Nexo porte plainte contre la Bulgarie et demande 3 milliards $ de dommages et intérêts
Nexo n’a pas aimé le coup du parapluie bulgare. Alors que la cryptosphère était encore fébrile et grelottante, sortant à peine du long hiver crypto de 2022, le procureur général de Sofia et les autorités de Bulgarie avaient mené une perquisition très médiatisée dans les bureaux bulgares de Nexo, en janvier 2023, pour des accusations de blanchiment d’argent. Un an plus tard, alors que l’affaire a été fermée faute de preuves (malgré la perquisition choc/surprise), c’est Nexo qui contre-attaque en portant plainte pour préjudices contre l’État bulgare !
Retour sur une violente perquisition qui a semé la panique… pour rien !
Avec des échecs et faillites dramatiques durant l’année 2022 – Terra (LUNA), Three Arrows Capital (3AC), Celsius, BlockFi, ,… et surtout FTX en novembre 2022 -, autant dire que l’ambiance n’était pas encore à la fête au début 2023. Car si le marché crypto, sans encore vraiment le réaliser/savoir, venait de passer le plus bas des cours de Bitcoin en décembre 2022, la communauté et les acteurs du secteur se regardaient encore en chiens de faïence, craignant une nouvelle catastrophe.
C’est ce moment plus que tendu qu’ont choisi la Commission nationale pour la protection des données personnelles et l’Agence nationale de lutte contre la corruption de Bulgarie pour soudainement mener une perquisition musclée dans les bureaux locaux de Nexo. La nouvelle (et la panique) s’est alors bien sûr propagée en un éclair dans la cryptopshère.
Le service de lending crypto, fondé en 2018, n’a lui même pas compris ce qui venait de lui tomber brusquement sur la tête, sans crier gare, et surtout au pire moment de faiblesse possible vu le contexte bearish (baissier) du secteur des actifs numériques. Résultat : en quelques heures à peine, 158 millions de dollars de cryptomonnaies ont fui Nexo, de par la simple peur prématurée qu’un nouveau drame/faillite se produise.
Nexo ne laissera pas impuni ce « coup politico-médiatique injustifié »
Quelques jours avant Noël dernier, le 21 décembre 2023, l’enquête pour blanchiment d’argent menée contre Nexo en Bulgarie a été fermée – contrairement à la perquisition, de façon très discrète cette fois. Il faut dire que « l’absence de preuves » expliquant cette clôture sans suite de l’affaire fait un peu tâche pour les autorités bulgares, vu tout le tintamarre paniquant fait en janvier 2023.
Dans un communiqué de presse paru ce 24 janvier 2024, Nexo AG et ses filiales ont ainsi déposé une demande d’arbitrage contre la République de Bulgarie, demandant plus de 3 milliards de dollars de dédommagements.
Le service de lending demande cette somme en compensation « des dommages et des opportunités perdues causés par les actions injustifiées et politiquement motivées du pays contre la société et ses dirigeants ». C’est le cabinet d’avocats américain Pillsbury Winthrop Shaw Pittman LLP qui a déposé cette plainte auprès du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (ICSID) de la Banque mondiale (World Bank) à Washington, DC (USA).
« Après avoir examiné l’affaire en profondeur, nous sommes convaincus de la solidité de la demande de Nexo. »
Matthew Oresman, associé directeur du bureau de Londres du cabinet Pillsbury
Nexo estime en effet que sa marque et sa réputation ont été « endommagées » par les accusations et la procédure sans ménagement menées par les autorités bulgares. Surtout que la cryptosphère était alors en pleine crise de confiance, encore traumatisée par le gel soudain des retraits cryptos de concurrents comme BlockFi et Celsius. Finissons sur ces propos empreints d’espoir d’Antoni Trenchev, co-fondateur de Nexo : « Par notre action, nous espérons montrer à ceux qui détiennent le pouvoir que leurs actes ont des conséquences et, espérons-le, empêcher de telles destructions de valeur inutiles à l’avenir. ».