2023, l’année des memecoins : retour sur La frénésie des shitcoins
Des shitcoins à vocation humoristique ? Cela n’aura échappé à personne, le marché des memecoins a connu un développement spectaculaire au cours de l’année 2023. Une dynamique issue du légendaire Dogecoin (DOGE). Et une aventure dont le résumé pourrait se faire sous la forme d’une plaisanterie potache pas toujours très inspirée. Que fait un investisseur crypto qui s’ennuie après avoir perdu 90 % de la valeur de ses fonds numériques suite à un marché baissier ? Il investit dans la hype improbable de ces shitcoins populaires afin de rincer encore un peu plus son portefeuille.
Un constat plus simple à mener une fois la bataille perdue. Avec comme leader de cet emballement le jeton Pepe the Frog (PEPE) rapidement porté au rang de symbole. Mais, au grand désarroi de ses maximalistes, la blockchain emblématique du Bitcoin sera également touchée par cet impact. Et au final, le bilan de cette hype improbable ne permet clairement pas de montrer la meilleure facette du secteur des cryptomonnaies.
PEPE : leader de la hype des memecoins
Suffit-il de coller une tête de grenouille – ou de tout autre animal – sur un shitcoin pour en faire un investissement sensé ? L’effondrement du memecoin PEPE semble répondre de lui-même à cette interrogation légitime. Avec une hausse certes fulgurante et exponentielle, mais uniquement basée sur l’illusion de fabriquer quelques millionnaires. Cela au détriment de tous les autres investisseurs plus tardifs.
Bien évidemment, les chiffres font rêver. En effet, la hausse de plus de 7 700 % enregistrée entre le lancement de ce memecoin (mi-avril) et son point culminant (6 mai) laisse songeur. Surtout si l’on considère que ce mouvement a pris seulement quelques semaines… avant de commencer à s’effondrer. Une chute dont le fond se situe pour le moment -85 % plus bas en septembre dernier.
Le projet Pepe the Frog (PEPE) s’est rapidement présenté comme une sorte de blague à vocation communautaire. Avec comme ambition affichée en avril dernier sur son compte Twitter de « rendre leur grandeur aux memecoins. » Spéciale dédicace à Donald Trump et son : « Make America great again ».
Le ton est donné. Mais la fête sera finalement de courte durée. En effet, à la fin du mois d’août, un rug pull de 16 millions de dollars vient mettre du plomb dans la cuisse de cette grenouille devenue indigeste. Et l’ambition n’est plus aujourd’hui que d’être « le plus memeorable des memecoins ». Vous l’avez ?
BALD : le plus shitcoin des memecoins
Toutefois, le jeton PEPE n’aura pas été le seul memecoin de cette frénésie spéculative basée sur le vide. En effet, d’autres exemplaires de grenouilles en manque d’inspiration animalière verront le jour à sa suite. Cela au point de voir plus d’une centaine de shitcoins de ce type créés en l’espace de deux mois au plus fort de cette hype.
Et ce n’est pas le jeton BALD qui va réussir à relever le niveau. Car dans le domaine, ce memecoin du tout jeune réseau Base de Coinbase joue définitivement dans une autre catégorie. En effet, c’est à une véritable enquête on-chain que ce projet devra faire face en août. Cela afin d’identifier son développeur principal. Le tout suite à un rug pull de 20 millions de dollars tout d’abord attribué – un peu hâtivement – à Sam Bankman-Fried en personne.
Que dire également de la cryptomonnaie HayCoin lancée par le fondateur de la plateforme Uniswap, Hayden Adams, en 2018 ? Un jeton destiné à tester les fonctionnalités de ce DEX alors qu’il était encore inconnu. Le problème ? Il sera exhumé par les degens de la crypto et repris par la frénésie des memecoins en octobre dernier. Et afin de mettre un terme à ce n’importe quoi, Hayden Adams sera contraint de détruire (burn) 99,99 % de sa supply. Le tout pour une valeur estimée à… 650 milliards de dollars !
Impossible enfin de ne pas aborder les dernières euphories de brassage d’air – et de millions de dollars – déclenchées par l’apparition du projet Memeland et son jeton MemeCoin (MEME) début novembre. Ou encore la version GROK qui a tenté de surfer sur l’annonce faite par Elon Musk du développement d’une intelligence artificielle (IA) du même nom associée au réseau X, moins d’une semaine plus tard. Avec une recette identique répétée jusqu’à l’indigestion. Et une marque de fabrique basée sur l’absence souvent totale de fondamentaux qui finirait presque par devenir la due diligence de ces investisseurs de l’extrême.
Bitcoin : la prochaine usine à memecoins ?
Mais la véritable différence de cette hype inscrite à tout jamais dans l’année 2023 réside ailleurs. En effet, cette période restera marquée par l’entrée des memecoins et autres shitcoinneries crypto sur la blockchain jusque-là préservée du Bitcoin. Une mutation rendue possible suite à la mise à niveau Taproot pourtant activée en novembre 2021. Et, une véritable crise identitaire pour les maximalistes du Bitcoin et le modèle économique de leur réseau préféré.
Avec comme première incursion notable, les NFT de satoshis Ordinals apparus dès le mois de janvier 2023, tels un hybride numérique dont on ne savait que faire. Puis tout s’est ensuite emballé, avec à leur suite l’émergence rapidement incontrôlable des jetons BRC-20 calqués sur le modèle de la blockchain Ethereum. Un marché des memecoins qui dépassera quelques semaines plus tard le milliard de dollars sous le regard circonspect d’une communauté partagée entre consternation et excitation. Mais quoi qu’il en soit, le ver est définitivement entré dans le fruit…
La frénésie des memecoins n’aura donc épargné aucune des terres numériques du secteur des cryptomonnaies au cours de l’année 2023. Avec comme moteur de cette ascension fulgurante, la (très souvent fausse) promesse de fabriquer des millionnaires sur un malentendu savamment entretenu. Car la seule certitude valable est que 100 % des degens (dégénérés) de la crypto auront tenté leur chance.
Hugh B.
Passionné depuis de nombreuses années par l’univers décentralisé des cryptomonnaies et le développement du Web3 j’attache une grande importance à la vulgarisation pour rendre les choses compréhensibles et accessibles à tous. Je suis également un auteur publié.
