ENS et jeton de gouvernance – Attention au risque de centralisation !
Attention à la centralisation ! – Depuis début 2020, de plus en plus de projets de la finance décentralisée (DeFi) décentralisent leur gouvernance via la création d’un jeton dédié. Grâce à lui, leurs détenteurs sont en mesure de prendre part aux votes concernant les modifications du protocole. Le projet ENS passe, lui aussi, à l’action.
Ethereum Name Service veut se décentraliser
Au début du mois de novembre, le projet Ethereum Name Service (ENS) a annoncé le lancement de son jeton de gouvernance.
En pratique, ENS est un service permettant de lier une adresse Ethereum (ETH) à un nom de domaine afin de la rendre lisible et compréhensible par l’Homme. Il permet, entre autres, de créer un domaine Journalducoin.eth qui redirige vers une adresse Ethereum donnée.
Quelques semaines après l’annonce, le jeton ENS a été créé et distribué de la manière suivante :
- 50 % pour la trésorerie du DAO ;
- 25 % distribués aux utilisateurs d’ENS, via un airdrop ;
- 19 % distribués aux contributeurs principaux ;
- 6 % répartis entre divers contributeurs actifs et à venir.
Les airdrops : plus de que l’argent, une responsabilité
Pour beaucoup, airdrop rime avec argent facile. Cependant, comme l’a souligné Brantly Millegan, COO (directeur des opérations) chez ENS, cela représente surtout une responsabilité.
Sous le capot, l’organisation autonome décentralisée (DAO) créée pour décentraliser la gouvernance fonctionne avec un système de délégation. Les détenteurs de jetons ENS peuvent alors voter pour un représentant, en lui déléguant ses jetons. Les délégués auront alors la tâche de représenter les intérêts des membres du DAO.
Coinbase menace la décentralisation du projet
Parmi les délégués, nous retrouvons tout type de profils. Citons notamment Victor Zhang, CEO du wallet Ethereum AlphaWallet, et Gregory Rocco, co-fondateur de Spurce, une solution d’identité décentralisée. Tous 2 ont bénéficié d’un airdrop de plus de 46 000 ENS en récompense de leurs contributions au protocole.
Tous deux ont exprimé leur volonté de faire évoluer le DAO dans leurs domaines respectifs, lors d’une interview avec nos confrères de Coin Telegraph. En revanche, ces derniers sont préoccupés par la centralisation que peut impliquer le système de délégation. En effet, Coinbase est actuellement l’entité avec la deuxième plus importante puissance de vote.
Ainsi, l’un des principaux décideurs du protocole ENS n’est autre qu’une entité centralisée. Rien que ça !
« Ma plus grande préoccupation concerne actuellement le pouvoir de vote. En effet, la seconde entité ayant le plus important pouvoir de vote n’est autre que Coinbase, une grande entreprise. Nous devons nous assurer qu’ENS soit un groupe public et un service neutre, non influencé ou contrôlé par une seule partie pour son propre intérêt. »
Victor Zhang
Reste maintenant à savoir comment ces différents délégués gèreront leur mandat. Espérons pour ENS que ce système ne lui cause pas de tort, comme cela a failli être le cas pour Uniswap, en août dernier, avec la proposition de Flipside Crypto.
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