
Un governance token ou jeton de gouvernance est un jeton utilisé pour voter sur des décisions, relatives au développement et aux mises à jour d'un protocole décentralisé.
- Le jeton peut être de plusieurs types, par exemple un ERC-20 sur Ethereum, un jeton non-fongible (NFT) ou le jeton natif d'une blockchain ;
- Le protocole peut être une application décentralisée (par exemple une plateforme de change ou un jeu en ligne), ou une blockchain. Par exemple, le jeton XTZ de Tezos permet de voter directement sur les propositions d’amélioration du protocole (Tezos Improvement Proposals).
La notion de gouvernance est centrale dans le développement d'une plateforme ou d'une application décentralisée. Il y a ainsi de nombreux modèles, que l'on classe en deux grandes catégories :
- On-chain : le vote et ses conséquences prennent place directement sur la blockchain ;
- Off-chain : les décisions sont prises sur des espaces dédiés, comme un forum, ou directement par un comité restreint.
Ces systèmes de gouvernance décentralisée donnent ainsi à la communauté des utilisateurs un pouvoir décisionnel. Les jetons de gouvernance permettent de voter et de pondérer les suffrages.
Fonctionnement basique d'un jeton de gouvernance
Les jetons de gouvernance donnent un pouvoir de vote à leurs détenteurs, par exemple : un jeton = un vote. Afin d'utiliser ce pouvoir, le détenteur doit prouver qu'il en a la propriété. On a généralement recours au staking : les jetons destinés à voter sont verrouillés sur une adresse dédié. On peut donc également mettre en pace des systèmes de délégation, où les détenteurs de jetons confient leur pouvoir de vote à une tierce partie.
Au-delà de la gouvernance, le jeton peut avoir d'autres utilités, comme le paiement des frais de transaction.
Un processus de gouvernance typique est le suivant :
- Un acteur du protocole (développeur, validateur, etc.) fait une proposition (modification d'un paramètre, mise à jour) ;
- Les token holders qui le souhaitent verrouillent une certaine quantité de jetons pour voter ;
- La proposition fait l'objet d'un premier sondage, pour vérifier qu'elle suscite l'intérêt communautaire ;
- On organise la votation. Grâce à leurs jetons, les votants expriment leur avis, positif ou négatif ;
- À la fin de la période de votation, on constate le résultat ;
- Si le résultat est positif, le protocole est mis à jour.
Les deux grands modèles de gouvernance
La gouvernance peut être :
- Intégrée au protocole (on-chain native) : les modifications sont déployées automatiquement, grâce à des smart contracts.
- Communautaire et off-chain : les modifications sont effectuées « à la main » par les développeurs du protocole.

Exemples de jetons de gouvernance
Blockchain | Jeton natif | Type de gouvernance | Exemples de décisions votées |
---|---|---|---|
Tezos | XTZ | Gouvernance on-chain intégrée | Adoption de nouvelles versions du protocole (ex : Granada, Ithaca), ajustement des paramètres réseau |
Polkadot | DOT | Gouvernance on-chain (Conseil + communauté) | Choix du financement des parachains, gestion de la trésorerie on-chain |
Cosmos | ATOM | Gouvernance on-chain | Changements des paramètres du staking, financement de projets via la communauté |
Decred | DCR | Gouvernance hybride (PoW + PoS + Politeia) | Financement de développements, orientation stratégique du protocole |
Cardano | ADA | Gouvernance progressive (Project Catalyst) | Attribution de financements à des projets de l’écosystème, vote sur les mises à jour du protocole |
Ethereum | ETH | Gouvernance surtout off-chain (EIP + consensus social) | Pas de vote direct avec l'ETH, mais de nombreux jetons ERC-20 (UNI, COMP, AAVE, MKR…) servent à voter sur la gouvernance de leurs protocoles respectifs |
Staking et gouvernance
Les jetons de gouvernance doivent généralement être verrouillés pour donner des droits à leurs détenteurs. L'idée est d'éviter de donner le pouvoir de voter aux spéculateurs qui n'ont pas d'engagement vis-à-vis du réseau ou du protocole.
Le processus de verrouillage est appelé staking. Les jetons sont envoyés à une adresse dédiée, et deviennent indisponibles. Leur détenteur ne peut pas les transférer. S'il décide de les déverrouiller, il devra attendre une certaine période, allant de quelques jours à quelques semaines. Les jetons en staking donnent souvent droit à des intérêts.
Il existe des modèles alternatifs, comme le vote sans staking, le liquid staking ou le staking sans période de déverrouillage.
Perspectives
La gouvernance décentralisée présente deux inconvénients majeurs. Tout d'abord, le taux de participation est souvent faible. Deuxièmement, la concentration excessive des jetons de gouvernance entre quelques mains seulement peut entraîner la formation de cartels. On a donc imaginé des systèmes de votes alternatifs, où le pouvoir de vote ne croît pas de façon linéaire avec la quantité de jetons détenue.

Les jetons de gouvernance décentralisée, bien que populaires, sont souvent critiqués pour être trop valorisés par rapport à leur utilité réelle. Quoi qu'il en soit, de nombreux protocoles, en particulier dans la finance décentralisée, ont intégré ces tokens. Ils ouvrent la voie à de nouvelles expérimentations, de nouveaux business modèles où les développeurs de plateformes et d'applications sont au plus près de leur communauté d'utilisateurs.
Pour de plus amples informations sur les jetons de gouvernance, voir l'Encyclopédie du Coin : Les jetons de gouvernance, le vote sur blockchain