L’Inde : eldorado du Bitcoin ?
Le 8 novembre 2016, dans le but de lutter contre l’économie parallèle et le trafic de faux billets , le gouvernement Indien avait annoncé que les billets de 500 et 1000 roupies allaient devenir illégaux.
Cet acte a entraîné de graves conséquences pour l’économie indienne ainsi que pour de nombreuses familles n’ayant pas accès aux services bancaires. En effet, les billets de 500 et 1000 représentaient presque 86 % de l’argent en circulation.
Suite à cette annonce soudaine, l’Inde a pu observer une ruée vers les distributeurs automatiques de billets avec des files d’attente de plusieurs heures dues à cette loi ne permettant aux Indiens de ne retirer que 2000 roupies (27 €) par jour. Ceci a donc entraîné une pénurie de billets ainsi que des troubles dans l’économie qui est fortement basée sur le système monétaire papier.
Queues outside #ATM machine with hope of getting denomination lower than #Rs1000 #Rs500 #Gurgaon @HTGurgaon @htTweets pic.twitter.com/kz5dZ82RXA
— 𝗥ashpal 𝗦 Bhardwaj (@rashysingh) November 8, 2016
Notons bien sûr, que les banques ont elles aussi été prises d’assaut par des foules d’Indiens voulant changer leurs billets de 500 et 1000 contre des valeurs inférieures.
Les 1.3 milliards d’Indiens touchés de plein fouet, ayant perdu confiance dans ce système, ont voulu trouver une alternative qui les protégerait des risques systémiques et de l’ingérence gouvernementale : ainsi, ils se sont tournés en masse vers les crypto-monnaies privilégiant Bitcoin.
Dans notre monde moderne, seulement 41 % des habitants des pays en développement possèdent un compte bancaire, comparativement aux 89 % dans les pays développés. De plus, la plupart des habitants des pays en développement n’ont jamais eu d’expériences avec les systèmes monétaires modernes (cartes bleues, transferts bancaires, etc.), ne connaissant que les échanges à base de devises papier.
Ainsi, tout changement dans leurs méthodes de paiements devrait se faire de façon graduelle.
Maintenant, ces personnes ont une chance de se passer des infrastructures bancaires classiques avec les limites et les coûts que nous leur connaissons et d’évoluer directement vers ce nouveau système de confiance, transparent, décentralisé et sécurisé qu’est la blockchain.
L’Inde, de par sa politique de réformes agressives, entend se placer comme la première société digitale, le Bitcoin y prenant donc une place majeure.
Une des raisons majeures expliquant pourquoi l’Inde est parfaite pour une « révolution Bitconienne » est le manque flagrant d’infrastructures bancaires pour une grosse partie de sa population. L’Inde est la 7ème économie mondiale avec son PIB de 2,3 billions de dollars, bien que 233 millions d’Indiens, plus de 17% de la population totale, ne possèdent pas de compte bancaire (ce qui en fait un des plus hauts pourcentages mondiaux).
Si la population indienne continue de se développer ainsi, d’ici 2020, c’est plus de 20% d’Indiens qui n’y auront toujours pas accès.
Pour mettre cela en perspective, la population du Royaume-Uni est de 65 millions de personnes, ce qui signifie qu’il y a plus de 3.5 fois plus de personnes qui ne possèdent pas de compte bancaire en Inde qu’il n’y a de personnes vivant au Royaume-Uni.
Le Bitcoin a le pouvoir de réduire cette inégalité. En effet, pour posséder un compte bancaire, une personne doit avoir des papiers d’identité, une adresse fixe ainsi que d’autres documents (factures à son nom, abonnements, etc.) ce qui est actuellement impossible pour une majorité d’Indiens. Ces personnes sont donc condamnées à n’utiliser que le système papier. Le Bitcoin ne discrimine personne en ce sens, bien au contraire.
L’autre paramètre important pouvant expliquer cet attrait pour le Bitcoin, déjà cité plus haut, est le manque de confiance des Indiens envers les institutions bancaires, sujettes à des malversations diverses, à la corruption ainsi qu’à l’ingérence du gouvernement avec sa politique agressive de dé-monétarisation (86 % des devises papiers rendues inutiles par exemple). Et comme mentionné plus haut, les Indiens n’ayant pas accès à des comptes bancaires ont dû changer les billets de 500 et de 1000 et il est fort à parier que certains vautours en ont profité en proposant des taux de change incroyablement hauts, résultante de la pénurie de billets de valeurs inférieures.
Ces facteurs amènent donc les Indiens à se tourner naturellement vers la relative sécurité du Bitcoin.
De plus, le 2 juillet 2015, Narenda Modi, président indien, avait annoncé le plan gouvernemental de réforme digitale, appelé « Digital India ». Cette réforme du système a pour but de permettre un accès en ligne aux services gouvernementaux, une amélioration des infrastructures digitales indiennes ainsi que l’augmentation de l’accès à internet dans le pays.
Citons pour finir, Arun Jaitley, ministre des finances indiennes, qui suite à l’ascension fulgurante du Bitcoin en Inde ces derniers mois a participé à une réunion avec des figures clés du gouvernement indien et annoncé qu’un rapport complet concernant la position du gouvernement sur le Bitcoin serait dévoilé au cours du mois de juillet.
Suivant l’exemple du Japon, il se pourrait que la légalisation et la régulation du Bitcoin en Inde soient très proches.
Sources :