Craig Wright et son million de bitcoins : un procès plein de fausses déclarations ?
Ce qui devait arriver arriva – Même si ce ne seront peut-être pas les dernières, voici en tout cas les premières accusations judiciaires formalisées contre Craig Wright, suite à ses nombreux « arrangements » avec la vérité. Le juge Bruce Reinhart semble en effet en avoir par dessus la tête des facéties du plus célèbre des Faketoshi : il discute frontalement de son comportement et l’accuse d’avoir produit de faux documents et d’avoir fait de faux témoignages dans l’affaire Kleiman.
Des arguments invraisemblables
Dans un document judiciaire paru ce lundi 9 mars, le juge Bruce Reinhart, du tribunal du District Sud de Californie, a démonté les arguments de la défense de Craig S. Wright, dans l’affaire qui l’oppose à la famille du défunt David Kleiman.
Ce roman judiciaire est tellement long (« Guerre et Paix » en passerait pour un livre de poche) qu’il serait difficile de le résumer en entier, alors contentons-nous de rappeler le dernier épisode : Craig Wright prétendait à la mi-janvier avoir (enfin) reçu la visite d’un mystérieux coursier, qui lui aurait apporté des informations d’un certain « Tulip Trust« , qui permettraient soi-disant d’accéder à 1,1 millions de bitcoins (BTC).
Les juges Reinhart et Bloom ont tous deux demandés des preuves de l’existence réelle de ce coursier : pour ceux qui connaissent Craig Wright, vous vous doutez qu’il a répondu par un nouveau gloubi boulga assez inimaginable… Accrochez-vous : ce dernier a affirmé, sous serment, qu’il ne pouvait pas transmettre de détails sur ce coursier fantomatique, en invoquant le privilège du conjoint et le secret professionnel entre client et avocat.
Normalement, votre réaction ici pourrait être d’afficher une moue badine en murmurant « WTF !? ». Il me faut donc vous fournir quelques explications extraites du document judiciaire en question :
« Le Dr Wright doit fournir une « description détaillée » de la manière dont il a obtenu les informations nécessaires. Il a répondu que sa femme, qui serait la garante d’un fonds nommé Tulip Trust III, a reçu l’accord de fiducie en décembre 2019 de la part de l’avocat du Trust. Par la suite, elle aurait reçu un fichier crypté. Le Dr Wright affirme que les communications entre sa femme et l’avocat du Trust sont protégées par le secret professionnel de l’avocat. Il affirme en outre que les communications entre lui et sa femme sont protégées par le privilège du conjoint ».
C’est du véridique, allez le vérifier, je sais qu’on peut avoir du mal à le croire : le mystérieux livreur serait un avocat, et il aurait donné les informations à la femme de Wright, désormais à la tête d’un énième fonds mystérieux censé contrôler le million de bitcoins perdus : voici donc venir le soi-disant fonds Tulip Trust III (à quand la sortie de « Tulip Trust IV, le retour » ?).
Le juge Reinhart semble en avoir assez des enfantillages de Wright
Le juge en charge de l’affaire va alors démonter point par point tous les arguments de notre Faketoshi.
Déjà, concernant « le livreur-avocat mystère » – qui s’appellerait Denis Mayaka –, Wright a fourni une soi-disante déclaration de l’homme, qui se présenterait ainsi : « Je suis avocat et j’ai obtenu ma licence en droit en 2007 à l’Université Moi au Kenya ».
Mais le juge Reinhart ne semble pas (du tout) convaincu :
« (…) je ne tiens pas compte de la déclaration de Mayaka, car elle n’a pas été suffisamment authentifiée. Compte tenu en particulier de ma conclusion antérieure, selon laquelle le Dr Wright a produit des documents falsifiés dans le cadre de ce litige, je refuse de me fonder sur ce type de document, qui aurait pu facilement être généré par n’importe qui avec un logiciel de traitement de texte et un stylo (…) Je n’accorde aucun poids aux déclarations sous serment du Dr Wright (…) J’ai déjà constaté que le Dr Wright avait fait un faux témoignage en ma présence ».
Le juge balaye de la même façon l’argument du privilège du conjoint (Mlle Watts est la compagne de Craig Wright) :
« De plus, en divulguant au Dr Wright toute communication confidentielle avec son avocat, Mlle Watts a renoncé au privilège de ces communications ».
En conclusion de tous ces faits, le juge Reinhart rejette tous les arguments de Wright, et ce dernier devra fournir des informations qui puissent être authentifiées/vérifiables à la Cour, au plus tard ce jeudi 12 mars. Wright devra aussi fournir tous les documents que le « coursier-avocat mystère du Kenya » aurait apportés à sa compagne.
Craig Wright n’est donc pas prêt de voir la fin de ses ennuis judiciaires. Il n’y a plus qu’à attendre ses prochains arguments, qui ne manqueront probablement pas d’être toujours aussi… « surprenants », dirons-nous !