu de temps après l’arrestation de leurs confrères de Samouraï wallet, Wasabi et Phoenix wallet ont annoncé mettre en pause leurs services d’anonymisation aux États-Unis.

Après avoir plaidé non coupable le 29 avril dernier, Keonne Rodriguez a vu sa demande de libération sous caution fixée à 1 million de dollars acceptée.

Cette affaire n’est pas sans rappeler ce qui se joue du côté de Tornado Cash. En effet, un des développeurs a été jugé coupable aux Pays-Bas et l’autre est actuellement jugé aux États-Unis. Dans ce cas, les développeurs sont également accusés concernant les usages qui ont été faits de leur logiciel open source.

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Renaud H.

Ingénieur en software et en systèmes distribués de formation, passionné de cryptos depuis 2013. Touche à tout, entre mining et développement, je cherche toujours à en apprendre plus sur l’univers des cryptomonnaies et à partager le fruit de mes recherches à travers mes articles.