CeFi… DeFi…. Sci-Fi ? Alors… Non, nous n’allons pas vous parler du dernier, ce n’est pas notre domaine de compétence, bien que nous apprécions le genre. Donc, rangez vos vaisseaux et sabres lasers, car le sujet d’aujourd’hui concerne la Finance et la crypto (BTC, ETH, etc…), que nous allons vous présenter par le prisme de l’opposition entre la DeFi et la CeFi, afin que vous compreniez ce qui les distingue et quels sont les enjeux de chacun. Allez, c’est parti !
La CeFi et DeFi : les frères ennemis
La première chose à avoir en tête est la suivante : la CeFi et la DeFi font grossièrement référence à la même chose : la Finance.
- CeFi : Finance Centralisée
- DeFi : Finance Décentralisée
Pourtant, les deux se distinguent par leur approche puisque la CeFi, comme son nom l’indique, aborde la finance de manière centralisée et ses principaux représentants sont les échangeurs centralisés tels que : Binance, FTX, Crypto.com, etc…
De l’autre côté se trouve la finance décentralisée (DeFi) qui est administrée par des protocoles dont vous avez probablement déjà entendu parler : Aave, Curve, 1inch, Paraswap, etc… Cependant, l’opposition entre les deux ne se résume pas à un choix de protocole ou d’exchange, puisqu’elle transformera complètement votre expérience des cryptomonnaies.
La CeFi : Qu’est-ce que c’est ?
Les principales caractéristiques de la CeFi
La principale caractéristique de la CeFi est qu’il est devenu quasiment impensable de s’inscrire sur une plateforme de finance centralisée, sans passer par le désormais obligatoire : KYC.
En effet, que vous vous inscriviez sur eToro ou Binance, vous serez obligés de fournir vos informations personnelles pour y ouvrir un compte et déposer votre crypto.
Malgré le fait que des échanges centralisés comme Binance aient tenté d’éviter d’avoir recours à ce processus, la régulation américaine et européenne a fini par avoir la peau de notre pseudonymisation et l’échangeur n°1 de la crypto a fini par devoir se plier aux règles.
Pourtant, bien que la question du KYC soit souvent critiquée et remise en question par la communauté crypto, ce n’est pas le sujet le plus clivant de la CeFi.
Le point qui cristallise les passions concerne essentiellement les wallets. En effet, sur un exchange centralisé, lorsque vous achetez du Bitcoin (BTC) ou de l’ETH vous les voyez apparaître dans votre application. Mais contrairement à ce que vous pourriez penser, ils ne vous appartiennent pas, puisque Binance et ses concurrents sont des prestataires de service.
En effet, lorsque vous passez par une plateforme d’échange centralisé, vous déléguez vos fonds à l’entreprise. Ce qu’il faut comprendre, c’est que ce n’est pas vous, mais elle qui détient la clef de vos fonds (aussi appelée seed phrase) et par conséquent vos cryptos. D’où l’adage :
« Not your Keys, Not your Coins »
anonyme
Si nous devions trouver une comparaison, vous pouvez voir les échangeurs centralisés comme des banques. Binance et eToro seraient, en quelque sorte, la Société Générale et la BNP Paribas. L’inconvénient de ce genre d’alternative, est la suivante : si la plateforme décide du jour au lendemain de bloquer vos fonds, vous n’aurez malheureusement aucun recours pour les récupérer et serez soumis à leur bon vouloir. Comme cela a pu être le cas lors des manifestations qui ont eu lieu au Canada au début de l’année 2022.
Il est d’ailleurs arrivé plusieurs fois que, lors de crashs du marché crypto, des échanges suspendent les retraits, l’achat et la vente de crypto pendant plusieurs heures, laissant leurs utilisateurs impuissants devant la baisse de leur capital. Pourtant, cela ne semble pas avoir affecté l’engouement autour de ces échangeurs centralisés.
Face à ces couacs et les nombreuses critiques de la part de la communauté crypto, ivre de décentralisation, ces échangeurs ont commencé à proposer des solutions de rendements pour leurs utilisateurs. Cette engeance a pris le doux nom de CeDeFi
Les stratégies de rendement de la CeFi
Si vous avez connu le Canada Dry, vous avez probablement entendu le slogan : « Ça a la couleur de l’alcool, le goût de l’alcool… mais ce n’est pas de l’alcool ».
Hé bien il s’agit de la même chose en ce qui concerne la CeDeFi : « ça a la couleur de la DeFi, le goût de la DeFi… Mais ce n’est pas de la DeFi. » Puisque toutes vos transactions se passent directement sur ces plateformes CeFi.
En effet, lorsque vous déposez vos fonds dans une pool de liquidité de Binance par exemple ou stackez vos cryptos sur l’une de ces plateformes, ces dernières vont les utiliser pour générer un rendement.
Cependant, vos récompenses seront amputées d’une partie de votre rendement qui ira directement dans les caisses de l’échangeur centralisé. D’une certaine manière, vous mettez vos cryptos à disposition de la plateforme CeFi, afin qu’elle mette en place une stratégie leur permettant de dégager un rendement sur vos cryptos.
Contrairement à la DeFi, où vous obtiendrez 100% des revenus que vous générez sur différentes applications décentralisées telles que Aave ou Beefy Finance.
Cependant, si ces solutions centralisées existent, c’est bien pour une raison : la liquidité.
Tout est-il à jeter dans la CeFi ?
À la naissance de l’écosystème crypto, il était très difficile voire quasiment impossible de déposer des fonds sur son wallet Metamask sans passer par un échangeur centralisé, puisque c’était elles qui disposaient de la plus grande liquidité.
Par ailleurs, tout n’est pas à jeter dans le CeFi, dans la mesure où des plateformes CeFi telles que Binance ou Crypto.com ont lancé leurs propres blockchains à une époque ou la blockchain Ethereum était devenue impraticable pour les petits portefeuilles à cause des frais de transactions inhérents à cette blockchain.
Si nous prenons l’exemple de Binance et de la BNB Chain, ces derniers ont ainsi permis à de nombreux utilisateurs de se familiariser avec la blockchain et les protocoles décentralisés à frais réduits, tout en bénéficiant de la liquidité de la plateforme. Puisqu’un grand nombre de cryptomonnaies étaient éligibles au retrait vers la BNB Chain.
De plus, nous pouvons constater une volonté de Binance de faire fusionner les deux mondes. C’est-à-dire celui de la CeFi et de la DeFi en intégrant un wallet non-custodial au sein de leur application. Cependant, cette fonctionnalité est encore très limitée et la DeFi a encore de beaux jours devant elle…
La DeFi, le petit frère indépendant de la CeFi
Comme nous l’avons évoqué précédemment, il était difficile durant longtemps de faire l’acquisition de cryptomonnaies sans passer par un échangeur centralisé. De plus, la seule activité disponible sur ces plateformes était l’envoi et le trading de cryptos.
Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que la blockchain Bitcoin ne permet rien d’autre que de transférer de la valeur. Il aura donc fallu attendre l’arrivée de la blockchain Ethereum et du protocole Maker (créateur du stablecoin Dai) pour voir les premiers balbutiements de la DeFi, qui aura connu son essor lors du Summer DeFi de 2020.
Les principales caractéristiques de la DeFi
La DeFi est en quelque sorte l’antithèse de la CeFi puisque vous êtes intégralement responsable de vos fonds. En effet, si vous souhaitez interagir avec la DeFi, il est obligatoire de posséder un wallet non-custodial (de type Metamask), ce qui signifie que vous disposez de vos propres clefs privées contrairement à un wallet custodial détenu sur une plateforme CeFi.
Grâce à un wallet comme Metamask, vous serez en mesure de déposer vos fonds sur différents protocoles DeFi, tel Curve par exemple, afin de commencer à commencer à générer un rendement sur vos cryptomonnaies.
Si la DeFi est autant plébiscitée par la communauté crypto, c’est tout simplement, qu’on ne vous demandera jamais de communiquer vos informations personnelles ou de passer par un KYC pour vérifier votre identité.
Mais contrairement à ce que certains médias mainstream veulent parfois vous faire croire par manque de connaissance, il ne s’agit pas d’anonymisation. En effet, toutes vos transactions sont inscrites sur la blockchain et facilement traçables. On parle plutôt de pseudonymisation que d’anonymisation.
En résumé, vous serez le détenteur de vos cryptos, avec les risques qui y sont liés, contrairement à la CeFi qui détiendra vos fonds et vous servira d’intermédiaire.
Les rendements de la DeFi
Là encore la DeFi se distingue de la CeFi, dans la mesure où les rendements y seront plus importants que ceux que vous pourrez retrouver sur des échangeurs centralisés, puisque vous vous passez d’intermédiaires.
L’autre point de distinction de la DeFi est que vous devrez vous affranchir des frais de transaction à chaque fois que vous interagissez avec un protocole DeFi.
Par exemple, si vous passez par la blockchain BNB Chain pour déposer vos fonds sur un AMM tel que PancakeSwap, vous devrez payer des frais de transaction pour chaque opération. Ce qui peut devenir contraignant dans la mesure où vos frais de transaction peuvent être plus élevés que vos rendements.
Par conséquent vous devrez attendre un certain montant de récompenses avant de pouvoir les réclamer.
Cependant, des solutions telles que Polygon de par ses frais de transaction très faibles peuvent vous permettre de faire plus de transactions à moindre coût, sans avoir besoin d’attendre d’avoir des récompenses conséquentes pour absorber vos frais de transaction, puisque les frais de transaction de cette blockchain sont souvent inférieurs à 1cts de dollar.
De plus, contrairement aux services de rendements proposés par la CeFi, vous n’aurez pas besoin de déposer de montant minimum tournant autour des 10$. En effet, vous pourrez déposer le montant que vous souhaitez sur un protocole DeFi.
La DeFi, le berceau de l’innovation
Cependant, l’opposition entre DeFi et CeFi ne s’arrête pas là. En effet, c’est grâce à la DeFi que nous découvrons de nouveaux cas d’usage de la blockchain. Usages que la CeFi se fera un plaisir d’incorporer à ses plateformes.
L’un des exemples les plus parlants fut la création des NFTs. En effet, les NFTs ont d’abord vu le jour dans le DeFi et la plupart des cas d’usages se font essentiellement dans la DeFi.
Si nous prenons l’exemple des Play 2 Earn, il est inconcevable d’imaginer la CeFi proposer un jeu tel que Gods Unchained, puisque vous devrez posséder un wallet pour interagir avec le jeu.
Si vous souhaitez les utiliser en jeu, vous serez obligés de posséder un wallet Metamask et d’y transférer vos NFTs. Enfin, nous avons pu voir récemment l’apparition de Lens, un Twitter décentralisé déployé sur la blockchain Polygon.
Là encore, il est difficilement envisageable de voir apparaître ce genre de projet sur une plateforme CeFi. Ce qu’il faut comprendre, c’est que la CeFi se concentre uniquement sur le trading de crypto et les intérêts sur les cryptos. Si vous souhaitez découvrir des produits innovants, il faudra obligatoirement passer par la DeFi. Ce qui peut nous amener à nous interroger sur l’avenir de la CeFi et de la DeFi.
Quel avenir pour la CeFi et la DeFi ?
Si les échangeurs centralisés sont autant utilisés par les utilisateurs de crypto et les spéculateurs de tous poils, c’est tout simplement parce que la CeFi vous offre un service : celui de gérer vos fonds à votre place. Ce qui peut-être commode pour beaucoup d’entre eux.
Cependant, comme nous l’avons évoqué précédemment, la CeFi tend de plus en plus à se tourner vers la DeFi, puisqu’elle développe également leurs propres blockchains afin de profiter l’intérêt économique de la DeFi et des nouvelles solutions telles que les NFTs.
Par conséquent, la CeFi reste très dépendante de la DeFi en matière d’innovation. En ce qui concerne la DeFi, cela devient un peu plus compliqué de savoir quelle direction celle-ci va prendre. En effet, nous avons pu voir des attaques envers certains protocoles DeFi tel que Tornado Cash de la part des régulateurs. Pourtant ce protocole est visé par la régulation, puisqu’il a souvent été utilisé pour blanchir des fonds à la suite de hacks qui se sont produits sur différents protocoles DeFi.
De ce fait, il ne nous reste plus qu’à voir si ce genre de mesures vont s’étendre à d’autres protocoles ou s’arrêter là afin de ne pas freiner l’innovation.
La CeFi et la DeFi sont donc deux outils complètement différents et répondent à des besoins différents. En effet, certaines personnes n’étant pas familières avec la crypto feront probablement leurs armes sur CeFi, puis à mesure que ces personnes monteront en compétences, ces derniers se tourneront de plus en plus vers des solutions décentralisées. Puisque toutes les nouveautés y voient le jour et proposent des fonctionnalités plus intéressantes que la CeFi. Si nous devons illustrer notre propos, nous pouvons considérer que la CeFi est en quelque sorte du Web2 avec des fonctionnalités Web3, tandis que le DeFi est la forme la plus « pure » du Web3, celle sans intermédiaires.
