Scandale FTX : la justice américaine s’interroge encore sur le rôle des parents de SBF
Victimes collatérales des crimes de leur fils ? Cela pourrait résumer la position des avocats de Joseph Bankman et de Barbara Fried qui clament haut et fort que leurs clients n’ont rien à voir avec les malversations de leur fils. Ils ne savaient rien, n’ont profité de rien et ils ne méritent absolument pas de passer devant la justice. Voilà pour la position de la défense. Evidemment, du côté des plaignants, c’est un autre son de cloche et on se demande dans quelle mesure il est possible de profiter de villas luxueuses, d’avantages en nature fastueux et de recevoir des millions de dollars de cadeaux sans se demander d’où ils peuvent venir ? La défense vient de publier un rapport préliminaire à ce sujet . Nous allons aussi voir comment le couple Bankman-Fried justifie les faits que la justice leur reproche.
Joseph Bankman et Barbara Fried clament leur innocence…
Pour la défense des parents de Sam Bankman-Fried les choses sont assez simples : les parents n’ont rien à voir avec cette affaire dans la mesure où ils n’occupaient aucune fonction officielle chez FTX ou Alameda. Extrait du dossier :
« Les débiteurs de FTX et d’Alameda Research cherchent à capitaliser sur le simple fait que le fils des défendeurs [Joseph Bankman et Barbara Fried] était l’un des fondateurs et dirigeants des entités débitrices. Cette simple relation ne peut donner lieu à une action en justice et ceci bien que les plaignants allèguent que les défendeurs ont interagi avec les entités débitrices (…), aucun des défendeurs n’a jamais occupé de rôle exécutif d’aucune sorte. »
Les avocats de M. Bankman et de Mme Fried – Source : dossier préparé par la défense et remis à la justice
Effectivement, être les parents d’un criminel ne fait pas d’eux des repris de justice et ce simple fait ne mérite pas qu’on les traduise devant un tribunal. Mais dans cette affaire, il ne s’agit pas seulement d’une relation familiale car les Bankman-Fried auraient a priori profité de multiples avantages financiers et voici comment ils les expliquent.
Commençons tout d’abord avec les dons d’argent à l’Université Stanford, où travaillent les deux parents de SBF, qui auraient soi-disant profité au couple. Que nenni affirme le dossier ! Personne n’a obligé FTX ni Alameda à les faire et la position de conseiller spécial FTX Philanthropy du père n’a rien à voir là-dedans. D’ailleurs, ni lui ni sa femme n’ont reçu le moindre dollar de ces dons.
… car ils n’avaient aucun moyen de connaitre l’origine des fonds donnés par FTX
Ensuite c’est le rôle précis des parents dans la gestion des sociétés de leur fils qui est remis en question par les avocats. Non, ils n’avaient aucune fonction officielle dans aucune structure mise en cause et ils n’avaient donc aucun pouvoir de contrôler ce qu’il se passait dans les coulisses de ces sociétés.
Concernant le don de 10 millions de dollars qualifié de cadeau par les parents, la défense est simple : au moment des faits, ils étaient persuadés que la société FTX Trading était valorisé à 32 milliards de dollars et FTX a 8 milliards, donc il n’y avait aucune raison de refuser 10 petits millions. Quant aux échanges entre le père et le fils, il s’agissait de simples conseils fiscaux pour organiser le transfert.
Passons maintenant à la villa Blue Water aux Bahamas qu’aurait occupé la famille Bankman-Fried et là encore, il y a maldonne. La maison n’était pas à leur nom et ils ne l’ont jamais habité comme résidence principale. Pour eux tout ceci appartenait aux sociétés de leur fils et ils en ont simplement profité, tout comme les employés de FTX et Alameda.
Enfin, à propos des différents dons à des partis politiques organisés par la mère de SBF en tant que présidente du comité d’action politique indépendant Mind The Gap financé par son fils, elle ne savait pas que l’argent venait des utilisateurs de FTX. Et même si l’ancien chef de l’ingénierie de la société, Nishad Singh, a avoué avoir contourné les lois sur le financement des campagnes électorales, rien ne prouve qu’il y a un lien avec les activités de Mme Fried. C’est maintenant à la justice de déterminer si ces arguments sont recevables et si le couple mérite, ou pas, d’aller devant la justice.