Republic, Binance et les contrats SAFEST

Décidément, les acteurs cryptos l’ont bien compris : des bases saines pour des partenariats sur le long terme sont les clefs de la réussite pour l’évolution et la démocratisation de l’investissement grand public.

Oui, mais comment ?

Si les termes “FinTech” et “startups” ne vous sont pas inconnus et que vous avez déjà visité quelques sites web en recherche de votre futur emploi dans ces domaines, vous avez sûrement croisé le fameux logo d’Angel List. Ce portail de recrutement n’est cependant pas l’activité majeure de cette compagnie. En effet, le but cette plateforme lancée en 2010 est de démocratiser les procédés d’investissements et d’atteindre un large public. De plus, les créateurs – Naval Ravikant et Babak Nivi – ont pour vocation d’aider les jeunes pousses à lever des financements. En juillet 2016, l’entreprise a alors décidé de créer sa propre filiale – Republic – pour offrir la possibilité à des investisseurs non accrédités – c’est à dire à dans les grandes lignes, des investisseurs possédant une valeur nette inférieure à 1 million de dollars ou étant rémunérés moins de 200.000 dollars par an – d’injecter des fonds dans une start-up. Vous l’aurez bien compris, nous parlons bien ici d’un investisseur lambda voulant participer au financement participatif de PME.

D’un autre coté, se trouvent « Binance Labs » et « Neo Global Capital » représentant respectivement le département des investissements de la plateforme et d’un affilié du fameux « Ethereum Chinois ».

C’est en vertu de ce partenariat tripartite que Republic a exclusivement annoncé à Coindesk la première levée de fonds fructueuse et symbolique de 12 millions de dollars pour une pré-vente de tokens. Cette démarche a alors attiré l’attention et le soutien d’autres sociétés d’investissement, comme East Chain Co, Jeffrey Tarrant (célèbre investisseur américain spécialisé dans le seed financing) et Passport Capital.

Un projet ambitieux

L’objectif final de ce partenariat est d’arriver à lever la somme de $92 millions de dollars via un ICO, dont les détails ne sont pour l’instant pas communiqués. Le cofondateur de Republic, Kendrick Nguyen, affirme que les tokens distribués auront pour but de promouvoir l’intérêt des usagers et de redistribuer une part des revenus générés par l’entreprise au fur et à mesure que celle-ci se développe.

« On peut dire que nous entrons en bourse, sans passer par la bourse » continue-t-il. « Nous mettrons en place une combinaison de règles (Reg D, Reg S & Reg A+) afin d’assurer la disponibilité de nos jetons au-delà de nos frontières, indépendamment des salaires et de la richesse des investisseurs potentiels».

Il est alors très clair que Republic a pour objectif de révolutionner et de démocratiser l’investissement de capitaux dans les startups tout en protégeant leurs « actionnaires ».

« Nous avons constaté le fort potentiel et l’intérêt de la population à investir dans les ICO durant le boom l’an passé ; nous croyons alors qu’une plateforme juridiquement solide, structurée et organisée sera vouée à réussir. »

SAFT 2.0

Cet acronyme signifiant “Simple Agreements for Future Tokens” (Simple Accord pour les Futurs Tokens) a été mis en place pour permettre, entre autres, aux entreprises de Venture Capital de ne pas passer à coté du boom des cryptos. C’est en effet un titre financier agissant comme un contrat d’investissement entre des développeurs et des investisseurs accrédités. Cet accord a par la suite évolué pour donner naissance à d’autres dérivés, tels que le SAFEST (Simple Agreement for Future Equity and Security Tokens) : celui-ci se focalise sur les titres financiers, mais aussi sur les parts de l’entreprise acquises sous forme de tokens.

Le fonctionnement du SAFEST se déroule comme suit: quand le token est prêt, les premiers investisseurs ont la possibilité de soit récupérer leurs investissements sous forme de token ou bien d’obtenir des parts de l’entreprise jusqu’à une hauteur de 20 %. Si, pour une raison quelconque, Republic ne parvient pas à distribuer les tokens, les investisseurs sont en droit de convertir leur investissement initial sous forme de fonds propres ; ils deviennent alors « actionnaires ».

K. Nguyen

K. Nguyen rajoute lors de l’entretien que :

« L’écosystème dans son ensemble est si nouveau que c’est à chaque participant d’élaborer de la manière la plus responsable et la mieux pensée comment la levée de fonds doit être conduite ».

Une vision des plus globales

Compte tenu de ses objectifs ambitieux, ce n’est pas un hasard si Republic est allé à la recherche de bailleurs de fonds étrangers. Republic désire permettre aux investisseurs l’accès à plusieurs marchés n’ayant pas été ciblés jusqu’à présent ou étant difficiles d’accès pour une société basée aux Etats-Unis.

Gu Guo de Neo Global Capital a affirmé que les connexions établies dans les pays asiatiques sont une réelle plus-value pour Republic, car ces investisseurs étrangers sont très férus des cryptomonnaies.

« Notre compagnie est certaine que si Republic développe son activité aux Etats-Unis, par conséquent, elle sera capable d’acquérir des parts de marché dans d’autres pays, ce qui aura pour effet d’encourager plus d’investisseurs mondiaux à rejoindre l’écosystème blockchain. » Gu Guo de Neo Global Capital

De son coté, Al-Humaidhi de East Chain Co. a partagé un constat tout aussi semblable que Neo Global Capital; soulignant qu’une grande concentration de jeunes individus fortunés du Moyen-Orient seraient des investisseurs potentiels.

« Nous allons sûrement assister à une croissance de l’économie numérique dans la région du Moyen-Orient au cours des 10 prochaines années […] et nous croyons que cette région relativement inexploitée détient un énorme potentiel », a-t-il déclaré.

Vous avez dit inclusion financière ?

Une autre décision gravitant autour de l’intérêt de Republic de donner accès à ses tokens aux investisseurs du monde entier est l’utilisation de Stellar. Stellar est un projet blockchain essentiellement axé sur la disruption des entreprises internationales traditionnelles de transfert d’argent dans les pays en voie de développement.

« Une chose que beaucoup de personnes ignorent à propos de Stellar est leur mission axée sur l’impact », a déclaré K. Nguyen, affirmant que l’équipe du projet, privilégiant l’inclusion et la diversité des valeurs, est cruciale.

De plus, K. Nguyen avance le fait que Stellar semble être une valeur plus sûre qu’Ethereum, car c’est sur cette dernière qu’un nombre important de tokens sont distribués.

Comparant Stellar et Ethereum, il déclare alors que :

« Tout d’abord, c’est beaucoup moins cher et deuxièmement, c’est plus sûr, étant donné que ce que nous réalisons demande moins de technologie que les smarts-contracts. Les ERC-20 sont plus sensibles aux risques de piratage et de sécurité. »

Sources : SAFT ; CoinDesk || Images from Shutterstock

Jean-Armand Figeac

Jean-Armand est basé à Zürich et travaille depuis 2018 comme Consultant Blockchain pour l’entreprise phare du marché suisse des télécommunications . Son parcours dans la Fintech a débuté en 2016 comme analyste risque de crédit au sein d’une start-up Zurichoise. Il a oeuvré de nombreuses années pour diverses entreprises internationales de renom, des PME et TPME sur trois continents durant ces dix dernières années. Diplômé d’un Master en Banque et Finance de l'Université de Lucerne, Jean-Armand passe la majeure partie de son temps libre à perfectionner ses connaissances dans les langues étrangères telles que le russe, le swahili, l’arabe et l’allemand.