Donald Trump et Bitcoin : Son plan de sécurité nationale oublie les cryptomonnaies
Un silence qui en dit long. On le sait. L’ère Donald Trump 2.0 a résonné comme un hymne pour les crypto bro. À peine élu, le président n’a cessé de se draper du drapeau de Bitcoin. Il a multiplé les déclarations chocs et les décisions en faveur de Bitcoin et des cryptomonnaies. Il voulait que l’Amérique devienne le phare de la finance décentralisée, le bastion anti-Chine du minage, le Saint-Graal du « Pro-Crypto ».
Mais attention aux rideaux de fumée ! Le 5 décembre 2025, lorsque la Maison-Blanche a publié la très attendue National Security Strategy (SSN), que vous pourrez retrouver ici, la feuille de route qui définit les « intérêts nationaux vitaux » de l’administration pour les années à venir, c’est l’étonnement. Dans ce document solennel, destiné à « assurer que l’Amérique reste la nation la plus grande et la plus prospère », on cherche en vain l’écho des promesses. Pas une seule mention des mots « bitcoin », « crypto », « cryptomonnaie » ou « blockchain ». On fait le point.
- L’administration Trump, malgré ses promesses pro-crypto, a exclu les cryptomonnaies de sa stratégie de sécurité nationale.
- L’Intelligence Artificielle et l’informatique quantique ont été mises en avant comme priorités technologiques pour la domination future des États-Unis.
L’Intelligence Artificielle : La vraie bataille des USA ?
Le document est pourtant clair sur les domaines qui feront la grandeur, et la puissance, américaine de demain. Oubliez la sainte trinité BTC, ETH et SOL. Les « intérêts nationaux vitaux » tournent autour d’un autre panthéon technologique. Celui qui ne souffre aucune contestation sur son lien direct avec la sécurité et la domination militaire.
Le chapitre sur ce que les États-Unis veulent « dans et du monde » (Chapitre II, Section 2) pose la première pierre :
« Nous voulons nous assurer que la technologie américaine et les normes américaines, en particulier dans les domaines de l’IA, de la biotechnologie et de l’informatique quantique, font avancer le monde. »
Source : National Security Strategy, November 2025, Page 5
L’IA et l’informatique quantique sont les vraies têtes d’affiche. C’est là que réside la domination à long terme. D’ailleurs, l’administration Trump insiste sur le fait que la puissance américaine dépend de l’investissement dans les « technologies émergentes et la science fondamentale » pour garantir la « compétitivité et la dominance militaire » futures.
Aussi, il est question de « protéger (leur) propriété intellectuelle contre le vol étranger » et d’investir massivement dans les domaines qui « décideront de l’avenir de la puissance militaire, tels que :
- l’IA,
- l’informatique quantique,
- les systèmes autonomes.

Bitcoin et cryptomonnaies : Le silence des promesses
L’absence de la crypto dans ce texte qui se veut le « roadmap » pour l’avenir est d’autant plus troublante que l’administration Trump a souvent fait le show pour le secteur.
Rappelons-nous qu’à peine quelques mois plus tôt, le président avait martelé qu’il ne voulait pas « que la Chine soit numéro un dans le monde de la cryptomonnaie ».
Il avait aussi clairement affirmé vouloir rapatrier l’ensemble du minage de Bitcoin aux États-Unis, faisant de la délocalisation de l’énergie et de l’industrie une priorité absolue.
Sans oublier, surtout, la promulgation du Genius Act qui encadre les stablecoins, la création d’une force d’intervention spéciale dédiée, ou même la constitution d’une réserve nationale de Bitcoin.
Alors, le président américain aurait-il une mémoire de poisson rouge ?
L’analogie du directeur adjoint de la CIA, Michael Ellis, prend tout son sens ici. En mai dernier, il affirmait dans un podcast que la crypto était « un autre domaine de compétition technologique où nous devons nous assurer que les États-Unis sont bien positionnés face à la Chine et à d’autres adversaires ». Si même la CIA sonne l’alarme de la compétition crypto, pourquoi le document stratégique suprême garde-t-il le silence radio ?
Finance numérique : le flou crypto ?
Ne soyons pas de mauvaise fois pour autant. Il y a, peut être un moment, où l’on pourrait, en forçant l’intéprétation, aprercevoir l’ombre furtive de la crypto. Dans la section « Domination économique ».
En effet, l’administration souhaite « préserver et développer la domination du secteur financier américain » en tirant parti du « leadership du pays dans la finance numérique et l’innovation » pour garantir la liquidité et la sécurité des marchés.
Cette phrase est une véritable auberge espagnole sémantique. Elle peut désigner les innovations classiques de Wall Street, la modernisation des banques, ou, bien sûr, la crypto. Mais le flou artistique est ici délibéré. Donner le statut de « sécurité nationale vitale » à Bitcoin aurait peut-être été un pas de trop, une légitimité que l’establishment ne veut pas accorder aux crypto-actifs. Le conditionnel reste de mise bien sur.
Crypto aux USA : America First
Comprenons bien que ce texte est motivé par une seule boussole : « America First ». Dans cette optique, l’Intelligence Artificielle et le Quantique ne sont pas de vagues promesses, mais des outils de domination militaire et industrielle clairs. La crypto, elle, semble reléguée au rôle d’outil économique, voire d’argument électoral, sans la noblesse (ou le danger) d’un enjeu sécuritaire majeur.
Ici réside la piquante ironie de l’histoire. L’administration Trump peut bien ignorer le mot « blockchain » dans son Grand Livre de la Sécurité Nationale ; cela n’empêche pas le clan, et le président lui-même, de faire fructifier publiquement ses liens avec le secteur. Tandis que l’État garde le silence sur Bitcoin, la marque Trump a embrassé l’écosystème.
Il est donc permis de se demander si Bitcoin n’est pas simplement passé du statut d’argument de campagne à celui de (presque) simple ligne de trésorerie. A suivre.