Antonopoulos : volatilité et réserve de valeur
Réserve de valeur (store of value) : toute forme de richesse qui maintient sa valeur sans se déprécier. L’or et les autres métaux précieux en sont de bons exemples. Par opposition, le lait ne devrait pas servir de réserve de valeur, dès lors qu’il peut tourner.
La volatilité des prix du bitcoin est-elle une barrière à l’adoption de masse? Cette même volatilité empêche-t-elle l’utilisation de Bitcoin comme réserve de valeur ?
Selon Andreas, la volatilité des prix n’affecte pas vraiment l’utilité de Bitcoin en tant que réserve de valeur. La fonction de réserve de valeur sous-entend une perspective long terme, au moins sur une année.
Dès lors, Bitcoin se trouve plus affecté par la volatilité en tant que moyen d’échange. En effet, si l’on considère l’évolution du prix du Bitcoin au cours de l’an passé, nous observons une augmentation de plus de 600 %. Et, sur les trois dernières années, l’augmentation est encore plus impressionnante. Toutefois, si on envisage les trois derniers mois on peut conclure que Bitcoin n’est pas une bonne réserve de valeur. De fait, le marché est particulièrement incertain ces derniers temps.
Comment cette volatilité peut-elle être adressée en l’absence d’adoption massive et de régulation ?
Selon Antonopoulos, l’idée selon laquelle les régulateurs contrôlent la volatilité d’une monnaie est une illusion. Le facteur de volatilité le plus important pour une devise est sa petite taille. Il est nécessaire de retenir que le bitcoin est négocié de façon globale, contrairement aux devises fiduciaires qui ont principalement un marché national.
Le marché du bitcoin est minuscule par rapport à celui des autres devises. Ses 100 milliards de capitalisation ne représentent qu’une fraction du marché d’une devise qui serait négociée nationalement. L’écart est encore plus grand lorsque nous envisageons une monnaie négociée internationalement comme le dollar, l’euro ou le yen.
Cela revient donc à dire que le principal frein à l’adoption de masse serait l’absence d’adoption de masse. Et donc, le plus grand obstacle à la croissance de Bitcoin serait sa taille. Nous sommes ici face à un argument circulaire. C’est une forme de rhétorique dans laquelle on utilise comme proposition de base ce que l’argument utilisé vise à prouver. Un telle forme de raisonnement procure rarement une solution.
Pour Antonopoulos, la volatilité diminuera avec l’adoption, mais aussi lorsque le marché sera plus liquide et que l’actif sera davantage négocié ; et enfin, lorsque le bitcoin sera utilisé dans d’autres buts que la spéculation. Il serait nécessaire que plus d’entreprises aient recours a des transactions en BTC. Mais aussi, que le nombres de commerces et sites marchands acceptant le BTC augmente. Cela amènerait plus de liquidité, mais aussi une base plus stable d’entreprises B2C – business to consumer – par opposition aux activités spéculatives qui dominent le marché pour le moment. Cette base amènerait une certaine stabilité mais aurait aussi tout intérêt a la maintenir. En effet, une trop forte volatilité pourrait mettre en péril leurs bénéfices en BTC.
Y a-t-il des cartels manipulant le prix du Bitcoin ?
Personne ne se plaignait de la volatilité et ses potentielles manipulations du marché lorsque le prix du bitcoin a été multiplié par huit en 6 mois. Tout actif qui voit son prix augmenter de plusieurs centaines de pourcent en un an sera obligatoirement sujet à une correction. Andreas avait anticipé cette correction dès octobre 2017, établissant que les prix actuels n’étaient pas durables. Maintenant que le prix diminue, nombreux sont ceux qui affirment que des whales et le marché des futures manipulent le prix du Bitcoin.
Toutefois, si vous observez l’ensemble des marchés – comme le Dow ou les actions tech – vous constaterez une correction prenant place sur l’ensemble des marchés mondiaux. Cet ensemble de corrections est une réponse naturelle à la croissance effrénée qui a eu lieu au cours de l’année 2017. Trop de personnes ont acheté des devises numériques au cours de la flambée des prix du dernier trimestre 2017, pensant que cet investissement à court terme les rendrait instantanément riche.
Pour Andreas, il n’y a pas de cartels dans l’espace crypto. Mais il est indéniable que des manipulations ou tout du moins des tentatives de manipulation ont lieu dans le secteur. Comme elles ont lieu dans tout les autres secteurs financiers. Toutefois, ce n’est pas pour cette raison que le prix du bitcoin chute.
« Je pense que rechercher une causalité dans ces marchés serait ridicule. Cela revient à lire l’avenir dans des feuilles de thé, ou tenter de prédire le prix des actions en se basant sur l’alignement des signes du zodiaque. » Andreas Antonopoulos
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