France : L’Autorité des marchés financiers (AMF) assouplit sa position sur les cryptoactifs
Un petit pas pour les cryptos. L’Autorité des marchés financiers (AMF) a annoncé une adaptation ciblée de sa doctrine concernant les produits financiers complexes. Cette évolution est une réponse directe à l’essor des cryptoactifs et à l’entrée en vigueur, fin 2024, du règlement européen sur les Marchés de cryptoactifs (MiCA). L’objectif est de concilier l’intérêt croissant des investisseurs pour les cryptomonnaies avec la protection renforcée des épargnants.
- L’AMF a annoncé une adaptation de sa doctrine face à l’essor des cryptoactifs et en vue du règlement MiCA.
- Certains cryptoactifs pourront être commercialisés sans avertissement dissuasif, sous conditions strictes.
L’assouplissement et le cadre MiCA
Historiquement, l’AMF jugeait qu’un instrument financier présentant « des risques de mauvaise appréhension par un client non professionnel » devait porter un avertissement dissuasif, signalant qu’il était trop complexe pour le grand public. L’AMF estime désormais que certains cryptoactifs, sous conditions strictes, ne présentent plus un caractère « inhabituel ».
Cette clarification publiée le 8 décembre permet ainsi aux titres de créance complexes indexés sur des cryptoactifs, tels que les Exchange-Traded Notes (ETN), d’être commercialisés sans cet avertissement, à condition de respecter quatre exigences cumulatives.
Dans un objectif de protection, l’AMF a donc défini les critères suivants pour que l’assouplissement s’applique :
- Conservation : Le service de conservation (custody) des cryptoactifs sous-jacents doit être confié obligatoirement à un prestataire ayant obtenu un agrément MiCA.
- Qualité des cryptoactifs : Les cryptoactifs supports doivent présenter une capitalisation boursière d’au moins 10 milliards d’euros et un volume quotidien moyen d’échange d’au moins 50 millions d’euros sur les 30 jours précédant la commercialisation. De plus, ils doivent être négociables sur une plateforme ayant obtenu un agrément MiCA.
- Structure du produit : Le produit financier ne doit intégrer ni effet de levier ni composante discrétionnaire, garantissant une exposition simple et directe.
- Nature de l’exposition : L’exposition aux cryptoactifs doit se faire via la détention directe par l’émetteur ou via des titres émis ou garantis par des entités réglementées.

Le statut réglementaire et la vigilance maintenue
Il est fondamental de noter que ces titres de créance complexes indexés sur des cryptoactifs sont finalement considérés comme des instruments financiers classiques. Ils tombent donc sous le coup de la réglementation européenne sur les Marchés d’instruments financiers (MiFID).
Cette classification impose aux distributeurs et producteurs de respecter des obligations de protection accrues, notamment la nécessité de définir un marché cible pour chaque produit et de s’assurer de l’adéquation de l’instrument avec le profil et les besoins de l’épargnant lors du conseil.
L’AMF rappelle enfin que, malgré cet assouplissement de la doctrine et de l’encadrement réglementaire, ces instruments demeurent des produits complexes et sont sujets à de fortes fluctuations de prix. Ils ne s’adressent donc pas à tous les profils d’investisseurs et l’Autorité prévoit de réaliser un bilan de cette adaptation au premier semestre 2027.
Par cette évolution ciblée de sa doctrine, l’AMF intègre l’essor des cryptoactifs dans le paysage financier réglementé. En alignant les conditions d’accès de certains produits structurés sur les exigences du règlement MiCA, l’Autorité cherche à établir un équilibre entre innovation financière et impératif de protection des épargnants en France.