Binance vs Ethereum : CZ et Vitalik Buterin se clashent sur la scalabilité

C’est une véritable passe d’armes qui s’est produite sur le réseau à l’oiseau bleu gazouilleur. Changpeng Zhao (alias « CZ ») a frontalement critiqué le manque de scalabilité de la blockchain Ethereum, s’attirant ainsi la réplique de Vitalik Buterin. Le nœud gordien de la cryptosphère n’est pas prête d’être tranché.

Graine de la discorde : le constat du manque de scalabilité d’ETH

Le clash entre les deux célébrités de la cryptosphère trouve ses origines dans une interview de Vitalik Buterin, cofondateur d’Ethereuem (ETH), donnée ce 19 août au Toronto Star.

Concédant que la « blockchain Ethereum est presque pleine », Vitalik explique qu’il y a un risque de continuer à y développer des applications, sans résoudre d’abord le problème d’évolutivité du nombre de transactions : celui de voir les frais de transactions exploser, jusqu’à finir par être « cinq fois plus cher » que ceux payés aujourd’hui, limitant d’autant l’utilisation et donc l’adoption des dApps développées sur la blockchain Ethereum.

Aux yeux de Vitalik cela justifie les recherches sur le sharding : il considère qu’au prix d’un « sacrifice raisonnable en terme de sécurité », les frais de transactions pourrait diminuer d’un « facteur supérieur à 100 par transaction ». Comment ? En faisant justement accepter de façon unanime le principe du sharding, qui veut que chaque validateur du réseau ETH ne vérifie en réalité qu’une portion congrue et proche des transactions, et pas son intégralité.

CZ ouvre le feu

Dès la création de la Binance Chain en avril dernier, les ambitions annoncées du CEO du crypto-exchange, Changpeng Zhao, étaient de concurrencer (voir, pourquoi pas, supplanter) le réseau Ethereum, aussi bien en terme d’émissions de tokens que d’applications décentralisées (dApps).

C’est donc probablement en pensant fortement à la blockchain de sa société que CZ à écrit le tweet suivant :

https://twitter.com/cz_binance/status/1164062971921756161

« J’aime bien Vitalik & ETH, mais la vitesse et la capacité étaient un problème il y a un an, maintenant c’est un problème largement résolu pour les nouvelles blockchains (…) »

Pour CZ, la scalabilité est donc un problème du passé, le développement d’applications étant pour lui le réel prochain défi à relever pour amener à l’adoption des cryptos.

Vitalik contre-attaque

Moins d’une heure plus tard, manifestement piqué au vif, le cofondateur d’Ethereum répondait au dirigeant de Binance :

« Ce n’est pas résolu du tout. Même les nouvelles blockchains semi-centralisées ont un TPS [nombre de transactions par seconde] qui se compte en centaines ; autant que je sache, EOS a déjà eu des problèmes d’engorgement [au niveau de sa capacité à traiter beaucoup de transactions à la fois]. »

Source : Twitter

Vitalik a eu la politesse de ne pas rappeler à CZ la centralisation encore plus forte de la Binance Chain. Rappelons que cette dernière ne compte que 11 validateurs de blocs, là où la blockchain EOS en a 21 mais est pourtant bien loin d’être protégée des phénomènes de collusion par exemple.

On notera que, assailli de commentaires sur le réseau social suite à sa prise de position, Vitalik Buterin ne s’est pas laissé faire : il renvoie notamment dans les cordes un fan de BSV, en lui rappelant que si la crypto de Craig Wright est « trois fois plus scalable », une petite pique douce amère en lien avec la récente division temporaire de sa blockchain, en 3 chaînes distinctes.

Pour conclure, il est vrai que le « trilemme » des cryptomonnaies est toujours aussi dur à résoudre. Le sacrifice potentiel de la sécurité (par la centralisation ou une vérification compartimentée et partielle des transactions) sera donc encore longtemps au cœur des discussions visant à permettre une meilleure scalabilité – si l’on accepte l’hypothèse que cette scalabilité supposée soit un but en soi.

Rémy R.

Issu d’une formation universitaire en Sciences, je m’intéresse aux blockchains et à Bitcoin depuis 2013 et en ai même miné à l’époque. La bulle qui s'en est suivie m'en a détourné, mais je m'y suis replongé depuis 2017 et les étudie depuis avec passion.