Face à une défense faiblarde, le procès du hacker de Mango Markets approche de son terme
En octobre 2022, le protocole Mango Markets a été ciblé par un hack d’envergure. Au total, 110 millions de dollars ont été dérobés lors de l’attaque. Quelques mois plus tard, l’auteur du hack, Avraham Eisenberg a été appréhendé par le FBI. Depuis le 8 avril dernier, celui-ci fait face à la justice américaine dans le cadre de son procès.
Retour sur l’affaire Mango Markets
Le 11 octobre 2022, le protocole Mango Markets, hébergé sur Solana, se fait siphonner de 110 millions de dollars. En pratique, l’attaquant a mené une attaque dite de manipulation d’oracle. Cela vise à tromper l’oracle de prix, afin d’augmenter artificiellement le cours d’une cryptomonnaie. Ensuite, le hacker profite de cette hausse en vendant massivement des jetons.
Peu après, le responsable, Avraham « Avi » Eisenberg, se dévoile sur le réseau social X. Celui-ci expliquait alors avoir mené une « stratégie de trading » hautement rentable. Une manière de voir les choses qui ne sera pas forcément partagée par le FBI, qui l’arrêtera à Puerto Rico en décembre 2022.
Finalement, Avraham Eisenberg sera accusé de fraude et manipulation de marchés par la justice américaine. Son procès a ainsi débuté le 8 avril dernier et ce dernier risque jusqu’à 20 ans d’emprisonnement.
Le procès d’Avraham Eisenberg : le hacker de Mango Markets
Les procureurs passent à l’offensive
Cette semaine, le procès a suivi son cours. Selon les procureurs, l’accusé a effectué des manipulations de marché.
Ils prennent pour preuve les larges échanges menés par Eisenberg avec lui-même via des contrats à terme sur le jeton MNGO. L’objectif étant de faire grimper le prix de plus de 1000 %. Toujours selon les procureurs, cette manœuvre lui aurait permis de faire grimper artificiellement sa capacité d’emprunt, lui permettant de drainer 110 millions de dollars dans diverses cryptos.
Une défense faiblarde
Lundi et mardi, la défense d’Eisenberg s’est principalement reposée sur un témoin appelé à la barre. Il s’agit de Jeremy Sheridan, un ancien agent des services secrets devenu enquêteur dans le domaine des cryptomonnaies.
Pendant ces deux jours, Sheridan a exposé les différents mécanismes qui ont permis à Avi Eisenberg de mener son attaque. Ce dernier a notamment souligné la difficulté de qualification de la stratégie. À savoir si Eisenberg a opéré dans les limites prévues du smart contract de Mango Markets ou s’il a exploité le protocole. En d’autres termes, il est difficile de savoir si Avi Eisenberg a drainé 110 millions de dollars, ou s’il s’agissait d’un emprunt respectant les règles du smart contract.
Une grande partie du témoignage sera par la suite rejeté par le juge. Ce dernier a estimé que sa connaissance de la codebase de Mango Markets était insuffisante.
La défense maintiendra son argumentaire en tentant de faire passer les trades d’Eisenberg comme une « stratégie de trading efficace et légale ».
La défense du hacker de mango Markets balayée par l’accusation
Un argument non recevable pour les procureurs. Selon eux, il est clair qu’il ne s’agit pas là d’un simple emprunt. Ils prennent cette fois pour preuve la proposition de gouvernance émise par Eisenberg suite à sa manœuvre, qui proposait de restituer 67 millions de dollars contre la promesse qu’aucune poursuite pénale ne serait engagée. Une situation qui laisse effectivement à penser qu’Avraham Eisenberg savait pertinemment qu’il ne s’agissait pas là d’une simple « stratégie de trading à haut rendement », mais bien une attaque en bonne et due forme.
Ils poursuivront en ajoutant au dossier les différentes recherches internet d’Avi Eisenberg avant et après l’attaque. Parmi elles, « manipulation du marché avec prescription », « éléments de fraude » ou encore « FBI surveillance » et « liste des extraditions israéliennes » après que l’accusé a acheté un billet d’avion pour Israël suite à son attaque.
La défense à quant à elle maladroitement tenté de justifier son départ pour Israël par les menaces reçues par une partie de la communauté de Mango Markets, qui compromettaient la sécurité d’Eisenberg.
Une peine maximale de 40 ans de prison
Désormais, le verdict est entre les mains du jury qui a commencé à délibérer le 17 avril et qui devrait rendre son verdict dans les jours à venir. De son côté, Avraham Eisenberg risque jusqu’à 40 ans de prison s’il venait à être jugé coupable. Il est passible d’une peine maximale de 10 ans de prison pour manipulation de marchés, 10 ans pour fraude sur les marchés et 20 ans pour fraude électronique.
Ces informations ont été données à titre informatif par le juge, la condamnation d’Eisenberg est désormais prévue pour le 29 juillet 2024. Affaire à suivre.
Un autre procès dans le domaine des cryptomonnaies fait grand bruit aux États-Unis. Il s’agit de celui de Sam Bankman-Fried, le fondateur de la défunte plateforme FTX. Après avoir été condamné à 25 ans de prison, l’ex-PDG de FTX a fait appel de la décision.