Particl : l’e-commerce anonyme dans la place ?
Particl est une plateforme décentralisée ayant recours à la fois à la blockchain et à un système peer-to-peer. Le but de Particl est de proposer une application où chacun créée et participe aux places de marché de son choix, permettant l’achat et la vente de biens et des service en cryptos. Ce projet met l’accent sur la vie privée, comme nous allons le voir ensemble. La version mainnet de Particl a été mise à disposition du public ce lundi.
La plateforme Particl
La plateforme Particl vise en premier lieu à permettre la création et l’utilisation d’une place de marché décentralisée. Pour fonctionner, mais aussi pour réaliser des transactions sur la plateforme, il faudra dans un premier temps se servir de la crypto sous-jacente au protocole, le PART.
A noter que l’objectif est dans un futur proche de permettre d’utiliser de façon quasi native du Bitcoin ou d’autres cryptos, via des atomic swaps. Ces atomic swaps sont pour l’heure fonctionnels, mais pas encore déployés pour une utilisation large au cœur de la plateforme.
Particl a recours à une version modifiée du protocole Proof-of-stake, le Particl Proof-of-Stake, comme mécanisme de consensus. Notons que le protocole résulte d’un fork de Bitcoin. Les transactions sur la blockchain Particl utilisent donc à ce jour le protocole Segregated Witness par défaut, et de facto la plateforme est compatible avec le Lightning Network.
Le système à proprement parler pair-à-pair repose sur un système de messagerie P2P connu, le SMSG (Secure Messaging) dérivé de Bitmessage.
La marketplace Open Marketplace
Après deux ans de test, l’Open Marketplace a été rendue disponible sur le mainnet ce lundi. Mais une autre place marchande, quand bien même elle porterait un nom crypto-compatible comme Particl, pourquoi faire ?
L’objectif premier de Particl est le respect de la vie privée des utilisateurs. Le projet se met en opposition avec les géants du net dont le business modèle est basé sur la commercialisation des données des utilisateurs. L’Open Marketplace permettra d’acheter et de vendre des bien et service dans un cadre décentralisé et privé. Techniquement, l’Open Marketplace repose sur une implémentation de l’Open Market Protocol (OMP).
Quel agencement de protocoles ?
Si certaines informations sont partagées de manière publique (le listing d’un vendeur, les prix demandés, les descriptions de produits ou leurs photos), d’autres sont par nature gardées privées vis-à-vis des autres utilisateurs de la plateforme (identités des contractants, conversations entre vendeur et acheteur, notamment). De plus, même s’il est nécessaire de configurer soi-même cette particularité, il est possible d’utiliser Particl sous l’ombrelle du réseau TOR.
Enfin, les paiements ont lieu via le PART, car les développeurs du projet ont implémenté un système reposant à la fois sur les Confidential Transactions (CT) et RingCT.
Le MAD Escrow
Le système d’escrow fonctionnera selon une architecture dite de « MAD Escrow », un peu curieuse et qui peut faire s’interroger : en effet, tout aussi bien le vendeur que l’acheteur devront mettre sous séquestre via smart-contrats le double de la valeur du bien ou du service négocié.
Si tout se passe bien, tout le monde est content et récupère ses fonds séquestrés, le vendeur touche sa vente, et l’acheteur a récupéré son bien. Si ce n’est pas le cas, la situation devient par contre plus tendue : les fonds mis sous escrow le restent ad vitam aeternam, faisant perdre à l’acheteur comme au vendeur cette valeur séquestrée. Une définition pour le moins risquée de l’escrow, diront certains.
La nouveauté de cet escrow est qu’il censé être totalement automatisé et pair-à-pair, à la différence d’OpenBazaar par exemple où les escrows reposent sur les décisions de modérateurs humains.
L’anonymat : pile et face ?
La dernière particularité de Particl réside dans son organisation en forme de simili-DAO : si des places de marché ouvertes seront forcément disponibles, il sera aussi possible de créer ses propres markeplaces privées… Ce qui peut laisser augurer de l’émergence possible de marchés noirs équivalents à ceux existants sur le Dark Net. L’occasion de constater le réel degré d’anonymisation prétendument permise par le protocole ? Seul l’avenir le dira.
Nous allons donc surveiller le lancement de l’Open Marketplace, et vous donner notre avis sur Particl et sa place marchande dans les semaines qui viennent.