Bitcoin et protectionnisme économique : quand l’Iran tente de mettre la crypto en cage
L’Iran veut régner en seul maître – Selon la Commissaire de la SEC, Hester Pierce, pour interdire Bitcoin dans un pays, il faudrait couper l’accès à internet. Néanmoins, l’interdiction pure et simple n’est pas la seule option d’un gouvernement qui souhaite encadrer le flux de cryptomonnaies entrant et sortant de ses frontières. C’est ce qu’est en train de démontrer l’Iran au travers de sa stratégie nationale pour les actifs numériques.
L’Iran, premier instigateur d’une politique Bitcoin protectionniste
La Banque centrale iranienne a annoncé que les actifs numériques négociés en Iran devaient avoir été minés dans le pays, interdisant ainsi le négoce à l’étranger. Il y a 2 semaines, la Banque centrale du pays a autorisé les institutions financières à payer les importations en cryptos. Toutefois, ces acteurs peuvent seulement utiliser des actifs numériques provenant de mineurs accrédités par l’État.
Contrairement aux avis de certains observateurs, cette mesure ne devrait pas se montrer particulièrement difficile à mettre en œuvre.
On notera que la démarche vise directement les particuliers qui pourront cependant toujours utiliser un VPN pour s’affranchir des barrières posées par le gouvernement (d’où l’idée qu’il faudrait couper internet pour véritablement bannir Bitcoin). À l’inverse, l’Iran étant partiellement coupé de l’économie mondiale, il est devenu assez simple pour les services de l’État de surveiller les flux financiers des entreprises.
Cette réglementation concerne les entreprises et vient renforcer la position de la Banque centrale comme clé de voute de l’écosystème des actifs numériques iranien. Le gouvernement accorde des concessions minières à des acteurs qui profitent des importantes réserves de pétrole et de gaz du pays pour miner des actifs numériques à bas coût. Ces actifs seront ensuite revendus à la Banque centrale qui devient le guichet unique pour acquérir des actifs numériques, pouvant désormais être utilisés pour payer des importations.
Fondamentalement, l’Iran vient de créer un outil industriel compétitif produisant une denrée rare que les entreprises du pays doivent acheter. On voit ici les bases de toute politique protectionniste, qui consiste à favoriser les acteurs nationaux à travers un corpus législatif améliorant leur compétitivité ou réduisant l’accès aux importations. La politique iranienne en matière d’actifs numériques est inédite, mais semble mûrement réfléchie dans un contexte monétaire incertain où les grandes puissances cherchent à imposer leurs devises.