Qui Trump pardonnera-t-il en premier ? Polymarket remet le couvert sur les paris lunaires
L’heure du grand pardon. Depuis son retour à la Maison-Blanche en tant que 47ᵉ président, Donald Trump ne cesse de déchaîner les passions… et les portefeuilles crypto. Alors que sa réélection a déjà engendré des paris spectaculaires, les amateurs de spéculation n’ont pas dit leur dernier mot. En tête de liste des extravagances ? Un marché Polymarket pariant sur qui Trump pourrait gracier en priorité pendant ses 100 premiers jours ! Bienvenue dans le royaume des paris improbables, où les favoris vont de Ross Ulbricht, créateur de Silk Road, à un manifestant du 6 janvier, en passant par des outsiders comme Young Thug et même… Trump lui-même.
- Donald Trump, depuis son retour à la Maison-Blanche, a suscité l’intérêt des parieurs avec des spéculations sur ses potentielles grâces présidentielles.
- Un marché Polymarket s’est concentré sur les chances de grâce pour des figures controversées comme Ross Ulbricht et un manifestant du 6 janvier.
Les grands favoris des paris sur Polymarket
Free Ross
Ross Ulbricht, avec un solide 80 % de probabilité, est clairement le favori de ce marché un peu surréaliste. Le créateur du légendaire Silk Road, le fameux marché noir en ligne spécialisé dans le commerce de biens illicites, reste une icône pour de nombreux libertaires et fervents défenseurs du crypto-anonymat.
Pour ses fans, Trump pourrait, en bon « héros des oubliés », tendre la main à Ulbricht, qu’ils perçoivent comme un visionnaire injustement puni. À leurs yeux, libérer Ross reviendrait à honorer ce qu’ils considèrent comme une mission : favoriser un marché « libre » au-delà des autorités centralisées. C’est d’ailleurs une des promesses de campagne faites par Trump pour amadouer son crypto-électorat.
Un manifestant du 6 janvier en tête sur Polymarket
Un autre candidat sérieux ? Un manifestant du 6 janvier, avec 86 % de chances de grâce selon les parieurs. Pour rappel, le 6 janvier 2021, une foule de partisans de Donald Trump a pris d’assaut le Capitole des États-Unis, le siège du Congrès à Washington, D.C. Cet événement s’est produit alors que le Congrès se réunissait pour certifier la victoire de Joe Biden à l’élection présidentielle de 2020. Cette journée, qui restera l’une des plus marquantes de l’histoire récente des États-Unis, a été marquée par des scènes de chaos, des violences, et des destructions, alors que les manifestants, certains armés et équipés de matériel tactique, ont pénétré dans le bâtiment.
L’attaque a interrompu temporairement la session du Congrès, forçant les membres du Congrès et le vice-président de l’époque, Mike Pence, à évacuer pour leur sécurité. Des violences ont éclaté entre les émeutiers et les forces de l’ordre, causant la mort de plusieurs personnes et des dizaines de blessés. En réponse, des centaines de personnes impliquées ont depuis été arrêtées et jugées pour divers chefs d’accusation.
Dans l’imaginaire collectif de certains soutiens de Trump, ces manifestants sont avant tout des « patriotes incompris » qui méritent un coup de pouce présidentiel. Trump, longtemps perçu comme leur « protecteur » face aux « élites », pourrait alors décider de les réhabiliter symboliquement par une grâce. Dans cette optique, rien de surprenant à ce qu’ils occupent les premiers rangs de cette drôle de loterie.
Les outsiders improbables
Et puis il y a les « outsiders » de ce marché improbable : Edward Snowden et Julian Assange. Respectivement crédités de 16 % et 19 % de chances de grâce selon les parieurs, ces deux figures emblématiques de la contre-culture ont bâti leur légende en dévoilant des secrets d’État et en dénonçant des abus de pouvoir d’une ampleur rarement vue.
Edward Snowden
Edward Snowden, ancien employé de la CIA et sous-traitant pour la NSA, a révélé en 2013 l’ampleur de la surveillance mondiale exercée par les services de renseignement américains. En publiant des documents confidentiels, il a révélé que les États-Unis surveillaient les communications de millions de citoyens, ainsi que celles de leaders mondiaux.
Contraint de fuir son pays, Snowden vit aujourd’hui en exil en Russie. Sa grâce serait un acte symbolique puissant, mais Trump, qui prône la sécurité nationale, hésiterait sans doute à réhabiliter une figure qui a mis à nu le système de renseignement américain.
Julian Assange
Julian Assange, fondateur de WikiLeaks libéré il y a peu, a pour sa part publié des milliers de documents classifiés révélant, entre autres, des opérations militaires américaines en Irak et en Afghanistan et des informations sensibles sur la diplomatie américaine. Sa contribution à la transparence radicale lui a valu un statut presque mythique parmi les activistes pour la liberté de l’information.
Malgré leurs parcours impressionnants et leur popularité auprès de certains militants des droits civiques, la probabilité d’une grâce pour Snowden et Assange reste faible. Leurs actions, ayant des répercussions au-delà des frontières américaines, sont un terrain délicat pour tout président. Accorder la grâce à des lanceurs d’alerte de cette envergure pourrait en effet être perçu comme une prise de position politique lourde de sens, au risque d’envoyer un message de tolérance envers ceux qui défient les secrets d’État, ce qui s’accommode mal avec les priorités de sécurité nationale américaines.
Young Thug
Quant à Young Thug, la situation est moins politique, mais non moins chargée. Le rappeur, figure emblématique de la scène trap d’Atlanta, fait face à des accusations graves : conspiration criminelle, racket et infractions liées aux armes. Inculpé dans le cadre de la loi RICO (Racketeer Influenced and Corrupt Organizations Act), Young Thug est soupçonné d’avoir utilisé son collectif, YSL (Young Stoner Life), pour des activités illicites, allant bien au-delà de simples performances artistiques.
Pour la communauté de parieurs, l’idée que Trump pourrait gracier Young Thug prend des allures de scénario rocambolesque. Ce serait un geste symbolique envers un rappeur controversé, à qui certains attribuent un rôle dans la promotion d’une culture à la frontière entre légal et illégal. La question d’une grâce pour Young Thug touche ici à la place de la culture urbaine face au système judiciaire.
Donald Trump, SBF et Hunter Biden : les impardonnables de Polymarket
Hunter Biden et SBF : les super vilains
Hunter Biden, crédité de 12 % de chances de grâce présidentielle dans ce pari sur Polymarket, est le fils de l’actuel président Joe Biden, traîne une réputation sulfureuse et des dossiers bien fournis. Au cœur de nombreux scandales, il est actuellement sous enquête pour des affaires de fraude fiscale, des transactions suspectes à l’étranger et des accusations de falsification de documents pour acheter des armes. Ses relations d’affaires controversées, notamment en Ukraine et en Chine, sont devenues des munitions de choix pour les critiques de Joe Biden et des figures conservatrices.
L’idée que Trump – ennemi juré des Biden – puisse un jour le gracier ajoute une touche de sarcasme : imaginer le républicain, accorder une seconde chance au fils « problématique » du président démocrate serait un véritable coup de théâtre. C’est sans doute cette situation explosive, à l’intersection de la politique et du scandale, qui alimente la curiosité des parieurs.
Sam Bankman-Fried, toujours aussi impopulaire et détesté, arrive en bas du classement avec 5%.
Et Trump lui-même dans tout ça ?
Enfin, Donald Trump lui-même figure dans cette liste, car, soyons réalistes : il reste sujet à diverses enquêtes et accusations, de tentative d’influence sur des élections à falsification de documents et même des violations de confidentialité. Sa présence dans cette liste de candidats à une grâce est un clin d’œil à l’idée de se gracier soi-même, un concept qui ferait sauter bien des verrous juridiques si jamais il tentait une telle manœuvre.
Derrière ce marché aux allures de jeu de société se cachent des questions bien plus profondes sur la nature même des grâces présidentielles et la perception de la justice américaine. Si le système des grâces présidentielles avait initialement pour but de réhabiliter ceux qui avaient payé leur dette à la société, il a souvent pris des allures d’outil politique, permettant parfois des faveurs controversées et des décisions aussi polarisantes qu’imprévisibles. En créant un espace où l’on peut parier sur les décisions de Trump en matière de grâce, Polymarket transforme cette réalité en un miroir un peu satirique de notre époque, où chaque geste politique est scruté, interprété et parfois même monétisé.
Cependant, il est important de noter que Polymarket pourrait bientôt être interdit en France. Les jeux d’argent en ligne sont très réglementés dans le pays, et seuls les paris sportifs et hippiques sont autorisés. Polymarket, qui propose des paris sur des événements politiques et autres, ne répond pas à ces critères et pourrait donc être concerné par une interdiction imminente.