Ethereum : capté par une petite élite ?
Ou comment les richesses en Ether sont autant équitablement réparties que sa Blockchain est décentralisée – Matthias De Aliaga (de @TokenAnalyst) a publié le 4 juin une analyse de données tirées de la blockchain Ethereum et de ses transactions. Dans cette analyse, il essaie notamment de distinguer les différents types d’utilisateurs de la blockchain Ethereum, selon leur utilisation active ou leur accumulation passive des tokens ETH, leur utilisation d’adresses ETH ou de smart contracts, et dans quels buts.
Notez que les illustrations utilisées dans cet article proviennent de son l’article original. De plus, les graphiques présentés reposent sur des données d’analyse on-chain disponibles à partir de etherscan.io.
Il souligne que s’il est compliqué d’identifier précisément la richesse d’un détenteur en particulier de façon nominative, il reste néanmoins tout à fait possible de repérer des tendances à l’aide de l’activité on-chain disponible pour identifier des types de détenteurs de tokens ETH.
Ainsi, il classe sommairement les différents utilisateurs d’Ethereum en plusieurs groupes, selon la magnitude de leur richesse en tokens ETH, qui sont :
- Les exchanges,
- Les pools de minage,
- Les « token wallets » (les équipes produisant leur propre ERC-20 se basant sur la blockchain Ethereum, distribuant par ICO ou airdrops),
- Les investisseurs de long-terme, suivant peu les variations du marché, ayant souvent obtenu leurs avoirs initiaux en ETH lors de l’ICO de lancement ou rapidement après, qu’ils soient fondateurs, investisseurs particuliers, VC, etc,
- Les gros poissons (whales), ayant amassés de grosses quantités d’ETH mais pouvant (peut-être) impacter le marché, et ayant tendance à trader massivement au fil de l’eau,
Secondairement enfin, tout aussi curieux que cela puisse paraître, les autres possesseurs du token, comme les particuliers, ne sembleraient détenir qu’une part minime des tokens ETH.
Pour le vérifier, rien de tel qu’une représentation graphique de la répartition des avoirs en ETH sur le réseau :
La représentation ci-dessus est à l’échelle logarithmique, c’est-à-dire que la première section représente le total possédé par les 10 adresses détenant le plus d’ETH, puis la seconde section concernent les rangs 11 à 100, et ainsi de suite, jusqu’à représenter la distribution de tous les ETH.
On constate alors que le top 10 des adresses détient 11,4% de tous les ethers disponibles. Et si l’on englobe le top 10 000… 83,3% de tous les ethers disponibles.
Pour le mettre en perspective, les adresses composant ce top 10 000 comptent pour 0,03% de toutes les adresses Ethereum.
On peut donc dire que 0,03% des adresses Ethereum concentrent en leurs mains près de 83,3% des avoirs ETH.
Suivi de l’activité on-chain
L’analyse de l’activité on-chain de ce top 10 000 des possesseurs d’ethers peut se faire suivant plusieurs critères, notamment :
- Le type de transaction,
- Le nombre de tokens différents possédés (seulement ETH, ou ETH et ERC-20 associés, et si oui combien d’ERC-20 différents),
- Le montant de la balance ETH.
On constate que chaque groupe a ses attitudes préférentielles. On observe une tendance à la concentration de la richesse avec ce top 10 000 d’adresses qui semble presque exclusivement chercher à conserver son trésor.
Concernant l’attitude des différents acteurs identifiés précédemment, et même si cela revient à exposer des évidences apparentes, en moyenne, les pools de minage participent presque exclusivement à l’envoi de transactions, les token team wallets sont les possesseurs principaux des adresses où s’accumulent plusieurs types d’ERC-20, et les exchanges reçoivent et renvoient massivement.
Il faut également distinguer les transactions monétaires (externally owned accounts) sur la blockchain des transactions liées aux smart-contracts (dApps, entre autres). En effet, les smart-contracts peuvent imposer des règles aux utilisateurs des transactions de type monétaire.
On observe principalement que :
- Les Tokens Teams utilisent principalement des smart contracts, alors que les pools de minage reposent sur des compte externes, ce qui est somme toute logique ;
- Les exchanges sont probablement derrière les adresses accumulant le plus de types de tokens ERC-20 différents ;
- Les exchanges utilisent à la fois des transactions par adresses accounts et par smart-contracts : il est intéressant cependant de noter que selon le ratio entre ces deux indicateurs, on peut déterminer le degré de décentralisation (ou non) de l’exchange en question (par exemple, entre EtherDelta et Binance).
On peut donc résumer tout cela sous la modélisation graphique suivante :
En conclusion
En définitive, à partir d’une portion congrue de seulement 77 adresses identifiées, il a été possible à Matthias De Aliaga de reconstituer et d’identifier une topographie du réseau Ethereum et de ses plus importantes adresses possédantes.
D’autres explorations de l’état de la blockchain Ethereum sont promises par l’intéressé dans le futur.
Ces premières explorations permettent de conclure du caractère extrêmement concentré des richesses détenues au sein du microcosme de la Blockchain Ethereum.
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Source : Reddit || Image from Shutterstock