EOS – 4 milliards de $ et une tonne de problèmes

Coup d’Etat ou coup d’éclat – Le conflit entre EOS et sa communauté s’intensifie. Il révèle notamment les possibilités d’action des membres d’un réseau décentralisé, qui tentent des renverser un acteur central jugé aujourd’hui nuisible à la pérennité d’un projet crypto.

Block.one privé d’EOS : un vote de sanction résultant des discussions quasi-stériles

L’escarmouche entre le CEO de la Fondation EOS, Yves La Rose, et Block.one fait place à un conflit d’une plus grande ampleur, qui pourrait durer.

Block.one est l’entreprise en charge du développement de la blockchain EOS. Une partie de la communauté s’en prend aujourd’hui au portefeuille de Block.one pour le destituer, afin de le remplacer par une nouvelle entité.

Le 8 décembre 2021, la communauté EOS portait un coup dur à Block.one et à son fondateur, Brock Pierce, en arrêtant les paiements en cours à ce dernier. 25 producteurs de blocs décidait de bloquer les 67 millions de tokens EOS, d’une valeur de 250 millions de dollars, qui devaient être émis durant les six à sept prochaines années.

Quels sont les évènements qui ont conduit à cette décision d’assécher financièrement le wallet de Block.one ? La Fondation EOS avait négocié sans succès avec Block.one, pour tenter d’acquérir la propriété intellectuelle d’EOS. En contrepartie, les paiements en EOS par le réseau à Block.one devaient se poursuivre.

Cette propriété intellectuelle serait cependant, selon la Fondation EOS, inscrite au bilan de Bullish, la bourse de cryptomonnaies filiale de Block.one. Ce dernier devait donc l’acheter dans un premier temps à Bullish, mais Block.one a refusé de s’engager publiquement dans la réalisation de cet achat. Block.one a au contraire indiqué dans un communiqué du 6 décembre 2021, qu’il distribuerait au fil du temps – et à son entière discrétion – 30 millions d’EOS provenant des paiements futurs qu’il recevrait, à la Fondation.

Cette dernière a cependant refusé cette proposition, et l’échec des négociations a débouché sur ce vote de boycott des paiements à EOS, par les producteurs de blocs du réseau. Les 45 millions d’EOS que Block.one avait décidé en novembre 2021, de transférer au protocole décentralisé Helium, axé sur les appareils de l’Internet des objets (IoT), dans une tentative de relance du réseau, sont également concernés par ce vote.

Bras de fer et décentralisation : un boycott pour remettre EOS sur les rails ?

La Fondation EOS accuse Block.one d’être seul responsable du déclin d’EOS et de sa cryptomonnaie qui est passée de la 7ième place à la 44ième en 2021.

Block.one ne se soucierait ainsi plus des intérêts du projet, mais uniquement des siens. En outre, l’entreprise n’aurait pas tenu ses promesses. EOS se présentait initialement comme une alternative à Ethereum (ETH), et avait levé lors d’une ICO et via Block.one, la somme record – et encore aujourd’hui inégalée – de 4 milliards de dollars. Block.one devait alors recevoir 100 millions d’EOS sur 10 ans.

Yves La Rose avait affiché publiquement la volonté de la Fondation EOS de prendre le contrôle du projet, pour y remettre de l’ordre. La centralisation est-elle la solution ? EOS est-il d’ailleurs centralisé comme le soutiennent certains cryptophiles ? Ou la responsabilité du déclin du projet peut-elle plutôt être attribuée à sa décentralisation anarchique ? Les dispositions prises par les producteurs de bloc n’auraient aucun effet – ce qui se semble pas être le cas – si le projet était centralisé, totalement sous le seul contrôle d’EOS.

Pierce a déclaré dans un tweet du 8 décembre 2021, qu’il travaillait avec La Rose et la Fondation EOS sur « une proposition mutuellement bénéfique à soumettre à B1 et Bullish, qui permettrait à l’ENF et à la communauté EOS de jouer un rôle de premier plan dans l’avenir du développement et de la propriété intellectuelle d’EOSIO. »

Les producteurs de blocs se retournent contre Block.one en votant une initiative qui joue contre ce dernier. La décentralisation réserve des surprises. Il y a 2 ans, Block.one avait voulu peser sur le jeu démocratique de la blockchain, en annonçant qu’il allait influencer sur la gouvernance du réseau en exerçant son droit de vote pour élire les 21 producteurs de blocs.