Melania Trump soupçonnée d’avoir acheté une fortune… ses propres NFT

Fair launch ? L’ex-première dame des Etats-Unis Melania Trump s’est récemment lancée dans les NFT. Elle a d’abord mis en vente une première collection sur la blockchain Solana, avant de réitérer l’opération en janvier dernier. Son arrivée sur la scène NFT avait déjà donné lieu à des nombreuses réactions, et les doutes entourant sa seconde mise aux enchères ne vont rien atténuer.

Melania accusée de wash trading de NFT

Après une première collection mise en vente fin 2021, Melania Trump a récidivé en lançant sa seconde collection intitulée « Head of State ». Elle contient le chapeau blanc (dédicacé) qu’elle a porté lors de son premier diner d’Etat, à l’occasion de la réception d’Emmanuel et Brigitte Macron en 2018. Il est accompagné d’un dessin de Marc-Antoine Coulon ainsi que d’une version numérique et animée de ce dernier.

Watercolor on paper (Marc-Antoine Coulon 2021). Source

Mise en ligne le 11 janvier, l’enchère a été raflée à la fin du mois par un heureux propriétaire, ravi de se délester de 1800 SOL pour mettre la main sur ces 3 pièces de collection. Cela équivalait à l’époque à 270 000 dollars (contre 178 000 $ aujourd’hui).

Considérant que la blockchain compile toutes les transactions, il est donc possible d’avoir plus de détails sur cette enchère. De gros doutes ont ainsi rapidement été émis quant à l’honnêteté de cette vente aux enchères. Des doutes étayés par la blockchain et son registre tout simplement.

NFT : faciles à créer mais moins à écouler ?

Le lancement d’une collection NFT est une aventure excitante pour tout créateur de contenu. L’expérience s’est récemment démocratisée grâce à une pléiade d’outils. Le leader du marché OpenSea (sur les blockchains Ethereum et Polygon) a par exemple mis en ligne une solution rendant le mint gratuit (les frais reviennent à l’acheteur). Mais des alternatives aux frais prohibitifs d’ETH ont également vu le jour sur d’autres layers 1 telles que Solana et son Solsea. Mais une fois mise en ligne, l’œuvre doit « rencontrer son public ».

Or, après enquête et suivi des adresses impliquées dans la vente aux enchères de Melania Trump, il s’avère qu’il y a un lien entre :

  • le wallet ayant mis en ligne l’enchère sur la blockchain Solana
  • le wallet ayant remporté l’enchère pour 1800 SOL

Pour résumer, le nouveau propriétaire a reçu 1800 SOL le 25 janvier venant d’une adresse A. Cette adresse A a elle-même reçu les fonds via l’adresse B qui a crée le NFT mis aux enchères. L’adresse B (représentant donc le portefeuille de l’ayant droit, qui a mis en ligne la vente et donc théoriquement l’artiste) a renvoyé 1800 SOL à l’adresse A peu après la vente. Y’a un pixel qui coince là.

Pourquoi l’artiste renverrait l’intégralité de la somme qu’il vient de recevoir ? D’autant plus à son acquéreur ? Cela reviendrait à un airdrop de NFT, mais alors pourquoi passer par une vente aux enchères et se compliquer la tâche ?

Le doute est permis

Cité par Vice, l’expert et enquêteur spécialisé dans les transactions blockchain, zachxbt a authentifié les transactions. Il est difficile d’être catégorique et définitif quant à un potentiel wash trading comme le pointe l’enquêteur 3.0 :

« Etant donné que les fonds utilisés pour l’achat ont été fournis par le créateur du NFT, puis renvoyés vers une adresse liée au créateur du NFT. Il est envisageable que le réel acheteur ne soit pas familier des cryptos et qu’il ait envoyé les fonds à l’équipe de Melania pour qu’elle l’achète par procuration. Pas impossible, mais une demande bizarre. »

Source
L'adresse du créateur de l'enchère renvoie 1800 SOL à l'adresse A
L’adresse du créateur de l’enchère renvoie 1800 SOL à l’adresse A. Source

Vous l’aurez compris, de gros doutes sont permis autour de cet achat de NFT mais il est impossible d’être affirmatif. D’autant que la pratique de wash trading elle aussi se démocratise, même si dans les faits elle ne profite qu’a un tout petit nombre d’acteurs très compétents comme le montre le dernier rapport de Chainalysis sur les NFT.

Jeff Makvs

Enfant d’internet, j’essaie de me coucher chaque soir moins bête que la veille, notamment en observant la blockchain et ses acteurs. Je me réjouis de partager mes découvertes dans cet écosystème fascinant et avant-gardiste dès que j’en ai l’occasion : avant j’écrivais dans mon journal, maintenant j’écris dans le vôtre !