MakerDAO dévoile son plan pour décentraliser sa gouvernance

MakerDAO se positionne en tant que fer de lance de l’écosystème de la finance décentralisée. Jusqu’à présent, le protocole est gouverné et administré par la fondation Maker. Pour atteindre une complète décentralisation, le protocole nécessite la dissolution de la fondation et le transfert de la gouvernance du protocole à la communauté. Analysons les propositions de Maker pour assurer cette transition.

Make(r) decentralization great again

La transition vers une gouvernance entièrement décentralisée du protocole MakerDAO a débuté dès décembre 2019 avec la décentralisation du contrôle des jetons MKR. Néanmoins, cette avancée ne représente qu’une infime partie de la gouvernance du protocole.

Lors de la 84e réunion sur les risques et la gouvernance du protocole, le fondateur de MakerDAO Rune Christensen a précisé le plan de la fondation Maker pour transférer le pouvoir de gouvernance à la communauté.

La proposition émise comporte trois axes clés :

  • L’élection de contributeurs rémunérés et d’équipes de « terrain » spécialisées dans des domaines précis.
  • La mise en place de proposition d’amélioration MIP (Maker Improvement Proposal).
  • La délégation des votes.

Le processus de décentralisation sera lancé le 6 avril avec le vote de 13 MIPs qui couvriront les fonctionnalités centrales du système de gouvernance. Selon Rune Christensen, le processus de transfert de la gouvernance pourrait durer jusqu’à 2 ans avant de voir la fondation Maker entièrement dissolue. En attendant sa dissolution, la fondation encadrera la transition.

Les contributeurs rémunérés en charge du système

Dans le cadre de ce nouveau modèle de gouvernance, MakerDAO va introduire un système de contributeurs rémunérés et d’équipes spécialisées par domaines.

Ces contributeurs seront élus par la communauté et rémunérés par le protocole. Ces « fonctionnaires » du protocole auront pour mission d’apporter leur expertise dans leur domaine de prédilection.

Quant à elles, les équipes spécialisées auront à charge la gestion de certains processus en fonction de leur spécialité (marketing, management des risques, recherche, etc.). Dans son allocution, Rune Christensen compare ces équipes aux équipes ministérielles des gouvernements actuels, détenant l’autorité sur des domaines donnés.

La politisation de la gouvernance

Sur un modèle semblable à d’autres DAO (Decentralized Autonomous Organisation), les MIPs permettront de proposer, décider et réviser le système de gouvernance en plus des améliorations propres au protocole.

Inquiété par les récentes prises de positions et jeux d’influences autour de la question de ProgPow sur Ethereum, MakerDAO veut rendre son système résistant à la politisation.

« Si Maker devient un acteur mondial, il est inévitable qu’il y ait des guerres de procuration politique entre les personnalités publiques qui se battent les unes contre les autres dans des guerres d’influence. Cette dynamique se produira toujours. Nous avons juste besoin d’un système qui soit suffisamment résistant pour faire face à ces comportements non optimaux. » a déclaré Rune Christensen. 

L’ajout des questions de gouvernance aux MIPs, pourrait selon lui être un moyen de mitiger cette politisation en impliquant l’ensemble de la communauté dans les décisions, tous domaines confondus.

Il va à présent falloir attendre le 6 avril pour étudier en détail la première série de propositions fondatrices de cette transition, et la réaction de la communauté à son égard.  

Renaud H.

Ingénieur en software et en systèmes distribués de formation, passionné de cryptos depuis 2013. Touche à tout, entre mining et développement, je cherche toujours à en apprendre plus sur l’univers des cryptomonnaies et à partager le fruit de mes recherches à travers mes articles.