Cryptomonnaie et politique : Vitalik Buterin relance le débat autour des candidats soi-disant pro crypto
Crypto is politic. Alors que la France est actuellement dans une situation politique inédite et que les États-Unis traversent une campagne présidentielle riche en rebondissements, la question du choix du personnel politique se pose plus que jamais. Mais comment décide-t-on pour qui on vote ? Est-ce une question de parti politique ? De programme ? Peut-on faire confiance aux promesses des candidats ? Le cas de la cryptomonnaie est symptomatique de ces questionnements et Vitalik Buterin vient de publier une lettre ouverte où il appelle à se méfier des hommes et des femmes en campagne un peu trop pro crypto à son goût et il exhorte les électeurs américains à bien réfléchir aux conséquences de leur éventuel vote en novembre prochain. Bien entendu, certains acteurs du secteur ne sont pas d’accord avec lui et lui ont fait savoir. Retour sur une question politico-philosophique qui divise autant qu’elle interpelle.
Vitalik Buterin appelle à la méfiance face aux candidats un peu trop pro crypto
Dans une longue introduction, le cofondateur d’Ethereum va rappeler que ces dernières années ont vu un certain interventionnisme politique à l’œuvre dans la cryptomonnaie avec des règlements et des lois qui ont sorti le Web3 de la clandestinité et de la zone grise. MiCa en Europe, projet de loi FIT 21 aux États-Unis, stablecoins au Royaume-Uni, le pouvoir législatif est venu adouber le secteur crypto et a, par exemple, permis l’avènement des ETF Bitcoin à Wall Street. Fatalement, l’argent coulant à flot dans l’industrie, la question de savoir qui est pro ou anti crypto se pose désormais et il serait tentant de voter pour des candidats affichant un soutien à ce secteur.
Mais est-ce que la crypto est seulement une histoire de gros sous ? Pour Vitalik Buterin, la réponse est clairement non. Pour lui, l’argent est une des composantes de la crypto mais pas forcément l’essentielle. Il insiste par exemple sur la notion de liberté chère à l’esprit des Libertariens . Il développe aussi cette idée autour des thèmes de la confidentialité des échanges numériques et d’une certaine idée de l’anonymat en ligne, du respect de la vie privée et de ses données personnelles, de la liberté de penser et de s’exprimer et il insistera sur la liberté de circulation chère aux internationalistes comme lui.
Vitalik Buterin, en jeune homme de son époque, est un progressiste convaincu et il est persuadé que la crypto véhicule et doit véhiculer ces valeurs, au delà de l’argent.
La cryptosphère est clairement divisée sur le sujet et le cas Donald Trump cristallise les passions
Pour lui, on ne peut pas voter pour quelqu’un qui prétendrait être pro crypto s’il n’est pas par ailleurs également défenseur de toutes les formes de liberté qui vont avec ! Il prendra l’exemple de la Russie qui s’affiche officiellement favorable aux cryptomonnaies quand ça l’arrange, comme pour contourner les sanctions internationales par exemple, mais qui empêche sa population de jouir de la même liberté. Il s’agit d’un paradoxe inacceptable pour le gourou d’Ethereum qui, sans jamais le nommer, pense aussi très fort à Donald Trump et à ses déclarations en faveur d’un secteur crypto qui court derrière lui et finance sa campagne à grands coups de millions de dollars.
Peut-on raisonnablement voter pour Trump parce qu’il permettra de s’enrichir en crypto sans tenir compte de ses positions conservatrices, voire rétrogrades sur certains sujets sociétaux ? Pour Vitalik Buterin, c’est non. Et il rappelle à toutes fins utiles que faire confiance à un homme politique est un pari que chacun prend en son âme et conscience. Quelles étaient les positions de Trump sur Bitcoin, il y a cinq ans ? Quelles seront ses positions dans cinq ans ? A priori, la versatilité du personnel politique n’a égal que sa capacité à faire des promesses faciles !
Le débat est lancé et Arthur Hayes soutient le fondateur d’Ethereum en affirmant que Donald Trump n’est pas sincère dans sa défense du secteur. Il aimerait d’ailleurs que le sujet de Bitcoin & Co ne soit plus autant politique et arrive à s’extraire de la mêlée. Enfin, Charles Hoskinson pense lui le contraire et soutient ouvertement le candidat Républicain face au danger de mort que représenteraient les Démocrates pour l’industrie crypto. Seul face à nos décisions dans un isoloir, il revient à chacun de se poser les bonnes questions et de déterminer si quelques promesses électorales qui nous sont favorables suffisent à faire oublier le reste d’un programme qui ne nous satisferait pas.
La cryptomonnaie est définitivement devenue une affaire politiquement sérieuse et elle n’échappe donc plus aux querelles de chapelles qui divisent actuellement les États-Unis à moins de quatre mois d’une élection annoncée comme historique.