NFT sur Bitcoin : Qu’est-ce que sont les Ordinals ?
Si vous suivez l’écosystème des cryptomonnaies de près, impossible d’être passé à côté du nouveau phénomène sur Bitcoin : les Ordinals. Ce nouveau protocole permet l’inscription de données sur la blockchain Bitcoin et a notamment permis le développement des NFT sur la blockchain reine des cryptomonnaies.
Qu’est-ce que le protocole Ordinals ?
Ordinals est un protocole lancé en janvier 2023 par le développeur et artiste Casey Rodarmor. Ce protocole permet d’inscrire des données telles que de l’art, du texte ou de la vidéo sur la blockchain Bitcoin.
Le premier NFT Ordinals à avoir vu le jour fut un crâne en pixel art inscrit sur la blockchain Bitcoin par Rodarmor en décembre 2022.
En pratique, l’engouement autour des NFT Ordinals a pris un mois après leur lancement, en février 2023. Depuis, l’enthousiasme autour des NFT sur Bitcoin ne cesse de grandir. Ainsi, plus de 350 000 NFT ont été émis au moment de la rédaction de ces lignes.
Cette tendance a notamment été renforcée par l’arrivée de géants du monde des NFT. Ainsi, Yuga Labs, le studio à l’origine des emblématiques Bored Ape Yacht Club, a rapidement sauté sur l’occasion.
Le studio a ainsi révélé une collection de 300 NFT, intitulée Twelvefold. La vente aux enchères de cette collection a permis à Yuga Labs de générer 16,5 millions de dollars, avec certains des NFT achetés à plus de 7 BTC.
Comment fonctionne Ordinals ?
Sous le capot, le protocole Ordinals peut être perçu comme une nouvelle itération d’un concept vieux comme Bitcoin : les Colored Coins. En bref, l’objectif derrière ce procédé est d’altérer la fongibilité des satoshis (sats).
Ainsi, l’objectif est de marquer un satoshi afin qu’il soit traçable et différentiable des autres, comme expliqué dans la documentation d’Ordinals :
« Ordinals est un système de numérotation des satoshis qui permet de suivre et de transférer des satoshis individuels. »
Ordinal theory
En pratique, les Ordinals reposent sur une théorie appelée « Ordinal therory ».
Cette théorie vise à numéroter chaque satoshi qui compose un BTC, en commençant par l’indice 0 et en allant dans l’ordre dans lequel les coins sont minés. Cette numérotation est appelée « nombre ordinal » ou « ordinals », qui réfère au sens mathématique du terme qui permet de préciser le rang d’un objet appartenant à un ensemble.
Le plus intéressant, c’est que le protocole Ordinals n’a besoin d’aucun jeton supplémentaire, d’aucune blockchain et d’aucune modification du protocole Bitcoin pour fonctionner.
Les inscriptions : le coeur d’Ordinals
Numéroter des satoshis c’est bien beau, mais comment on crée des NFT alors ? Toute la logique de création et de stockage des NFT sur Bitcoin repose sur le concept d’inscription.
« Les satoshis peuvent être inscrits avec un contenu arbitraire, créant ainsi des artefacts numériques propres à Bitcoin. »
En pratique, pour réaliser une inscription il faut envoyer le satoshi à inscrire dans une transaction qui révèle le contenu de l’inscription on-chain. Par conséquent, le contenu de la transaction est désormais lié au satoshi en question, le transformant en un NFT.
Par la suite, les satoshis qui présentent une inscription peuvent être transférés via une transaction Bitcoin classique. Toutefois, pour envoyer des satoshis individuels, ces transactions doivent impérativement contrôler l’ordre et les valeurs des entrées et sorties afin qu’elles soient conformes à l’ordinal theory.
Dans les faits, les inscriptions sont stockées on-chain dans des scripts de dépenses Taproot. En effet, les Ordinals ont été permis par le déploiement de la mise à jour Taproot sur le réseau Bitcoin en novembre 2021. Couplée à SegWit, celle-ci permet d’augmenter la taille des données qui peuvent être stockées dans une transaction Bitcoin à 4Mo.
Du fait du design de Taproot, les extensions de scripts Taproot ne peuvent être effectuées qu’à partir de sorties taproot existantes. Par conséquent, les inscriptions sont réalisées en deux étapes appelées transmission et révélation (commit/reveal).
« Tout d’abord, lors de l’opération de transmission, une sortie de la racine transmettant un script contenant le contenu de l’inscription est créée. Ensuite, dans la transaction de révélation, la sortie créée par la transaction de transmission est dépensée, révélant le contenu de l’inscription sur la chaîne. »
Créer et échanger des NFT sur Bitcoin
Créer un NFT sur Bitcoin
Maintenant que nous avons abordé la théorie, nous allons pouvoir passer à la pratique. Dans les premiers temps, les inscriptions Ordinals ne pouvaient être créées que par les détenteurs d’un nœud complet Bitcoin Core.
Heureusement, plusieurs interfaces plus user-friendly ont depuis vu le jour. Ainsi, des applications telles que Gamma ou Ordinals Bot.
En pratique, ces interfaces utilisateur permettent de déposer un contenu image ou vidéo et d’en faire une inscription sur Bitcoin.
Cependant, ces services ont un mode de fonctionnement un peu particulier en quatre étapes :
- Télécharger une image sur le site ;
- Payer la facture Lightning qui vous est proposée (elle comprend des frais d’inscription de 0,00025 BTC + %10 par fichier) ;
- L’inscription sera ensuite mintée par le service ;
- L’inscription sera automatiquement envoyée à l’adresse BTC renseignée sur le site.
À noter que le service peut stocker votre inscription pour vous si vous n’avez pas renseigné d’adresse BTC. Toutefois, il faudra penser à en créer une et à récupérer votre inscription afin d’en être pleinement le détenteur. Eh oui, not your keys, not your Ordinals.
Échanger et vendre ses NFT
Maintenant que vous avez créé votre propre NFT, vous allez sans doute vouloir le vendre. Dans les premiers temps des Ordinals, les ventes étaient majoritairement réalisées OTC (Over The Counter) notamment via Discord.
J’imagine que nous n’avons pas besoin de détailler en quoi les transferts OTC via Discord avec un inconnu rencontré dans un chat sont une extrêmement mauvaise idée.
Heureusement, des développeurs ont rapidement tenté de résoudre ce problème de taille. Ainsi, nous avons vu émerger plusieurs plateformes permettant l’achat et la revente de NFT Ordinals.
Par exemple, le site Ordinalswallet fait office de plateforme d’échange pour les NFT Ordinals. Vous pourrez y retrouver les différentes collections existantes et acheter ou vendre vos NFT sur Bitcoin.
Nous pouvons également citer les wallets Xverse et Hiro qui ont tous deux ajouté nativement le support des Ordinals.
L’avenir du protocole Ordinals
En seulement quelques mois d’existence, le protocole Ordinals a d’ores et déjà changé la donne sur Bitcoin. En effet, celui-ci a permis de recentrer l’attention autour de Bitcoin. Attention qui avait été déviée par les diverses tendances dans les cryptomonnaies, des ICO à la DeFi.
Néanmoins, les Ordinals pourraient bien apporter bien plus que des NFT à Bitcoin. Que ce soit directement, par l’utilisation du protocole ou indirectement en ayant simplement montré la voie pour de nouvelles applications.
Le cas de Rollkit
Ainsi, des développeurs de Celestia Labs ont récemment dévoilé le projet Rollkit. En pratique, Rollkit est un framework pour créer des rollups modulaires. En d’autres termes, Rollkit est une suite d’outils qui facilitent le développement ainsi que le déploiement de rollups. Ces derniers sont entièrement personnalisables.
Finalement, deux semaines après la première annonce, Rollkit a annoncé le support de rollups souverains sur Bitcoin.
Ainsi, ledit rollup va utiliser Bitcoin comme une couche de disponibilité des données :
« Aujourd’hui, nous sommes fiers d’annoncer que Rollkit est le premier framework de rollup à supporter les rollups souverains sur Bitcoin. Une première implémentation de recherche permet aux rollups Rollkit d’utiliser Bitcoin pour la disponibilité des données. »
Une fois de plus, cette solution est possible par la mise à jour Taproot. En effet, tout comme les Ordinals, Rollkit tire parti de l’augmentation de la taille des données stockables dans un bloc pour fonctionner.
Les rollup souverains ne sont pas des vrais rollups
À noter tout de même que ces « rollups souverains » ont fait grincer plus d’une mâchoire. En effet, contrairement aux rollups classiquement utilisés sur Ethereum (Optimistic ou zk), les rollups souverains n’héritent pas de la sécurité de la chaîne sous-jacente. Ainsi, l’état de la chaîne est géré et déterminé en interne par les nœuds du rollup. Une particularité qui amène de nombreux observateurs à déclarer que ce type de rollup ne sont pas de vrais layers 2, mais plutôt une sorte de side-chain.
Quoi qu’il en soit, cette évolution reste tout de même extrêmement intéressante et nous permet d’envisager de nombreuses applications.
Ainsi, les Ordinals semblent avoir ouvert la voie à une nouvelle vague d’innovations sur Bitcoin. Il y a fort à parier que dans les années à venir, les quelques Mo de stockage libérés par SegWit puis Taproot permettent l’émergence d’un écosystème complet d’applications au-dessus du réseau Bitcoin. Une telle transition engendrera-t-elle un abandon des autres layers 1 ? Seul l’avenir nous le dira.
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