Gestion calamiteuse de FTX et Alameda : 100 millions de dollars en ethers (ETH) sur un post-it
La comptabilité de FTX est une torture – Depuis la faillite de la plateforme FTX en novembre 2022, les repreneurs et liquidateurs menés par John J. Ray III vivent un enfer dans la jungle luxuriante et sauvage qu’est la comptabilité du groupe fondé par Sam Bankman-Fried (SBF). Un des derniers scandales en date est d’avoir découvert que 100 millions de dollars en Ethereum (ETH) avaient leur clé privée stockée sans chiffrage sur un serveur accessible par plusieurs employés.
Sam Bankman-Fried avoue qu’Alameda est un foutoir impossible à auditer
Les liquidateurs du groupe FTX viennent de sortir un rapport, ce 9 avril 2023, sur les nombreuses « défaillances de contrôle » des sociétés de Sam Bankman-Fried (« défaillances » étant un mot très poli et faible pour désigner ce bordel infâme).
Dans ce document de 45 pages, c’est des paroles prononcées par SBF, lui-même, qui illustrent le mieux la vaste blague qu’était la gestion d’Alameda Research. Le fondateur et ex-CEO de FTX désigne même son entreprise en la qualifiant de « unauditable » (impossible à auditer) tellement ses comptes étaient un champ de ruines miné.
« [Alameda] est hilarant, au-delà de tout seuil de capacité d’un auditeur à réaliser ne serait-ce qu’une partie d’un audit. Alameda n’est pas auditable. Je ne veux pas dire par là qu’un grand cabinet comptable hésiterait à l’auditer ; je veux dire par là que nous ne sommes capables que d’évaluer approximativement ses soldes, sans parler de quelque chose comme un historique complet des transactions. Il arrive que nous trouvions des actifs d’une valeur de 50 millions de dollars dont nous avions perdu la trace ; ainsi va la vie. »
Sam Bankman-Fried à propos de sa propre entreprise Alameda Research
Des centaines de millions de dollars de cryptos de FTX « stockées » à l’arrache
Si la comptabilité était désastreuse, la gestion du stockage des cryptomonnaies était, elle, carrément effrayante. La description de ces (non-)méthodes de garde par les équipes de John Ray est sans appel :
« Malgré les risques bien évidents, les clés privées et les phrases mnémoniques (seed phrases) utilisées par FTX.com, FTX.US et Alameda ont été stockées à divers endroits de l’environnement informatique du groupe FTX, de manière désorganisée, en utilisant diverses méthodes non sécurisées et sans aucune procédure uniforme ou documentée. »
Parmi les joyeusetés données en exemple, figure donc le stockage des clés privées de 100 millions de dollars d’ethers dans un fichier note en texte clair (sans aucun chiffrage/protection) sur un serveur du groupe FTX. Mieux (ou pire, plutôt) des clés privées permettant l’accès à « des milliards de dollars de crypto-actifs » étaient stockées via le service Amazon appelé « AWS Secrets Manager ». Or, les liquidateurs désignent cet outil comme inadapté pour de telles sommes. En effet, n’importe quel employé de FTX ayant accès à ce service Amazon aurait pu accéder et se transférer ces cryptos.
Si les évidences de mauvaises gestions catastrophiques se multiplient, Sam Bankman-Fried continue de jouer les innocents. En effet, l’ex-CEO de FTX vient encore récemment de plaider non coupable à deux nouvelles charges judiciaires le concernant. Ce qui porte d’ailleurs au nombre de 13 les chefs d’accusation à son encontre.
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Rémy R.
Issu d’une formation universitaire en Sciences, je m’intéresse aux blockchains et à Bitcoin depuis 2013 et en ai même miné à l’époque. La bulle qui s'en est suivie m'en a détourné, mais je m'y suis replongé depuis 2017 et les étudie depuis avec passion.
