Le dollar condamné face à Bitcoin ? Morgan Stanley se pose très sérieusement la question
Bitcoin, un challenger inquiétant ? – La cryptosphère connaît déjà le potentiel disruptif de Bitcoin et des crypto-actifs vis-à-vis des systèmes monétaires et économiques. Toutefois, il reste assez surprenant de voir que, désormais, même une grande banque américaine, telle que Morgan Stanley, se met à douter de la toute-puissance du dollar face au roi des cryptomonnaies.
Bitcoin, seul prétendant sérieux au trône du roi dollar ?
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et les accords de Bretton Woods, le dollar américain s’est imposé comme la monnaie de réserve du monde.
Ruchir Sharma, en tant que responsable de la Stratégie mondiale de Morgan Stanley Investment Management, partage une réflexion intéressante à ce propos dans le Financial Times. Le banquier y évalue les concurrents qui pourraient remplacer le dollar en tant que monnaie de réserve mondiale.
Passés l’euro de l’Union européenne et le renminbi de la Chine – qui ne lui paraissent pas des compétiteurs assez fiables -, Ruchir Sharma en arrive à envisager le cas de Bitcoin (BTC) :
« De peur que les banques centrales, sous l’égide de la Réserve fédérale américaine, ne dévalorisent leurs monnaies [via la planche à billets], de nombreuses personnes ont acheté des bitcoins en grande quantité. Son prix a plus que quadruplé depuis le mois de mars, ce qui en fait l’un des investissements les plus prisés de 2020. »
Avec la crise du coronavirus, la dette déjà énorme des États-Unis est devenue plus qu’inquiétante. Cela fait dire à l’expert de Morgan Stanley que :
« (…) le règne du dollar devrait prendre fin lorsque le reste du monde commencera à perdre confiance dans la capacité des États-Unis à continuer à payer ses factures. C’est ainsi que les monnaies dominantes ont périclité dans le passé. »
Si Bitcoin passe du statut d’investissement à celui de moyen d’échange…
…ce serait Game Over pour le dollar. C’est en résumé ce que pense Ruchir Sharma puisque, selon lui, même si les bitcoins s’apparentent davantage à un investissement pour l’heure, le banquier constate un changement en cours :
« Les petites entreprises commencent à utiliser les bitcoins dans le commerce international, en particulier dans les pays où le dollar est difficile à obtenir (comme au Nigeria) ou lorsque la monnaie locale est instable (Argentine). Et ces dernières semaines, PayPal et sa filiale Venmo ont commencé à stocker des bitcoins en vue de les accepter comme moyen de paiement l’année prochaine. »
Même parmi ceux qui sont les plus sceptiques vis-à-vis des nouvelles technologiques que sont les monnaies numériques, l’or est préféré au dollar, car le métal précieux est reconnu comme une « protection contre le déclin des monnaies étatiques depuis des centaines d’années ».
Ruchir Sharma conclut son exposé en disant que l’actuelle ruée vers Bitcoin et les cryptomonnaies devrait « servir d’avertissement aux imprimeurs de monnaie gouvernementaux », en particulier aux États-Unis.
Sans le vouloir, le dirigeant de Morgan Stanley termine aussi sur ce qui pourrait être un clin d’œil sarcastique au gouvernement français. En effet, ce dernier vient de passer en force – par ordonnance et sans consultation du Parlement – de nouvelles restrictions contre la cryptosphère. Or, Ruchir Sharma donne justement comme avertissement final : « intervenir pour réguler le boom de la monnaie numérique (…) ne peut qu’accélérer cette révolte populaire [pour des monnaies saines] ».