Premier ministre de Malte : les cryptomonnaies sont le futur de l’argent
En ce début d’automne 2018 se tenait le 73ème débat de l’Assemblée générale de l’ONU. Le débat de l’Assemblée générale est toujours un événement très attendu, offrant en effet la possibilité aux chefs d’État de s’adresser à la quasi-totalité de leurs congénères.
C’est au début de cette session qu’Emmanuel Macron a été sacré « Champion de la Terre » par l’Assemblée générale de l’ONU. C’est aussi au cours de cette session que l’ensemble des dirigeants mondiaux se sont ri de Donald Trump. Ce dernier a affirmé que ses pairs « riaient avec lui », alors qu’ils riaient manifestement de lui. Le Premier ministre maltais a prononcé une poignante allocution sur la nécessaire coopération entre les nations, pour finir sur la régulation et l’avenir des cryptomonnaies.
Des solutions globales pour des problèmes globaux
Joseph Muscat a commencé son discours de la sorte :
« Cet été nous avons perdu un grand homme Kofi Annan. Pour lui les Nations unies ne peuvent remplir leurs objectifs qu’en adoptant une approche commune, c’est pourquoi je m’adresse à vous aujourd’hui, car je suis persuadé que les problèmes globaux requièrent des solutions globales.
Promouvoir une approche globale ne signifie pas que vous aimez moins votre pays, cela signifie travailler ensemble à ce que nos valeurs prévalent et à ce que les meilleures solutions soient trouvées.
Nous devons nous engager à communiquer et à nous comprendre les uns les autres. Car peu importe les difficultés que nous rencontrons, il est nécessaire que nous les adressions ensemble, en dépit différences entre les nations, nous serons plus à même de surmonter ces difficultés si nous sommes unis. Malte, en tant que membre de l’Union européenne ainsi que du Commonwealth, ne sait que trop bien qu’une nation seule, aussi grande soit-elle, ne peut s’attaquer à un phénomène global seule. Les solutions locales engendrent des problèmes globaux, qui créent des résultats dévastateurs. »
Ces propos s’accordent parfaitement avec l’air de notre temps. La coopération internationale est l’une des clefs du progrès tant en matière de devises numériques, que d’environnement ou de paix mondiale.
Muscat a continué en évoquant l’immigration comme étant l’un des point de tension majeurs nécessitant une coopération entre les États. Malte, du fait de sa position, est à l’avant-garde en ce qui concerne ce phénomène, qui selon le premier ministre doit aussi être résolu de façon commune.
L’économie numérique, l’avenir de nos sociétés
La suite de l’allocution de Joseph Muscat aborde le thème du changement. Ce changement qui effraie une partie des individus doit être maîtrisé par les nations pour devenir un atout.
L’État numérique : l’État de demain
Muscat entame la seconde partie de son discours de la sorte :
« Il est nécessaire d’envisager l’économie numérique comme une opportunité. Néanmoins, pour exploiter cette opportunité, nous devrons faire évoluer les contrats sociaux qui fondent nos sociétés. Ceux d’entre nous qui seront capables de concilier l’économie numérique et un nouvel état, l’État numérique, seront les mieux positionnés pour bâtir une société à l’épreuve de l’avenir, dans laquelle le changement ne galvanise pas les extrêmes. »
Les propos tenus ici me font nécessairement penser à la théorie de l’État plateforme qui s’est développée au cours du XXIe siècle. Cette théorie comprend deux aspects. Tout d’abord, la généralisation de services publics numériques – par exemple l’application Impots.gouv, qui comprend le développement de plateformes en lignes afin de dématérialiser les procédures, mais aussi la création d’applications et de services étatiques innovants.
Ensuite, cette vision de l’État fait la part belle à la gouvernance, ainsi qu’à la régulation par les algorithmes. Les lois ne sont pas remplacées par des algorithmes, au contraire, ces derniers les renforcent et testent leurs limites tout en permettant une application plus logique. De nombreux pays, dont le nôtre, ont posé les jalons de ce nouvel État.
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Halte au blockchain bullshit
Seule la dernière partie de l’intervention du Premier ministre de Malte concerne la cryptosphère. Le meilleur pour la fin, me direz-vous. Une fois de plus, le dirigeant maltais se distingue par ses propos pro-crypto :
« Je suis intimement convaincu que la technologie révolutionne et améliore les systèmes. C’est pourquoi Malte s’est érigée comme “The Blockchain Island” en régulant cette avancée technologique qui évoluait précédemment au sein d’un vide juridique.
La blockchain fait des devises numériques le futur inévitable de l’argent. Mais ces registres décentralisés peuvent accomplir bien plus, comme apporter des solutions dans le domaine médical où le patient aurait un véritable droit de propriété sur son dossier médical. Nous pourrons vérifier que l’aide humanitaire est bel et bien acheminée, nous pourrons nous assurer que personne n’est privé de ses biens légitimes en raison de la compromission de données.
Ce ne sont là que quelques-unes des nombreuses façons dont nous pouvons contrecarrer les politiques réactionnaires. Cette assemblée montre que nous avons tout à gagner par le dialogue; et la coopération triomphera toujours sur la division et l’intérêt personnel, car dans l’unité nous avons et nous pouvons avoir de l’espoir. »
Muscat vante les mérites des registres décentralisés, mais contrairement à certains de ses pairs, ne laisse pas les devises numériques de coté. Selon lui, elles représentent l’avenir. Cette approche est rafraîchissante à bien des égards et nous évite d’avoir à subir un énième blockchain-bullshit, consistant à prôner l’importance de la blockchain tout en dénigrant les cryptomonnaies. Andreas Antonopoulos estime que ceux qui s’adonnent à de tels propos n’ont manifestement rien compris aux monnaies numériques.
Sources : CoinDesk ; Cryptovest ; Crypto-Slate ; AMBCrypto || Images from Shutterstock