Crypto : Les avocats de FTX sont-ils complices de la fraude de Sam Bankman-Fried ?
Telle est la question. Si FTX devait-être comparé à un gâteau, ce serait un millefeuille indigeste réalisé par un apprenti en… tout autre chose que la pâtisserie. De loin – et sous l’effet de l’appât du gain – cela ressemblait beaucoup à une réussite. Mais dès que les problèmes sont survenus, la carcasse bancale de cet édifice a tout de suite volée en éclat. Depuis, les scandales et autres découvertes improbables se succèdent pour démontrer à quel point le n’importe quoi peut passer dès qu’il prend l’apparence du sérieux. Pourtant, la procédure de faillite en manque visiblement autant que tout le reste dans cette affaire. Car un recours collectif vient d’être déposé contre le cabinet d’avocats en charge de superviser ce naufrage. Le problème ? Il était déjà étroitement lié à FTX avant son effondrement.
FTX : nouvelle affaire dans l’affaire
L’impartialité et l’honnêteté – au minimum intellectuelle – nécessitent quelques règles de base indispensables pour pourvoir s’exercer. Car ne pas prendre ces principes fondateurs en compte reviendrait, par exemple, à laisser Elon Musk s’occuper seul, et en roue libre, de la modération du réseau X. Ah, oups… c’est effectivement le cas !
Une situation de consanguinité structurelle qui frappe apparemment également la procédure de faillite de la plateforme FTX. Un véritable fiasco à multiples niveaux au sujet duquel la seule bonne nouvelle est l’assurance de ne pas voir renaître un FTX 2.0.
Dans le même temps, ses ex-clients continuent d’attendre un remboursement dont la facture risque d’être salée. Une procédure présentée comme intégrale, alors qu’elle sera dans le meilleur des cas indexée sur le prix des cryptomonnaies concernées… au 11 novembre 2022.
Cela sans considérer les 1,5 million de dollars dépensés chaque jour afin de payer les avocats en charge de ce démantèlement juridique. D’autant plus lorsqu’une procédure collective vient mettre à jour une relation plus que douteuse – et antérieure à l’effondrement de FTX – avec le cabinet spécialisé en faillite Sullivan and Cromwell.
« Alors que les clients de FTX, les membres du groupe, perdaient tout, le cabinet Sullivan and Cromwell (S&C) a pu gagner des millions grâce à la fraude FTX. S&C a été le principal conseiller juridique de FTX pendant les 16 mois précédant l’effondrement de FTX, période pendant laquelle S&C a facturé environ 8,5 millions de dollars de frais »
Recours collectif
Un cabinet d’avocat au parcours douteux
Le document officiel est daté du 16 février dernier. Il s’agit d’un recours collectif mené à l’encontre du cabinet d’avocats Sullivan and Cromwell en charge de superviser la faillite de FTX. Car selon les créanciers de la défunte plateforme, ce dernier aurait une position plus que douteuse dans cette affaire. Bien évidement, le conditionnel reste de rigueur pour le moment.
En effet, l’avocat général de FTX, Ryne Miller, venait de ce cabinet. Et dès son arrivée en 2021 il aurait tout fait pour rapprocher ces deux entités. Une collaboration qui aura, parmi une vingtaine mentionnée, par exemple, menée à l’acquisition de LedgerX. Mais également à acheter des actions Robinhood… avec l’argent des clients de FTX.
« Depuis qu’il a pris un rôle de premier plan, les revenus de S&C provenant des questions liées à FTX ont augmenté, dépassant 180 millions de dollars – soit 10 % du chiffre d’affaires total que le cabinet de 900 avocats a déclaré publiquement avoir perçu au cours de l’année 2022 – les parajuristes facturant 595 $/heure. et les partenaires facturant jusqu’à 2 165 $/heure. »
Recours collectif
Toutefois, le problème n’est pas véritablement de savoir comment le cabinet Sullivan and Cromwell travaillait avec FTX. Mais, que fait-il encore présent en tant que superviseur de sa faillite ? Car, de toute évidence, son impartialité dans la gestion de ce dossier n’a rien d’évidente. D’autant plus du fait de la connaissance, présentée comme effective par les plaignants, de la « porte dérobée » qui existait entre FTX et Alameda Research.
Une situation connue et déjà critiquée en janvier 2023 par plusieurs Sénateurs des États-Unis. De son côté, Sam Bankman-Fried affirmait, à peu près à la même époque, que le cabinet Sullivan and Cromwell avait poussé la bourse à la faillite en forçant, dans le même temps, la nomination de son PDG actuel, John Ray III. Autant dire que les surprises sont encore au rendez-vous…