Crypto-gaming : Un long chemin avant l’adoption de masse
Web3, Crypto, NFT, tabou chez les gamers ? – Dans le monde du gaming, l’accueil des jeux web3 est plutôt mitigé. Il suffit pour cela de se rappeler le revirement de position du PDG d’Ubisoft, Yves Guillemot, à propos de l’intégration des NFT dans ses jeux. Une des raisons ? La levée de boucliers des joueurs voyant d’un mauvais œil l’arrivée de cette innovation au sein de leurs jeux préférés. Pourtant, depuis début 2022, ce sont déjà 5 milliards de dollars qui ont été investis dans le développement de jeux blockchain. Il y aurait donc quand même un marché ? Creusons le sujet.
Le grand public, la cible manqué du crypto-gaming
Les aficionados du gaming réfractaires aux cryptos occupent-ils réellement une place significative dans la communauté ? Pour le savoir, la société Coda Labs a mené son enquête auprès de 6921 candidats répartis entre les US, l’Angleterre, le Brésil, l’Afrique du Sud et le Japon. Pour se qualifier au sondage, les personnes devaient répondre à deux critères au choix :
- Jouer à des jeux vidéos au moins deux fois par mois ;
- Être familier au monde de la crypto, typiquement avoir déjà effectué une transaction sur un DEX (Decentralized Exchange), acheté un NFT ou utilisé Metamask.
Le panel regroupait 81% de gamers non familiers des cryptos, 16% de crypto-gamers et 3% d’utilisateurs de cryptos non gamers. Et le constat est sans appel. Le mauvais apriori des gamers vis-à-vis des cryptos et des NFT n’est pas un coup de bluff. Avec une notation de leur sentiment à 4,5 sur 10, peut mieux faire.
Par ailleurs, il ne faut pas se voiler la face. Pour l’ensemble du panel interrogé, le principal intérêt recherché consiste à gagner des cryptos, et non plus à « jouer pour le fun ». En cela, on constate que le Web3-gaming a pour l’instant raté sa cible. L’intérêt économique marche un temps sur un public acquis à la cause crypto, mais le grand public, lui, souhaite simplement s’amuser, se changer les idées.
Le Web3-gaming, de multiples barrières à l’entrée
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. 52% des gamers non familiers des jeux Web3 s’interrogent tout simplement sur la façon d’y jouer. Il faut dire que les barrières à l’entrée sont encore nombreuses. Souvent, détenir un wallet comme Metamask est obligatoire. Le joueur web3 doit installer le bon réseau, acquérir des cryptos et les envoyer dessus. Pour cela, il faut évidemment en avoir acheté et donc s’être inscrit sur un exchange. Une fois inscrit, il est nécessaire d’effectuer un virement en euro depuis son compte en banque ou sa carte bancaire, comprendre comment acheter ses cryptos et comment les envoyer sur son propre wallet. Il faut aussi s’habituer à l’idée que son argent puisse transiter sur internet via une extension Google, principe qui peut rebuter une personne non initiée.
Le crypto-gaming, des barrières à l’entrée amenées à être progressivement effacées ?
Pour l’instant, c’est un véritable parcours du combattant pour un novice. Et à ce moment-là, le joueur motivé par la curiosité n’est pas au bout de ses soucis. Car de très nombreux Play-to-Earn demandent un investissement conséquent avant même d’avoir commencé à jouer. On parle ici de plusieurs centaines d’euros pour acquérir un premier NFT permettant de démarrer le jeu. De quoi rebuter les plus coriaces des gamers, habitués à mettre 50€ dans un jeu plus traditionnel certes, mais leur promettant des dizaines d’heures d’amusement sans prise de tête.
Bilan de l’affaire, seulement 12% des gamers non familiers du crypto-gaming s’y essayent.
Bien que les avis sur le web3-gaming soient mitigés, il faut remettre les choses dans leur contexte. Le secteur est jeune et se cherche encore. Les infrastructures nécessaires à une adoption de masse sont en cours de construction. Les multiples tentatives et échecs des Play-to-Earn d’aujourd’hui serviront à construire de solides fondations pour les futurs bangers de demain. Des jeux où le fun se mariera à la perfection avec une accessibilité aisée et cerise le gâteau, des cryptos et des NFT en cadeaux. Serez-vous alors prêt pour le raz-de-marée ?