La révélation Flow : tout savoir sur la cryptomonnaie du futur géant des NFT

Le FLOW est le token de la blockchain éponyme de Dapper Labs, l’équipe de développement des célèbres Cryptokitties. Des investisseurs renommés de la cryptosphère ont financé ce projet, comme le fonds a16z, ou encore Coinbase Ventures.

Pour autant, les investisseurs particuliers ne sont pas délaissés. Dans cet article, nous étudierons le modèle économique du jeton FLOW, et découvrirons qu’il présente un grand potentiel.

Quels sont ses cas d’usage ? Comment est-il distribué ? Quid du staking ? Plongée dans les tokenomics de FLOW.

La plateforme Flow et sa blockchain

La blockchain Flow est conçue en réponse aux problèmes rencontrés par Dapper Labs, l’équipe de développement ayant créé les jetons non-fongibles (NFT) sur Ethereum. Vous vous souvenez sûrement du succès des Cryptokitties… et des problèmes de congestion rencontrés par Ethereum.

Les Cryptokitties : ces chats numériques ont amorcé le développement du marché des digital goods, grâce à l’invention des NFT.

Face à ces limitations, Dapper Labs a donc créé sa plateforme d’applications décentralisées en preuve d’enjeu (proof of stake). Hautement scalable, elle offre un débit de transactions élevé, à l’instar d’EOS, Avalanche (AVAX) ou NEAR.

Flow possède ses propres caractéristiques, et se différencie de ses concurrents, que ce soit par son architecture ou sa facilité de programmation. Ainsi, il n’aura fallu que quelques semaines à l’équipe pour y coder le célèbre Cryptokitties, lorsque plusieurs mois furent nécessaires pour la première version lancée sur Ethereum.

Ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est le modèle économique de son jeton natif, le FLOW.

Le token FLOW et ses cas d’usage

Le jeton FLOW est la cryptomonnaie native de la plateforme blockchain du même nom. Les développeurs peuvent l’utiliser pour intégrer des paiements pair-à-pair au sein de leurs applications, financer ces dernières ou récompenser leurs utilisateurs.

Les nœuds validateurs doivent verrouiller des FLOW pour remplir leur rôle. C’est le principe de la preuve d’enjeu (proof of stake). Bien entendu, les détenteurs du jeton (token holders) peuvent les déléguer.

Utilité du token FLOW

Le FLOW a plusieurs fonctions.

  • Validation des transactions : les nœuds doivent verrouiller des fonds en FLOW pour valider les transactions (staking).
  • Moyen de paiement : bien entendu, il est possible d’effectuer des paiements en FLOW comme avec n’importe quelle cryptomonnaie.
  • Stockage de données : chaque compte utilisateur sur la blockchain de FLOW doit payer pour stocker des données on-chain.
  • Collatéralisation pour créer des jetons secondaires : pour créer de nouveaux tokens sur Flow, il est nécessaire d’y adosser une certaine quantité de jetons natifs (bonding).
  • Gouvernance : les token holders peuvent participer à la gouvernance du protocole Flow en votant.

Nous rentrerons dans le détail au fur et à mesure de cet article. Sami a également réalisé une excellente interview de Mikhael Naayem, co-fondateur et chief business officer de Dapper labs : elle regorge d’informations complémentaires.

Mais tout d’abord, précisons comment est gérée l’émission des nouveaux tokens.

L’inflation sur Flow

Comme sur de nombreuses blockchains, les récompenses distribuées par le protocole aux nœuds validateurs proviennent de l’inflation. Les nouveaux jetons émis sont distribués aux opérateurs du réseau.

Comme pour la monnaie classique, l’augmentation de la quantité de jetons dilue les holders. L’équipe de Dapper Labs a choisi de limiter l’inflation : la quantité totale de FLOW pouvant être émise est donc plafonnée. C’est un modèle déflationniste, comme sur Bitcoin.

Bitcoin Inflation
Courbe d’émission des bitcoins et courbe d’inflation : importante au départ, elle diminue au fur et à mesure des halvings, jusqu’à ce que les frais de transaction assurent la totalité des récompenses de minage.

L’inflation des FLOW est programmée pour décroître au cours du temps, mais il y a plusieurs différences avec le modèle de Bitcoin.

Le protocole doit assurer une récompense suffisamment intéressante pour les opérateurs de nœuds. Si les frais de transaction ne suffisent pas à les inciter économiquement, l’inflation est ajustée pour garantir la récompense. Dans le cas contraire (lorsque les frais approchent la valeur-cible) l’inflation diminue, jusqu’à atteindre le zéro.

Ce modèle dynamique assure ainsi une récompense suffisante pour les nœuds, tout en minimisant l’impact de l’inflation sur la valorisation des tokens.

Les frais de transaction

Les commissions prélevées sur les transactions sont de deux types.

Premièrement, les frais de traitement correspondent aux frais nécessaires pour valider et traiter les transactions soumises sur le réseau. C’est assez classique.

Deuxièmement, il y a les frais de calcul. Ils sont nécessaires pour réaliser des opérations complexes, typiquement lors de l’exécution de smart contracts.

Maintenant que nous avons décrit la façon dont sont collectés les frais de transaction, passons au staking et aux récompenses associées.

Le staking des jetons FLOW

Les tokens holders ont donc la possibilité de verrouiller leurs fonds pour participer au maintien de la blockchain. Cela assure la sécurité du réseau, en rendant les attaques trop coûteuses. En échange de leur participation, les stakers reçoivent des récompenses.

Ces staking rewards correspondent donc à la somme des frais de transaction et des tokens émis par le protocole. Les récompenses totales sont suffisantes pour maintenir un haut niveau de sécurité, mais pas trop élevées, pour ne pas nuire à la valeur du token.

Si vous avez lu l’article de Josselin, vous savez que les nœuds du réseau ont 4 rôles distincts : collection, consensus, exécution et vérification. Cette architecture permet d’obtenir un très haut débit sans pour autant utiliser la technique du sharding.

Flow - architecture
Schématisation du processus de validation des transactions sur Flow.

Afin d’inciter chaque type de nœuds à opérer, le protocole ajuste automatiquement leur revenu, via un ensemble de multiplicateurs, appelés coefficients de récompense. Si un rôle particulier est sous-jalonné par rapport aux autres, les récompenses correspondantes augmentent, jusqu’à converger vers le ratio cible.

Répartition initiale des récompenses entre les différents types de nœuds. Elle est définie de façon à optimiser la sécurité du réseau.

Bien entendu, les nœuds sont punis s’ils n’assurent pas le rôle qui leur est attribué. Et en cas de comportement malicieux (attaque ou mise en danger du réseau), cette punition peut être extrêmement sévère, et aller jusqu’à la perte du stake. Ce mécanisme classique sur les blockchains en PoS s’appelle le slashing.

Le stockage des données

Pour assurer le stockage de données on-chain, Flow requiert un solde minimal pour chaque compte utilisateur. Cette petite quantité de tokens (une fraction de FLOW au départ) ne sera jamais dépensée, mais n’est plus en circulation : cela augmente ainsi les récompenses de staking pour les nœuds assurant le stockage. Les développeurs peuvent financer le stockage eux-mêmes – un peu comme sur EOS ; mais pour le lancement du projet, un fonds spécial permet d’assurer le déploiement d’au moins 10 millions de comptes utilisateurs.

Évidemment, la capacité de stockage augmente en fonction de la quantité de FLOW prévue à cet effet. Mais pour des raisons de scalabilité, la capacité de stockage par token devrait augmenter au cours du temps.

Il faut noter que pour les tokens non-fongibles (NFT), la capacité de stockage demandée est plus importante que pour les tokens « classiques », étant donné que chaque NFT est unique.

Les tokens secondaires

Il est possible de créer des tokens secondaires sur Flow, grâce à un mécanisme appelé Infusion. Afin d’émettre un token secondaire (comme un NFT), il faudra collatéraliser des FLOW. Cette opération confère plusieurs avantages :

  • La liquidité des tokens secondaires est garantie par celle du FLOW ;
  • La volatilité du cours des jetons secondaires est réduite, car l’offre s’ajuste en fonction de la demande ;
  • Le degré de sécurité est meilleur, grâce à la collatéralisation des FLOW ;
  • Les jetons secondaires permettent aussi de participer à la gouvernance du protocole Flow.

Ici encore, le fonds de réserve de Flow permettra de contribuer à la création (l’infusion) de tokens secondaires pertinents pour le réseau.

Un mockup des avatars 3D personnalisables de Genies. Ces objets numériques sont uniques grâce aux NFT de Flow.

Les stablecoins

Il est très facile d’émettre des stablecoins sur Flow. Il faut tout d’abord y dédier des FLOW, afin de payer les ressources nécessaires.

Ensuite, pour ce qui est des stablecoins adossés à une réserve en monnaie fiat, la quantité de FLOW nécessaire à leur émission ne sert qu’à payer les frais de stockage.

Pour les stablecoins algorithmiques, il faut placer en collatéral une certaine quantité de FLOW. Elle sera ajustée en fonction des variations du cours par rapport à la monnaie fiat considérée.

Ce modèle favorise donc l’utilisation du FLOW, ce token étant le plus liquide.

La gouvernance du protocole

L’équipe de développement de Flow assure la maintenance du réseau et la construction de la communauté dans un premier temps. N’importe qui peut soumettre des propositions sur GitHub, à l’instar de Bitcoin ou d’Ethereum. Elles sont ensuite revues par l’équipe technique et les nœuds peuvent les adopter (ou pas).

Un système de vote on-chain permet à chaque détenteur de FLOW ou de jetons secondaires de s’exprimer quant aux modifications du protocole. Cela concerne :

  • Les décisions générales relatives au développement de l’écosystème (membres du conseil, subventions de la fondation…) ;
  • Les paramètres mineurs du protocole ;
  • Les mise à jour majeures nécessitant un hard fork.

L’équipe incite fortement les utilisateurs à respecter certaines règles de base :

  • Garder le pouvoir respectif des différents types de nœuds équilibré ;
  • Maintenir un taux d’inflation faible (3,75 % maximum actuellement) ;
  • Utiliser le FLOW comme actif de réserve privilégié pour les tokens secondaires ;
  • S’assurer que les frais de fonctionnement restent prévisibles dans le court terme, mais dynamiques sur le long terme, pour s’adapter à la montée en charge du réseau.

Les tokenomics de FLOW : génération et distribution

Nous venons de passer en revue les détails techniques du token FLOW, et ses cas d’usage. Nous allons maintenant nous intéresser à ses aspects économiques.

Durant la première année suivant le bloc de genèse, seuls les FLOW issus des récompenses de staking sont en circulation. L’équipe a tenu à être transparente, et tous les détenteurs du jeton sont sur un pied d’égalité : les restrictions de transfert ont commencé au même moment pour tous.

Les trois phases de génération des tokens FLOW

La distribution des FLOW s’étale sur trois phases.

Phase 1 : la bêta-version du mainnet de Flow

Le mainnet de Flow fut lancé le 15 mai 2020, et les premiers tests ont commencé le 15 juin. Les bêta-testeurs ont ainsi pu utiliser l’application NBA Top Shot sans avoir recours au token FLOW. En effet, les nœuds opéraient grâce à leurs propres fonds, et les utilisateurs de l’application utilisaient leur carte de crédit ou d’autres cryptos.

Cette première phase a permis de prouver la fiabilité et l’utilité de Flow à travers un cas d’usage réel.

Phase 2 : génération et distribution du token FLOW

Cette phase a débuté avec le bloc de genèse. Les 1,25 milliard de FLOW ainsi créés resteront verrouillés durant une année. Voici quelle est l’allocation des jetons :

FLOW - Allocation des tokens
Allocation des 1,25 milliard de FLOW au bloc de genèse.

Cette répartition est assez classique :

  • Tout d’abord, Dapper Labs possède 20 % des tokens ;
  • Ensuite, 18 % des jetons serviront au développement technique de la plateforme. 95 millions de FLOW concernent plusieurs équipes de développeurs (environ une centaine de personnes). 130 millions de FLOW additionnels sont réservés pour subventionner différents contributeurs.
  • De même, 29 % assureront le développement de l’écosystème (marketing, programmes incitatifs, etc.). Ces 350 millions de FLOW devraient augmenter l’effet de réseau.
  • Quant à la vente publique, 13 % des FLOW ont été distribués ;
  • Enfin, 20 % reviendront aux backers – les investisseurs professionnels. Ils sont séparés en deux groupes : les small backers (moins de 10 millions de FLOW) et les large backers (plus de 10 millions).

Parmi les gros investisseurs, nous retrouvons des noms prestigieux, comme le fonds d’Andreessen Horowitz, a16z.

Flow - investisseurs
Distribution des tokens FLOW pour les gros investisseurs (> 10M tokens)

Dapper Labs a ainsi récolté 24,6 millions de dollars. L’équipe s’est assurée que les tokens ne soient pas concentrés entre les mains de quelques venture capitalists.

La décentralisation des jetons

Ainsi, de nombreux investisseurs réputés se partagent ces FLOW. Citons par exemple Coinbase Ventures, Samsung NEXT, Fenbushi Digital, BlockTower, le Warner Music Group…

Mais ce n’est pas tout. D’autres angels investors directement concernés par le développement de l’écosystème en possèdent, comme le célèbre William Mougayar ou des stars de la NBA.

La quantité de tokens fut plafonnée pour chaque investisseur, et ils sont tous assortis d’une période de déverrouillage de trois ans.

Nous sommes donc loin de la folie des ICO de 2017, où une poignée de capital-risqueurs se retrouvaient avec une importante proportion de tokens à bas prix, se tenant prêts à les revendre dès leur listing sur les plateformes de change.

Phase 3 : début du staking

L’intégralité des FLOW issus de l’inflation sont dédiés aux récompenses de staking. Seuls ces tokens circulent durant la période d’un an suivant le bloc de genèse. L’inflation est donc relativement élevée au début pour rendre le staking attrayant, mais elle diminuera au fil du temps.

Flow : staking rewards
Évolution des récompenses de staking.

Avec la montée en charge, les frais de transaction devraient donc finir par suffire à récompenser les nœuds validateurs.

L’évolution de la circulating supply

En combinant toutes les données précédentes, voici à quoi ressemble l’évolution de la circulating supply, la quantité totale de FLOW pouvant être transférés sur le réseau (et donc se retrouver sur les marchés).

FLOW - Évolution de la circulating supply
Évolution de la circulating supply au cours du temps.

Il s’agit donc d’un modèle théorique, puisqu’il est impossible de prédire la montée en charge de la blockchain FLOW. Cette estimation est ainsi réalisée en prenant en compte la quantité théorique maximale de tokens liquides (dans le cas où l’inflation est la plus forte).

De même, les tokens présents dans la trésorerie de Dapper Labs ou ceux de la Fondation sont assortis de périodes de verrouillage. Ils se retrouveront en circulation en fonction des besoins de l’entreprise et de l’écosystème.

Conclusion

Dapper labs a déjà réalisé un coup de maître grâce aux Cryptokitties et aux tokens non-fongibles. Avec leur succès, de nouveaux business models voient le jour. Le marché s’annonce gigantesque. Grâce à son association avec la NBA, Flow s’assure un très bon départ.

Flow est donc l’une des plateformes de dApps les plus intéressantes à suivre en 2021. La distribution des tokens FLOW est complexe, mais en l’étudiant de plus près, on s’aperçoit que tout a été pensé pour maximiser les intérêts de chaque entité participant au réseau.

L’écosystème des applications décentralisées gagne en maturité. Désormais, les équipes de développement voient à long terme. Dapper Labs souhaite ainsi créer de nouveaux marchés pérennes. Par exemple, les NFT ou l’identité numérique sont certainement de nouveaux continents à conquérir pour la cryptosphère.

Ressources :

Morgan Phuc

Cofounder @ 8Decimals & Partner @ Node Guardians - Making crypto great again - Journal du Coin / BitConseil