Binance est accusé de tout faire pour échapper à la régulation américaine, CZ dément
L’oncle Sam a Binance à l’œil – Le magazine Forbes aurait mis la main sur des documents qui décriraient la stratégie de Binance pour minimiser l’impact de la régulation américaine. Elle permettrait notamment aux investisseurs américains d’utiliser la version internationale de la plateforme.
Binance US et la voie du tai-chi-chuan
Dans le document, présenté par Michel del Castillo pour Forbes, Binance US est représenté par une entité nommée Tai Chi. Cette succursale permettrait à Binance de leurrer les régulateurs américains.
Le tai-chi-chuan est un art martial chinois basé sur la maîtrise des énergies. Il privilégie ainsi la souplesse et le dynamisme plutôt que la force brute. CZ et ses associés auraient créé la succursale US pour faire le dos rond, tout en permettant aux traders américains de se rendre sur leur plateforme principale.
C’est Harry Zhou, entrepreneur anciennement employé de la firme, qui aurait créé ce document. Le directeur des fusions-acquisitions de Binance, Jared Gross, l’aurait alors présenté à Changpeng Zhao au dernier trimestre 2018.
Cette présentation comporte quatre chapitres, intitulés « Objectif« , « Structure d’entreprise proposée« , « Plans d’engagement des régulateurs » et « Plans de licence à long terme« .
Binance US, un leurre ?
Binance aurait donc voulu minimiser l’impact des régulations américaines et des contrôles. Pour ce faire, sa stratégie reposerait sur la distraction des régulateurs américains. Nous parlons de ces entités surpuissantes que sont :
- le Financial Crimes Enforcement Network (FinCEN) dépendant du Département du Trésor ;
- l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) ;
- la Securities and Exchange Commission (SEC) ;
- la Commodity Futures Trading Commission (CFTC) ;
- et enfin, le New York Department of Financial Services (NYDFS).
Le siège social de Binance est basé aux îles Caïmans. Par le biais du montage sus-cité, les revenus de Binance US sont redirigés vers Binance, tout en « l’isolant des régulations américaines ». Binance aurait également prévu de s’engager auprès des régulateurs américains pour obtenir sa licence de Money Service Business, mais s’attendrait à échouer.
Binance aurait alors rejoint plusieurs organisations dans le but de montrer patte blanche, par exemple :
- des associations d’auto-régulation, comme la Virtual Commodity Association des Winklevoss ;
- la Chambre du Commerce Numérique ;
- la Chicago Defi Alliance ;
- la Blockchain Association fondée par Coinbase.
Binance a participé à plusieurs programmes de surveillance financière, comme le Cornerstone Program du Department of Homeland Security (DHS).
La firme est également un client de CypherTrace, entreprise spécialisée dans la surveillance on chain. Elle est la seule pouvant analyser les transactions de la Binance Chain, et compte la SEC comme client.
L’auteur de l’article accuse Binance de recommander aux traders américains d’utiliser des VPN afin de contourner la surveillance financière. Les produits dérivés à fort effet de levier, qui font entre autres son succès, ne sont pas disponibles sur sa version américaine.
Forbes appuie ces déclarations par le fait que le volume d’échange sur Binance US (18,7 millions quotidiens) est dérisoire par rapport aux volumes de sa plateforme principale (10+ milliards).
La réponse de Changpeng Zhao
Le papier de Michel del Castillo, publié chez Forbes, est écrit sur un ton accusateur. À la fin de l’article, il sous-entend même que Binance favoriserait le blanchiment d’argent. Le fameux document serait aussi en train de circuler au sein de plusieurs cabinets d’avocats, du FBI et de l’IRS.
Une heure après la publication de l’article, Changpeng Zhao a formellement démenti les accusations. Ce document n’aurait pas été écrit par un employé de Binance. Il déclare que Binance US n’est en aucun cas un leurre permettant de contourner la surveillance américaine.
« Nous ne reconnaissons pas avoir produit le prétendu document. Tout le monde peut produire un document stratégique, mais cela ne signifie pas que Binance suit ces recommandations. »
« Binance a toujours opéré dans les limites de la loi […] et approché chaque juridiction avec des licences appropriées. […] Nous collaborons étroitement avec de nombreux régulateurs de renom dans le monde. »
Le CEO de la plus importante plateforme d’échange crypto au monde nie donc en bloc ces accusations. Quoi qu’il en soit, les stratégies qui y sont décrites n’ont en réalité rien d’illégal. La structure juridique est avantageuse pour Binance mais parfaitement licite.
Ces révélations risquent d’attirer l’œil des agences de régulation financière américaines. Et nous savons qu’elles ne sont pas tendres avec ceux qui bravent les interdits. En effet, l’équipe de BitMEX en a fait récemment l’amère expérience.