Bitcoin fête ses 12 ans – Une année de plus, et toujours pas mort !

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Il y a 12 ans jour pour jour, le premier bloc était miné sur la blockchain de Bitcoin ! Le 3 janvier 2009 à 18h15 GMT, Satoshi Nakamoto, son créateur anonyme, posait une première pierre numérique à l’édifice.

Depuis, la mort de Bitcoin a été annoncée près de 400 fois. Pourtant, le roi des cryptomonnaies est toujours là, plus solide que jamais !

Bitcoin, un système monétaire alternatif

Le bloc de genèse est assorti d’une phrase désormais mythique :

The Times 03/Jan/2009 Chancellor on brink of second bailout for banks

Il s’agit du gros titre du quotidien The Times. En effet, ce jour-là, le chancelier de l’Échiquier, qui n’est autre que le Ministre des finances britannique, annonçait le renflouement des banques touchées par la crise dite” de 2008″.

The Times 3 janv 2009 - Bitcoin genesis block
La couverture du Times le 3 janvier 2009.

Qui a le droit de battre monnaie, et selon quelles règles ? Une question légitime, que s’est posé Satoshi Nakamoto. Pour le créateur de Bitcoin, le système bancaire centralisé, avec son mécanisme de réserves fractionnaires, a déjà trop montré ses défauts et sa dangerosité. Confier la création monétaire à des entités privées pouvant créer de l’argent ex-nihilo à discrétion, voilà une idée peu séduisante aux yeux de ce cher Satoshi.

Il a donc combiné plusieurs couches technologiques pour créer un système d’argent liquide, numérique et pair-à-pair, dont l’émission monétaire serait prévisible.

Bitcoin - supply
La courbe d’émission des bitcoins.

C’est en partie cette prévisibilité qui confère à Bitcoin sa valeur. Personne ne peut modifier la quantité maximale de bitcoins : plutôt rassurant, par rapport à la politique monétaire actuelle. En 2020, la Réserve fédérale américaine a fait tourner la planche à billets numérique, et la Banque centrale européenne n’est pas en reste.

FED - balance sheet
L’évolution du solde de la Fed depuis 2008.

Dupliquer la valeur, c’est en quelque sorte la détruire, et Bitcoin est immunisé contre ce phénomène. Le registre décentralisé de ses transactions, sa fameuse blockchain, est protégée contre la double-dépense et le faux-monnayage !

Il était difficile de parier sur la réussite de Bitcoin en première lecture des neuf pages qui constituent son livre blanc. Cependant, certains l’ont fait, et douze ans après, Bitcoin n’est toujours pas mort !

Le Wikipédia de la finance

Qui aurait pu penser qu’en 20 ans, Wikipédia deviendrait l’encyclopédie la plus complète et la plus consultée au monde ? Ses auteurs ne sont pas rémunérés, ils ne sont pas forcément identifiés, et n’ont pas à donner leurs qualifications avant de rédiger du contenu. Chacun peut produire de façon anonyme un article, et chacun peut vérifier la fiabilité de ce qui est proposé.

Bitcoin fonctionne de la même façon, mais va beaucoup plus loin. Utiliser Bitcoin est gratuit, et accessible à quiconque possède une connexion Internet. C’est un réseau inclusif : tout le monde peut y jouer un rôle – simple nœud, mineur, ou développeur – sans avoir à s’identifier ou à être accrédité par une autorité quelconque. N’importe qui peut cloner le code source de Bitcoin et le modifier. Cependant, chaque modification doit être adoptée par consensus des autres participants.

Bitcoin est comme Wikipédia : libre, ouvert et décentralisé. Il y a cependant une différence : Wikipédia n’est financé que par le don.

Sur Bitcoin, chaque membre du réseau est financièrement incité à le renforcer et à le défendre. C’est là que réside le génie de son créateur. Pour sécuriser son système, Satoshi Nakamoto a parié sur la cupidité de l’être humain, et non sur son altruisme. C’était un choix plutôt réaliste. Grâce au minage par la preuve de travail, utilisé pour sécuriser la blockchain, attaquer le système est coûteux, mais le défendre est rentable.

Bitcoin Mining

Internet a révolutionné la communication, et Bitcoin est en train de révolutionner la finance. Au-delà de la prouesse technologique, Bitcoin brille également par sa démonstration de force dans un domaine plus philosophique.

Bitcoin, un objet politique qui n’a pas que des amis

Créer un système financier alternatif n’est pas de tout repos. Satoshi l’a bien compris : il est resté anonyme. Nombreux sont ceux qui grincent des dents face à ce type d’expérimentation. Et pour cause, Bitcoin est un objet éminemment politique par conception.

Souvent qualifié de libéral ou libertarien, Bitcoin donne avant tout raison aux penseurs de l’école autrichienne d’économie et des anarcho-capitalistes.

Il prouve qu’une société sans État peut tout à fait gérer un bien commun de façon efficace, en l’occurrence la monnaie. Bitcoin démontre qu’un système sans autorité coercitive ne sombre pas inévitablement dans le chaos : au contraire, l’ordre spontané le renforce jour après jour.

Proudhon disait que la liberté n’est pas la fille, mais la mère de l’ordre. Dans ses Harmonies économiques, Bastiat parlait quant à lui d’un ordre naturel et sage opérant à notre insu. Bitcoin en serait-il la parfaite illustration ?

Frédéric Bastiat (1801 – 1850)

Bitcoin prouve par l’exemple qu’une gouvernance décentralisée est efficace pour maintenir un système complexe. Cela entre en contradiction avec les politiques actuelles, qui tendent à centraliser toujours plus le pouvoir. À l’heure où de nombreux États mettent en place des mesures de surveillance renforcée et contrôlent toujours plus le citoyen, Bitcoin démontre la pertinence d’un marché libre et respectueux de la vie privée. Sans liberté, point de créativité ou d’innovation.

Les gouvernements et institutions financières voient ainsi d’un mauvais œil cette expérience. Depuis l’affaire Silk Road en 2013, ces entités n’ont eu de cesse d’appeler à une régulation proactive du phénomène. La pression s’amplifie, mais pour l’instant, Bitcoin semble inébranlable.

La robustesse de Bitcoin

Ces douze années d’existence témoignent d’une robustesse à toute épreuve. Attaqué maintes fois, tant sur le plan conceptuel qu’au niveau de son infrastructure, le réseau Bitcoin fonctionne 24/7 depuis sa création.

Pour décrire cette capacité qu’a Bitcoin à devenir plus fort après chaque estocade de ses ennemis, Nicholas Nassim Taleb propose la notion d’anti-fragilité. En effet, Bitcoin se renforce au fur et à mesure des attaques et des problèmes. Sa structure décentralisée et acéphale permet aux meilleures idées d’émerger, et d’éliminer de façon implacable les mauvaises. Bitcoin est un système élitiste, et l’enjeu de la sécurité est pris très au sérieux par ses développeurs. Le code étant libre et ouvert, chaque proposition de modification fait l’objet d’une revue collective.

Depuis sa création, 769 individus ont contribué à l’amélioration de Bitcoin. Les 27 000 modifications de son code source représentent d’innombrables heures de travail. Une œuvre collective qui rassemble les plus brillants cerveaux de la planète.

Bitcoin art - Portraits of a Mind - Ben Gentilli
Portraits of a Mind – Une œuvre d’art contemporain faite de graphite et d’aluminium, où est gravé le code source de Bitcoin

Il sera très difficile de freiner la croissance d’un tel écosystème. Pour nos bienveillants États, Bitcoin est comme du chiendent, qui repousse de plus belle après avoir absorbé une couche de désherbant. Et si Bitcoin attire depuis sa création de nombreux intellectuels, ce sera désormais sur certains poids lourds de la finance qu’il faudra compter pour le défendre.

Pour l’instant, le marché donne raison à Satoshi Nakamoto. Plus le temps passe, plus le réseau Bitcoin s’agrandit, et plus la valeur de son unité monétaire augmente. Il est désormais impossible de l’ignorer, et il devient chaque jour plus coûteux de l’attaquer.

Morgan Phuc

Cofounder @ 8Decimals & Partner @ Node Guardians - Making crypto great again - Journal du Coin / BitConseil

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