Comment remporter un des 611 bitcoins (BTC) mis aux enchères pour la première fois par la France ?
Des lots de bitcoins (BTC) à gagner – C’est une première dans l’histoire des salles de ventes aux enchères en France et la nouvelle émoustille autant ce milieu habituellement feutré que la communauté des investisseurs crypto : dans quelques jours, plus de 600 bitcoins issus de diverses saisies judiciaires seront dispersés et proposés sous forme de centaines de lots de valeurs variables.
Ferez-vous partie des quelques heureux adjudicataires d’une petite fraction d’or numérique ? Mais surtout, ce type d’opération représente-t-elle une véritable opportunité ou un simple miroir aux alouettes ? On abat le marteau ensemble.
611 bitcoins aux enchères
C’est une première dans les annales des salles de ventes françaises, plus habituées aux horloges franc-comtoises et aux lots de tableaux diversement préservées : la prestigieuse maison Kapandji Morhange (réseau Drouot, une référence) accueillera le 17 mars prochain, dans ses locaux parisiens, une vente inédite de plus de 600 bitcoins !
Ce joli magot (d’une valeur estimée au cours du jour à environ 24 millions d’euros) sera dans le détail proposé à l’occasion de deux sessions de vente, l’une incluant 437 lots de 0.11 à 2 BTC le matin, l’autre plus particulièrement destinée aux baleines en herbe puisque se composant de 41 ensembles de 5 à 20 BTC.
Ces bitcoins en recherche de nouveaux propriétaires proviennent de saisies judiciaires menées par l’AGRASC (Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués), une entité administrative sour la double tutelle des Ministères de la Justice et du Budget. L’AGRASC est spécialisée dans la saisie de biens en nature comme les véhicules, ou l’immobilier par exemple, sur un modèle hérité de l’approche italienne en matière de lutte contre la Mafia.
A une exception près, l’écrasante majorité des BTC proposés à la vente proviennent de saisies opérées avant 2020, sans plus de précisions. En effet, si on apprend que l’autorisation de les liquider sous forme d’enchères a été accordée entre mars et septembre 2020 par les instances judiciaires, point de détails sur le contexte des saisies initiales.
Autrement dit, si la réputation de « Bitcoin, monnaie du Dark Web » a la vie dure – tout en étant largement exagérée – c’est ironiquement peut-être grâce à l’Etat que vous pourrez acquérir d’authentiques bitcoins marqués du sceau du crime organisé (ce dont vous vous moquerez, les BTC étant parfaitement fongibles entre eux, contrairement à leurs lointains descendants, les NFT).
Outre ce petit dilemme moral, et si vous vient l’idée de participer à l’opération et de ressentir la fièvre toute particulière que dégage une vente aux enchères, il conviendra de prendre quelques précautions.
Enchères et en Os
Il n’y a pas que dans la crypto et la Finance Décentralisée qu’on peut finir « Rekkt » ou « Rug-pulled » : si vous en saisissez mal les règles et les implications, enchérir au hasard dans une salle de vente pourrait bien vous valoir quelques déconvenues. Et soyez-en sûr, les pièges propres à l’exercice seront maximisés par le buzz actuellement en train de se former autour de l’objet très particulier de la vente.
Ainsi, outre remplir une déclaration à faire pâlir le plus intrusif de KYC, il conviendra de prouver votre détermination en déposant un dépôt de garantie pouvant atteindre 10 000 euros en cas d’intérêt pour les lots les plus importants.
Par ailleurs, à vos calculatrices : la facture finale verra l’enchère gagnante s’alourdir de 14.28% de « TVA du prix du marteau », une taxe qui aura rarement aussi bien porté son nom.
Enfin, pour ceux qui espéreraient sur un malentendu remporter des lots de 20 BTC à vil prix, sachez que l’Etat – à qui on ne la fait pas – a pensé à assortir les enchères d’un prix de réserve minimal de 60% du cours du jour.
Au final, adrénaline et mécaniques propres aux jeux des enchères aidant, il ne serait pas étonnant que certains des acquéreurs des 478 lots de bitcoins concernés paient ces derniers à un tarif supérieur à leur cours régulier. Un peu à l’image des ventes aux enchères portant sur des monnaies d’or et d’argent, dont le prix d’achat final est souvent alourdi d’une « prime » qui s’ajoute au cours du métal précieux.
On goûtera en esthète de la chose la belle opération de l’Etat qui s’est rendu maître de plus de 600 bitcoins à une époque où le cour de la reine des devises cryptographiques était vraisemblablement 5 à 10 fois moins élevé qu’aujourd’hui. Une belle performance de holder dont il ne tient qu’a vous de prendre le relais. Les inscriptions à la vente sont ouvertes jusqu’au 13 mars 2021 à minuit et les enchères possibles sur les sites live de Drouot et d’Inter-enchères.