Interview du créateur du plus sexy des hardware wallets
Cette expédition singapourienne fut chargée en rencontres, dieu merci intéressantes. Lors de mon passage au Blockshow, j’ai eu l’opportunité d’échanger avec Michael Ou (encore un Michael !), fondateur de CoolBitX, une entreprise taïwanaise connue pour son hardware wallet au format carte bancaire, le CoolWallet S ! C’est très clairement mon wallet préféré et c’est pour cela que j’en ai fait une revue complète, étant pourtant très flemmard. Cette discussion, c’est un peu l’acte final qui vient compléter une passion si longuement entretenue pour ce produit. (Oui, je shill sévère là) Bref, trêve d’introductions, j’espère que vous apprécierez cette interview !
Bonjour Michael, qui es-tu ? Dis-nous en plus à ton sujet, s’il te plaît !
Je suis Michael Ou, fondateur et CEO de CoolBitX. J’ai 7 ans de background dans la conception de structures de sécurité de niveau bancaire, et j’ai été invité par le « Groupe d’action financière » (GAFI) et les Nations-Unies à plusieurs reprises pour apporter mon expertise quant aux actifs virtuels et la lutte contre le blanchiment d’argent. À côté de ça, je suis aussi dans le conseil d’administration d’une compagnie cotée en bourse à Taiwan, qui propose des solution de cyber-banking et de sécurité numérique à plus de 50 banques dans 30 pays. Bref, la conception de systèmes de sécurité bancaires, c’est l’histoire ma vie.
Pour ce qui en est de Bitcoin, j’en ai entendu parler pour la première fois en 2013. Je me suis dit qu’il pourrait être intéressant de reprendre les procédés et techniques que nous appliquons dans le monde bancaire pour concevoir un produit crypto. Je souhaite contribuer à l’évolution et à l’adoption des cryptomonnaies, en proposant une expérience simple, conforme et performante. Sans ces caractéristiques, cette industrie ne pourra pas décoller.
Très bien. En me renseignant un peu à ton sujet, j’ai appris que les cartes sécurisées, c’est une affaire familiale chez toi. Ton père concevait déjà des cartes sécurisées depuis près de 20 ans, je me trompe ?
Les puces sécurisées, les cartes d’identification, les solutions 2FA. Oui, nous faisons ça. C’est dans le sang ! 🙂
Presque rassurant, ha ha ha ! J’ai lu aussi, que vous avez levé des fonds les gars ! 13 millions de dollars sur la dernière levée, c’est ça ?
Sur notre dernière levée nous n’avons pas exposé les chiffres finaux. Mais ce n’est pas très loin de la réalité, 13 millions c’est l’investissement de SBI Holdings ! Nous avons levé un montant à 8 chiffres lors de notre série A en février l’année dernière.
Pas mal ! Maintenant, parlons de ce fameux wallet. Je pense qu’il s’agit du produit phare de ton entreprise. Dis-nous en plus ! En quoi se distingue-t-il ? Pourquoi en acheter un ?
Alors, nous avons deux lignes de produits. Commençons avec CoolWalletS qui est le premier produit. C’est le premier wallet multicrypto au monde avec les dimensions d’une carte bancaire. Il rentre dans ton portefeuille, tu peux le transporter où tu veux, il fonctionne en Bluetooth avec ton smartphone, pas besoin de se trimballer un câble, et la batterie n’a besoin d’être rechargée qu’une fois tous les 2 mois. En fait, avec ce produit on a envie d’encourager un comportement que nous appelons « crypto on-the-go« . Nous voulons que les gens aient toujours un wallet sur eux et puissent payer en toutes circonstances. Qu’ils soient dans le métro, au resto, en voiture (quoique, en voiture, ce n’est pas une bonne idée).
Ce wallet doit être le plus facile à utiliser, mais aussi (et c’est le plus important) très sûr. Il faut que ce soit le compromis entre les deux. Nous n’avons pas envie de designer un hardware wallet hyper-sécurisé mais avec la taille d’une gaufre liégoise. Il faut que les gens puissent le transporter partout. L’adoption se joue vraiment dans la facilité de l’usage et la transportabilité.
Ah, et j’allais oublier, il est waterproof !
Je confirme, il est même beer-proof, vous le saviez ?
Oui, nous avons aussi essayé, ha ha ha !
Donc, focus sur l’expérience utilisateur, la transportabilité, sans oublier la sécurité. Je vois. Petite parenthèse, tu pourrais nous présenter l’entreprise CoolBitX en 30 secondes avec seulement des chiffres, des métriques, des faits ?
Alors, la boîte est là depuis 6 ans, nous sommes une quarantaine à y travailler, on a levé plus de 10 millions de dollars, nous sommes basés à Taipei, mais avons aussi des bureaux et représentations à Tokyo, Séoul, Londres et San Francisco et espérons nous développer dans plus de régions. Nous avons vendu plus de 100000 CoolWallets S. Que dire de plus ?
C’est déjà pas mal ! Quels sont vos meilleurs partenaires ? Avec qui collaborez-vous pour concevoir ces cartes sécurisées, les mettre en avant ? Enfin, quelle est votre seconde ligne de produits ?
Nous travaillons avec SBI Holdings, l’un des plus grands conglomérats financiers japonais. Ils possèdent la plus grande banque en ligne là-bas, et un exchange de securities. Ils ont énormément investi dans les fintechs et ils ont leur propre exchange de cryptomonnaiess. Nous travaillons avec eux sur la sécurité de leurs produits, mais les assistons aussi sur la conformité. C’est là où j’en viens à notre seconde ligne de produits nommée Sygna Bridge. C’est quelque chose de nouveau : depuis que SBI a investi chez nous l’année dernière, ils nous ont demandé de déployer des efforts sur les questions de conformité réglementaire, car le GAFI a bien l’intention de réguler cette industrie. Et c’est ce que nous avons fait, nous avons investi beaucoup de ressources et de temps sur le développement de notre solution axée sur la conformité. C’est une chose essentielle à l’adoption globale.
Sygna Bridge a vu le jour en juillet. C’est un service de transmission d’informations qui permet aux prestataires de services en actifs numériques (PSAN) de partager sans effort toutes les données de conformité de transmission requises par les institutions. Sygna Bridge met en place un tunnel sécurisé pour les PSAN afin qu’ils puissent partager les informations sur les donneurs d’ordres et les bénéficiaires avec d’autres entités. Mais attention, Sygna Bridge n’a jamais accès à des données privées, c’est la chose inédite. Avec la régulation du GAFI, les institutions supranationales devront avoir accès à l’identité des traders et des bénéficiaires. Nous essayons d’anticiper ce qui se profile.
Entendu pour Sygna Bridge. Je voulais aussi vous demander quelque chose : nous avons suivi l’histoire de CoolBitX depuis un bon moment, et je me rappelais qu’à l’époque, un CoolWallet S coûtait 200$; et vous avez d’un jour à l’autre divisé le prix par deux définitivement. Comment avez-vous fait ça ? Le wallet est aujourd’hui beaucoup plus abordable, tout en ayant beaucoup de bonnes caractéristiques.
La stratégie ici, c’est l’économie d’échelle. On veut vendre le plus possible, quitte à avoir une marge réduite. Ainsi, nous avons pris la décision de réduire les coûts et nos marges au maximum pour proposer ce nouveau prix beaucoup plus compétitif.
Petit chapitre sur la France : comment êtes vous implantés en France ? Comment vous positionnez-vous par rapport à la concurrence, je pense à Ledger et Trezor notamment. La France, qu’est-ce que c’est pour vous ?
Le marché français… Et bien je pense que Ledger fait un travail de malade, nous ne pensons pas être leurs concurrents directs en France, c’est un grand marché. Cela dit, nous travaillons à notre développement sur le marché français, lentement mais sûrement.
Quant au côté software (application) et design (wallet physique), avez-vous des projets en vue ?
Pour l’app, nous souhaitons implémenter le support pour plus de coins et améliorer l’interface utilisateur. Quant au wallet, nous allons tout simplement augmenter les performance pour la V3, mais nous n’avons pas encore de date en tête pour ce nouveau lancement.
Nous ne manquerons pas de tester ça. Merci beaucoup Michael pour ces réponses, et au plaisir de te recroiser !