Hyperledger n’est pas une blockchain, mais un portefeuille de projets de DLT open source créé par la fondation Linux en 2015 en vue de promouvoir les technologies blockchain intersectorielles. Le terme de blockchain ne fait pas l’unanimité auprès de la communauté pour désigner les projets Hyperledger, dont l’architecture se distingue d’une chaîne de blocs à proprement parler. On leur préfère ainsi le terme de registres distribués (DLT), plus large, ou alors la notion de permissioned blockchain, qui a le mérite de souligner la restriction de l’accès au réseau à certains membres uniquement.
Plusieurs équipes collaborent sur ces projets. La collaboration implique des dirigeants dans des domaines d’activité très diversifiés, comme la finance, la banque, l’internet des objet, mais aussi la supply chain. On peut notamment citer Accenture, Airbus, American Express, Baidu, Cisco, Deutsche Bank, Fujitsu, Nec, JP Morgan, IBM, Intel, SAP, BBVA, Bosh, Deloitte, EY, Oracle, R3, SAMSUNGS, Ripple, PWC, RedHat, Swisscom, VMware, ou encore Thales.
Hyperledger comprend actuellement 10 projets, soit 5 frameworks DLT (Fabric, Indy, Burrow, Iroha, Sawtook) et 5 outils destinés à être utilisés pour la gestion de ces frameworks (Cello, Composer, Explorer, Quilt, Caliper).
Caractéristiques des projets blockchain Hyperledger
Les projets Hyperledger se font sur un réseau privé sur ce que l’on appelle vulgairement des « permissioned blockchains ». L’adhésion au réseau est donc contrôlée, et les membres peuvent avoir besoin d’une autorisation supplémentaire pour certaines actions sensibles.
Contrairement aux blockchains publiques, où l’ensemble des transactions sont transparentes et accessibles à tous, les transactions sur Hyperledger sont confidentielles et ne sont visibles que par les participants impliqués.
Hyperledger n’inclut de crypto-économie et n’utilise aucune cryptomonnaie. Il est en revanche possible d’y développer des smart contracts nommés « chaincodes », en Go ou en Java, voire en JavaScript.
Hyperledger comporte différents framework de DLT ayant chacun un consensus différent :
- Dans Hyperledger Fabric : PBFT (Practical Byzantine Fault Tolerance)
- Dans Hyperledger Indy : RBFT
- Dans Hyperledger Burrow : Tendermint
- Dans Hyperledher Iroha : YAC
- Dans Sawtooh : POET
La flexibilité, principal atout d’Hyperledger
Hyperledger est particulièrement appréciée par les entreprises pour sa flexibilité. Le réseau stocke les données de l’état de la blockchain dans les bases de données NoSQL ou LevelDB. Il est donc nécessaire de choisir son moteur de stockage en fonction des besoins de son projet, mais aussi des compétences internes et de la scalabilité souhaitée.
Précisément, l’architecture Hyperledger réclame des compétences particulières. Dans un projet Hyperledger, le « chaincode », moteur des smart contracts, est un composant système à part entière : chaque nœud doit donc gérer toutes les connexions du réseau avec les autres nœuds. Les instances de smart contracts seront quant à elles déployées tout autour du nœud, exclusivement dans des conteneurs Docker.
Hyperledger permet de choisir un consensus personnalisé et adapté au projet, atout indiscutable pour une DLT d’entreprise. Très complète, elle a fait l’objet de nombreux POC (proof of concept) au sein de grandes enseignes pour commencer à tester son potentiel.
Robuste et sécurisé, Hyperledger peut répondre à tout type de métiers et son adaptabilité a déjà séduit SAP ou Oracle. Ses outils d’administration et de sécurité sont « packagés » et permettent de piloter efficacement la mise en production et l’exploitation de la blockchain.
Sa complexité la rend cependant difficilement déployable, et certains professionnels lui préféreront Corda, ou mieux, Ethereum, qui offre bien davantage de possibilités en ouvrant la voie à la crypto-économie et un nouveau business model grâce à une crypto-monnaie native. Hyperledger est en revanche très utilisé par les sociétés de service et de consulting informatique, qui peuvent apporter un savoir-faire rare à leurs clients.
Notons également que contrairement à Corda, Hyperledger laisse la possibilité aux entreprises de développer une cryptomonnaie via les chaincodes. Une manière intéressante de bénéficier des atouts d’un nouveau business model tout en profitant d’une meilleure scalabilité que sur le réseau Ethereum.
Bien que moins utile qu’une blockchain ouverte, Hyperledger reste aujourd’hui l’un des choix privilégiés pour les entreprises souhaitant profiter des technologies de registres distribués sans rendre publiques leurs données. Les entreprises ayant affaire à des données très sensibles ou très confidentielles auront cependant un plus grand intérêt à s’intéresser de plus près à Corda.