L’Italie réclame son trésor : Qui possède les 300 milliards de dollars d’or de la banque centrale ?
Pour tout l’or du monde. Une proposition législative émanant de la majorité parlementaire italienne vise à modifier le statut des importantes réserves d’or détenues par la Banque d’Italie. Le sénateur Lucio Malan, du parti Frères d’Italie, a confirmé que les législateurs souhaitaient déclarer que les 2 452 tonnes d’or de la banque centrale, évaluées à environ 300 milliards de dollars, appartiennent à l’État, agissant « au nom du peuple italien ». Cette démarche est présentée comme un moyen de prévenir l’utilisation future non souhaitée de ces actifs, l’Italie possédant d’ailleurs le troisième plus grand stock d’or national au monde, derrière les États-Unis et l’Allemagne. Toutefois, cette initiative ravive un débat de longue date et introduit une potentielle tension avec les institutions européennes.
- Une proposition législative italienne a cherché à déclarer les réserves d’or de la Banque d’Italie comme propriété de l’État.
- L’initiative soulève des tensions potentielles avec les règles de l’Union européenne sur l’autonomie des banques centrales.
La querelle de la propriété : Un amendement budgétaire en ligne de mire
L’action concrète prend la forme d’un amendement au budget 2026, comme l’explique Reuters. En inscrivant dans la loi que les réserves d’or sont une propriété d’État, les législateurs entendent ainsi clarifier définitivement le statut de ce patrimoine national. Par le passé, des politiciens de tous bords ont déjà appelé à une clarification de la propriété de l’or, souvent dans l’optique de le vendre ou de l’utiliser comme levier pour réduire la dette publique ou financer des réductions d’impôts et des dépenses.
Le sénateur Malan a cependant cherché à rassurer, niant tout plan de la coalition pour vendre l’or. Il affirme que l’objectif est simplement de « désamorcer le risque » que les réserves ne soient liquidées, sans fournir de détails supplémentaires sur les risques perçus. La Banque d’Italie indique sur son site que l’or peut être mobilisé comme garantie pour obtenir des prêts ou, en dernier recours, vendu sur le marché pour soutenir la valeur de l’euro. La clarification souhaitée par l’amendement vise donc à restreindre cette latitude d’utilisation future par la banque centrale elle-même.

Le veto potentiel de l’Union européenne
Le principal obstacle à cette initiative réside dans les règles régissant l’autonomie des banques centrales au sein de l’Union européenne. Les traités de l’UE et les statuts du Système européen de banques centrales (SEBC) interdisent aux banques centrales de solliciter ou d’accepter des instructions de la part des gouvernements nationaux.
L’immixtion d’un État membre dans la gestion ou la propriété des réserves d’une banque centrale nationale est ainsi considérée comme une atteinte à son autonomie. La Banque centrale européenne (BCE) a déjà émis un avertissement en 2019, lors d’une initiative similaire, soulignant qu’une telle restriction sur la gestion des réserves d’or serait incompatible avec le cadre des traités. Avant de promulguer une législation sur ce sujet, un responsable gouvernemental a confirmé que l’Italie chercherait l’avis de la Banque d’Italie ainsi que celui de la BCE, reconnaissant ainsi la nécessité d’une validation supranationale.
La volonté du gouvernement italien d’inscrire la propriété des réserves d’or dans la loi illustre la tension persistante entre la souveraineté nationale sur un actif stratégique et les obligations découlant de l’appartenance à la zone euro. Bien que les législateurs affirment vouloir simplement sécuriser les réserves, la démarche soulève de sérieuses questions juridiques quant au respect de l’autonomie institutionnelle, un principe fondamental du système monétaire européen. L’issue de cette proposition dépendra de l’évaluation finale des deux institutions financières concernées : la Banque d’Italie et la BCE.