Le Relative Strength Index (RSI) ou indice de force relative est un indicateur utilisé en analyse technique pour déterminer le momentum d’un marché. Il est l’un des outils les plus populaires en trading, et fait généralement partie de l’arsenal de base du trader.
Le RSI est se présente sous la forme d’un oscillateur, borné entre 0 et 100. Il fut conçu par J. Welles Wilder Jr. et décrit dans son ouvrage de 1978 intitulé “New Concepts in Technical Trading Systems.”
Dans cet article, nous allons présenter la construction de cet indicateur. Nous passerons en revue les différentes façon de l’utiliser, les stratégies de trading l’incluant, et donnerons également ses limites.
Qu’est-ce que le Relative Strenght Index (RSI) ?
John Welles Wilder Jr. (11 juin 1935 – 18 avril 2021) était un ingénieur en mécanique américain, devenu par la suite promoteur immobilier. Il est cependant surtout connu pour ses travaux sur l’analyse technique. Wilder a créé plusieurs indicateurs techniques, qui sont désormais inclus dans tous les logiciels d’analyse et qui sont très utilisés par les traders :
- L’ATR (Average True Range ou plage réelle moyenne) ;
- L’ADI (Average Directional Index ou indice directionnel moyen) ;
- Le Parabolic SAR (Parabolic Stop And Reverse) ;
- Le RSI – Relative Strenght Index ou indice de force relative.
Nous nous intéressons ici à l’indice de force relative (RSI), qui a pour but de quantifier le momentum d’un marché. Cet oscillateur permet d’identifier des situations de surachat ou de survente. Cependant, ce n’est pas tout : le RSI est également utilisé pour détecter des changements de tendance quant au cours d’un actif. Il est également très utile pour prévenir les traders d’une correction des prix à venir.
Description
On l’affiche généralement au bas du graphique des prix. Pour entrer directement dans le vif du sujet, on considère qu’un RSI supérieur à 70 en zone de surachat (overbought). À l’inverse, un RSI inférieur à 30 signifie que l’actif est en zone de survente (oversold).
Le RSI est donc un oscillateur car il est composé d’une courbe oscillant entre sa valeur minimale (0) et maximale (100). Lorsque la courbe coupe la ligne de surachat, on considère que c’est un signal de vente. Lorsqu’il franchit à la baisse la ligne de survente, c’est un signal d’achat. Bien entendu, ce n’est pas aussi simple, et nous allons entrer dans les détails de cet outil.
L’utilisation du RSI en trading est plutôt conseillée dans des marchés qui “rangent”, c’est-à-dire des marchés où aucune tendance claire ne se dessine. Dans les marchés à forte tendance, il sera moins utile.
Fonctionnement du RSI
L’indice de force relative est donc un indicateur de momentum. Il indique la force ou la faiblesse de la dynamique du marché. Le RSI prend en compte l’historique du cours de l’actif et l’utilise à titre de comparaison avec son prix à l’instant t. Il permet de comparer la force de l’actif lorsque son cours est haussier, avec sa force lorsqu’il est baissier. C’est le résultat de cette comparaison qui indique aux traders le momentum du cours et la performance de l’actif. Comme tous les indicateurs, il est utilisé en conjonction avec d’autres outils pour aider à la décision.
Construction
La construction du RSI se décompose en deux calculs successifs.
Première étape
La première étape est représentée par la formule suivante :
RSI Étape n°1 = 100 – (100 / ( 1 + (Gain moyen / Perte moyenne))
On prend en compte la valeur absolue de la perte moyenne dans le calcul (le résultat de la division est donc toujours positif). Le gain et la perte moyenne sont pris en compte pour la période de temps choisie, et sont exprimés en pourcentage.
Durant les périodes de pertes, le gain moyen est de zéro. Inversement, durant les périodes de gain, la perte moyenne est de zéro.
La périodicité standard prise en compte pour le calcul est de 14 périodes. Il est bien entendu possible de personnaliser le calcul, bien que ce soit rarement le cas.
À titre d’exemple, nous pouvons prendre une durée de deux semaines. Si le marché a toujours clôturé chaque jour à la hausse durant la première semaine, avec un gain moyen de 2%, et si le marché à clôturé à la baisse tous les jours de la deuxième semaine, avec une perte moyenne de 1%, alors le calcul sera le suivant :
100 – (100 / ( 1 + ( ( 2% / 14 ) / ( 1% / 14 ) ) ) =
Deuxième étape
Une fois que l’on a 14 périodes de données disponibles, on peut passer à la deuxième étape. Elle consiste à lisser les résultats. De la sorte, dans un marché en forte tendance, le RSI se rapproche de 0 ou de 100.
RSI = 100 – ( 100 / (1 + ((dernier gain moyen * 13) + gain courant ) / ((dernière perte moyenne * 13) + perte courante )))
Le RSI est ensuite dessiné point par point sur un graphique, et nous obtenons la courbe de l’oscillateur.
Graphique
Dans les marchés en forte tendance, le RSI va donc rester sur la durée en zone de surachat (tendance haussière) ou de survente (tendance baissière). Il est donc important de prendre en compte le contexte, c’est-à-dire les tendances précédentes, pour utiliser l’indicateur.
Utilisation du RSI
Le RSI est utile à plusieurs fins :
- Valider une tendance ou un changement de tendance ;
- Détecter les situations de surachat ou de survente d’un actif ;
- Détecter des signaux d’achat ou de vente ;
- Prédire le comportement à venir du cours d’un actif.
Interprétation du RSI
Nous allons commencer par le plus simple : l’identification des situations de surachat ou de survente.
Surachat et survente
Surachat (oversold) : on dit qu’un actif est en surachat lorsque son prix est situé au-dessus de sa valeur intrinsèque. On peut dire que le prix ne reflète pas sa “vraie” valeur et qu’il est trop élevé. Les traders risquant de vendre, le marché devrait donc corriger et ramener le cours plus bas.” Un RSI supérieur à 70 est signe de surachat.
Survente (overbought) : on dit qu’un actif est en survente lorsque son prix se trouve au-dessous de sa valeur intrinsèque. Les traders auraient donc intérêt à acheter l’actif, et le marché devrait donc hausser le cours plus près de sa “vraie” valeur. Un RSI inférieur à 30 est signe de survente.
Le RSI donne donc des indications sur la différence entre le cours actuel d’un actif et sa valeur supposée “réelle” ou “intrinsèque”. De la même façon qu’en effectuant une analyse fondamentale, le trader cherchera à entrer sur le marché en achetant un actif survendu, en espérant un retournement de tendance à la hausse. Il s’agit de l’interprétation la plus basique du RSI.
Le vendeur à découvert (short seller) pourra utiliser le RSI pour détecter un retournement de la tendance haussière et l’exploiter.
Prise en compte de la tendance pour interpréter le RSI
Les niveaux de surachat et de survente (représentés par des valeur du RSI supérieures à 70 ou inférieures à 30) doivent être mis en corrélation avec la tendance générale du cours de l’actif considéré.
Dans un marché à tendance haussière, comme peut l‘être Bitcoin en bull run, la zone de survente commencera probablement au-dessus du niveau des 30. À l’inverse, si la tendance du marché est fortement baissière, la zone de surachat peut être ramenée en-deçà de la valeur 70.
Ainsi, il est facile de trouver des exemples de bear market ou le RSI ne dépasse pas les 50-55, et un pic du RSI dans une telle tendance suggère un signal de vente. Les traders peuvent donc placer un niveau entre ces deux valeurs en fonction de la tendance globale observée.
Comme nous l’avons mentionné précédemment, le RSI et ces valeurs (30 et 70) sont plus fiables dans un marché en range, où la tendance est relativement neutre. Elles sont généralement suffisantes pour donner une idée du momentum du cours. Dans un marché à la tendance forte, cette interprétation simple du RSI générera beaucoup de faux signaux.
La recommandation classique est donc de rester conforme à la tendance dans l’utilisation du RSI. En tendance haussière, privilégier les signaux haussiers; en tendance baissière, privilégier les signaux baissiers.
Marchés à forte tendance (Bitcoin)
Il faut donc faire particulièrement attention à ces valeurs dans les marchés à forte tendance. C’est régulièrement le cas pour Bitcoin, et les cryptomonnaies en général. On observe régulièrement le RSI rester englué dans une zone de surachat ou de survente dans ces conditions.
Ainsi, dans un marché fortement haussier, si le RSI peine à atteindre les 70, le momentum est probablement en train de s’affaiblir. S’il chute soudainement dans la zone de survente, une correction est probable.
L’inverse est vrai dans un marché fortement baissier, où le RSI n’entre pourtant pas dans la zone de survente. Un pic soudain vers les 70 est à interpréter comme un signal d’achat potentiel.
C’est pourquoi, comme tout indicateur, le RSI est à mettre en corrélation avec d’autres pour plus de fiabilité. On privilégiera les indicateurs de momentum pour avoir une confirmation :
- Le MACD (Moving Average Convergence Divergence) ;
- L’ADX (Average Directional Index).
Repérer des divergences au sein de ces indicateurs peut donner de précieuses indications sur la fiabilité des signaux. Si le RSI donne une information mais que, par exemple, les deux indicateurs cités plus haut disent l’inverse, le signal est probablement de mauvaise qualité.
Les divergences appliquées au RSI
Les divergences entre un indicateur et l’action du prix d’un actif sont présentées en détails dans cet article. Dans le cas du RSI, une divergence se produit lorsqu’un changement du momentum est détecté sur l’oscillateur, mais n’est pas reflétée par le cours de l’actif.
Divergence haussière
Un divergence haussière régulière se produit lorsque le prix fait des bas de plus en plus bas (lower lows), mais que le RSI, en survente, fait des bas de plus en plus hauts (higher lows). Elle indique un changement de momentum, et la sortie du RSI de la zone de survente est un signal d’achat (long).
Une divergence baissière se produit lorsque le prix fait des hauts de plus en plus hauts (higher highs), mais que le RSI, en zone de surachat, fait des hauts de plus en plus bas (lower highs). Le momentum s’essouffle, et une sortie de la zone de surachat est un signal de vente.
Inversions du RSI positives et négatives
Une inversion positive du RSI se produit une fois qu’il atteint un plus bas inférieur à son plus bas précédent, tandis que le prix de l’actif atteint un plus bas supérieur à son plus bas précédent. Cette formation est un signal haussier (achat).
À l’inverse, une inversion négative du RSI se produit s’il atteint un sommet supérieur à son sommet précédent, tandis que le prix de l’actif atteint un sommet inférieur. Cette formation est un signal baissier (vente).
Les swing rejections sur le RSI
Ces formations sont également très utiles à détecter pour le trader. Elles se décomposent en plusieurs étapes, et se produisent lors du croisement avec les niveaux de surachat ou de survente :
- Le RSI tombe dans la zone de survente ;
- Le RSI surgit à nouveau hors de la zone de survente ;
- Il forme un nouveau low, mais sans rentrer dans la zone de survente ;
- Il imprime ensuite un higher high (un sommet plus haut que le précédent).
Il s’agit d’une bullish swing rejection, un signal qui est donc haussier. La version inverse (bearish swing rejection) est donc la suivante :
- Le RSI entre dans la zone de surachat ;
- Il en ressort ;
- Il forme un nouveau high, mais ne dépasse pas le précédent, et reste hors de la zone de surachat ;
- Il imprime ensuite un bas plus bas que le précédent (lower low).
Une bearish swing rejection est donc en toute logique un signal de vente.
Encore une fois, ces formations sont à utiliser en accord avec la tendance générale du marché. On privilégiera les signaux haussiers en marché haussier et les signaux baissiers en marché baissier.
Limites du RSI
La première faiblesse du RSI est qu’il est un indicateur générant beaucoup de faux signaux dans les marchés à tendance forte. Il est beaucoup plus fiable dans les marchés peu directionnels.
De plus, il reste complexe à interpréter seul sans prendre en compte la tendance globale (long terme) du marché. Il faut donc l’utiliser avec prudence, et s’aider d’autres indicateurs, comme les indicateurs de momentum précédemment cités (MACD, ADR).
Le RSI peut rester englué dans une zone de surachat ou de survente durant des périodes étendue, et sera alors d’une faible utilité. Il faudra repérer les croisements avec les niveaux critiques pour détecter des signaux intéressants.
Être trop naïf dans son utilisation serait par exemple d’acheter lorsque le RSI est inférieur à 30, et de vendre lorsqu’il est supérieur à 70. Bien entendu, ce n’est pas aussi simple. En marché baissier, un lower low du RSI, même s’il est déjà dans la zone de survente, ne signifie pas que le cours de l’actif ne peut pas continuer à chuter de plus belle.
L’inverse est moins vrai en marché haussier. Un RSI qui reste cantonné en zone de surachat longuement doit mettre la puce à l’oreille. Un jour ou l’autre, une correction se fera sentir. Cependant, dans cette situation, le RSI peut aussi mentir. Bitcoin en est un bon exemple, il est facile de voir de telles situations lorsque son cours est insolemment haussier, comme en 2017.
Conclusion
Nous avons présenté dans cet article le Relative Strenght Index et ses cas d’utilisation. En guise de conclusion, n’oublions pas que l’analyse technique est loin d’être une science exacte. Les indicateurs sont à utiliser avec précaution et à interpréter avec l’aide d’autres outils.
Cet article n’est en aucun cas un appel à l’investissement. Le trading comporte de nombreux risques financiers et psychologiques. C’est également une activité soumise à la réglementation financière de votre pays de résidence.
