Le Maroc prêt à sortir Bitcoin de la clandestinité ? Le texte de loi qui va tout changer

Bitcoin enfin dans les bonnes grâces – On connaissait déjà le trilemme de la blockchain. Voici maintenant le dilemme des banques centrales : comment protéger le consommateur, sans rater le train des cryptomonnaies. La dernière instance à devoir trancher est la Bank Al-Maghrib (BAM), qui est la banque centrale du Maroc. Après des années de prohibition plutôt inefficace, le Royaume de Mohammed VI s’apprête à tourner casaque à propos de Bitcoin & Co. Un texte de loi est imminent et devrait éclaircir les choses. Direction Rabat pour faire le point…

Un projet de loi mûrement réfléchi après moultes consultations

« Le projet de loi est prêt ». Voici les mots du gouverneur de la banque centrale du Maroc, Abdellatif Jouahiri. Ce dernier a assuré à la presse que le texte de loi proposerait un cadre règlementaire adapté à la réalité économique de son pays. Il s’agit en substance de protéger les consommateurs, sans pour autant contraindre ce secteur innovant. Et c’est pour cela que l’institution a pris son temps pour mettre au point ce projet.

Afin d’être sûr de bien baliser les choses, les équipes de la BAM n’ont pas lésiner sur les moyens. Abdellatif Jouahiri a ainsi annoncé devoir rencontrer de multiples instances nationales, mais aussi internationales. Au Maroc, il y aura eu des discussions avec les régulateurs locaux que sont l’Autorité marocaine des marchés des capitaux et l’Autorité de contrôle des assurances et de la sécurité sociale. Et au niveau international, Rabat a collaboré avec le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale.

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Une interdiction stricte avec des effets plutôt contre-intuitifs

La presse spécialisée a même rapporté qu’il y aurait eu des entrevues avec plusieurs banques centrales à Paris, Stockholm ou encore Zurich. On attend une communication officielle dans les semaines qui viennent pour en savoir un peu plus sur ce projet de loi. Mais dans les circonstances actuelles, il devenait effectivement urgent de modifier un cadre bien trop strict. En effet, le commerce et la détention de cryptomonnaies étaient jusqu’alors totalement interdits.

Comme on pouvait s’y attendre, les Marocains n’ont pas vraiment respecté cette prohibition. En effet, le Maroc est devenu le marché crypto à la croissance la plus importante de toute la sous-région. En passant de 2,4 à 3,1 % de la population en un an, le royaume a montré tout son intérêt pour ses nouvelles technologies financières. D’ailleurs, l’Afrique du Nord dans son ensemble et le Moyen-Orient ont la croissance la plus rapide du monde dans ce domaine, avec 48 % d’augmentation entre 2021 et 2022.

La Banque centrale du Maroc a finalement besoin de règlementer rapidement des pratiques qui se démocratisent hors de son champ de contrôle. Comme beaucoup de régulateurs, elle court après le temps perdu. Elle cherche à reprendre le contrôle sur le cours des choses. Car sa population, elle, a commencé à embrasser le futur de la monnaie avec un appétit déjà vu dans le reste du continent. Inflation, bancarisation faible et diaspora importante font ainsi partie des raisons principales qui poussent l’Afrique dans les bras de Bitcoin.

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