Censurer Ethereum pour la modique somme de 85€ ? Cette attaque d’un nouveau genre surprend

Une censure peu coûteuse. Le réseau Ethereum a finalisé sa transition au Proof of Stake en septembre dernier. Peu après, la censure a explosé suite à l’ajout de Tornado Cash sur la liste noire de l’OFAC. Plus récemment, des chercheurs auraient trouvé une méthode extrêmement peu coûteuse pour censurer le réseau.

Seulement 85€ pour censurer Ethereum

Special Mechanism Group (SMG) est une entreprise spécialisée dans l’analyse des mécanismes complexes dans l’écosystème blockchain. Le 29 juin, celle-ci a publié les résultats d’une expérience pour le moins surprenante.

Tweet de SMG qui dévoile une méthode de censure sur Ethereum.
SMG dévoile une méthode de censure sur Ethereum – Source : Twitter.

En effet, l’entreprise dévoile avoir réussi à mettre en pause toutes les transactions sur Ethereum pendant 12 secondes. Plus surprenant encore, la démarche n’aura coûté que 0,05 ETH, soit environ 85€.

« Pour illustrer la facilité avec laquelle il est possible de censurer les transactions sur Ethereum, les ingénieurs de SMG ont interrompu toutes les transactions pendant 12 secondes, en ne payant que 0,05 ETH. »

Une situation critique selon SMG : 

« Même si 12 secondes ne semblent pas être une longue période, les systèmes financiers dépendent de la rapidité avec laquelle les transactions sont effectuées.Lorsque les soumissionnaires d’une vente aux enchères ou les agents d’un système financier peuvent censurer leurs concurrents, l’efficacité de ces systèmes s’érode. »

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Retour sur le mode opératoire de cette « attaque »

Comme souligné par SMG, cette manœuvre a notamment été possible par la séparation entre le constructeur de blocs (builder) et le proposant de blocs (proposer), connue sous le nom de Proposer-Builder Separation (PBS).

Avec la séparation proposant-constructeur, ces deux rôles sont donc dissociés. Le constructeur de blocs est responsable de la sélection des transactions à inclure dans le bloc, tandis que le proposant de blocs est responsable de l’ajout du bloc à la blockchain.

SMG a profité de cela pour mener son expérimentation. Pour ce faire, ils ont fait la plus haute offre parmi les constructeurs (builders) et ont remporté l’enchère.

Le relais (relay), qui est le système qui transmet les blocs aux validateurs pour être inclus dans la blockchain, ne sait pas et ne se soucie pas de ce qui se trouve à l’intérieur du bloc. Il se contente de le livrer pour qu’il soit inclus.

Par conséquent, ils ont inclus un bloc vide, c’est-à-dire un bloc qui ne contient aucune transaction. C’est ce qui a entraîné l’interruption de toutes les transactions pendant 12 secondes.

Simple expérience ou réel danger ? Le doute subsiste

Évidemment, la question se pose. Est-ce là un réel danger de censure pour Ethereum ou une simple expérimentation tape-à-l’œil ?

Penchons-nous sur la répétabilité. En effet, bien que l’expérience soit fonctionnelle le temps d’un bloc, celle-ci trouve d’importantes limites lorsqu’il s’agit de faire durer la censure.

En effet, la censure de plus d’un bloc sur Ethereum via la méthode utilisée par les ingénieurs de SMG nécessiterait de remporter les enchères pour chaque bloc que vous souhaitez censurer.

Dans le contexte du système de séparation proposant-constructeur (PBS) d’Ethereum, cela signifie que vous devriez faire une offre plus élevée que tous les autres constructeurs de blocs pour chaque bloc que vous souhaitez censurer. 

Néanmoins, comme expliqué par l’un des chercheurs, le problème ne réside pas tant dans sa répétabilité que dans sa faisabilité tout court.

« [La répétabilité sur plusieurs blocs ] n’est pas ce qui nous préoccupe. L’activité financière nécessite une inclusion ponctuelle. Nous sommes préoccupés par la censure sélective des offres concurrentes dans les ventes aux enchères. PBS vous permet de le faire pour un coût relativement faible. »

Les solutions de SMG contre la censure sur Ethereum

En parallèle de son expérience, SMG a publié le rapport d’une étude sur la censure sur Ethereum. Dans cette étude, SMG a identifié deux solutions possibles à ce problème.

Premièrement, SMG suggère de faire fonctionner les enchères sur plusieurs blocs avec des proposeurs différents. Cela nécessite une augmentation plus rapide du nombre de blocs que celle du nombre d’enchérisseurs. 

Deuxièmement, SMG propose d’avoir plusieurs proposeurs de blocs concurrents et de permettre aux enchérisseurs de conditionner leurs pourboires non seulement sur l’inclusion, mais aussi sur le nombre de proposeurs qui incluent l’enchère dans un bloc. Cela crée une sorte de « dilemme du prisonnier » parmi les proposeurs, rendant la censure coûteuse et donc moins probable.

De son côté, le réseau Ethereum a su mitiger le problème de censure OFAC au niveau de la production de blocs. Ainsi, celle-ci est passée de 78% des blocs produits à 34%.

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Renaud H.

Ingénieur en software et en systèmes distribués de formation, passionné de cryptos depuis 2013. Touche à tout, entre mining et développement, je cherche toujours à en apprendre plus sur l’univers des cryptomonnaies et à partager le fruit de mes recherches à travers mes articles.