Encyclopédie du Coin

Pourquoi Bitcoin peut changer la monnaie ?

Bitcoin, nouveau paradigme monétaire en devenir ? – Ce petit bijou technologique, monétaire, idéologique et politique que représente Bitcoin va-t-il révolutionner notre manière de concevoir la monnaie ? Parviendra-t-il à balayer en profondeur la toile d’araignée financière tissée au fil de dizaines d’années au sein de nos sociétés consuméristes d’aujourd’hui ?

La monnaie, bien longtemps reléguée au second plan par le grand public devient ces dernières années l’objet de préoccupations de plus en plus centrales. Les européens, au gré des différentes crises financières traversées récemment, la crise des subprimes en 2008 d’abord puis celle du COVID19 en 2020, voient leurs certitudes s’effriter. Face à un système financier en péril, un nouvel arrivant nommé Bitcoin pourrait bien changer la donne. Explications.

Qu’est-ce que la monnaie ?

A la recherche d’une monnaie…

Avant de songer à parler de Bitcoin, il est important de définir ce qu’est réellement une monnaie. Car bien que cet outil soit utilisé par tout un chacun de manière quotidienne, peu savent définir ses caractéristiques intrinsèques fondamentales qui font d’elle ce qu’elle est.

La monnaie peut être vue comme le moyen le plus pratique de conserver la valeur, le fruit de son travail, dans le temps. Très tôt dans l’histoire de l’humanité, la monnaie a fait son apparition, sous différentes formes. En effet, les échanges entre individus font partie intégrante de toute société. Sauf que le troc n’est pas un bon moyen d’échange. Ceci à cause de la problématique de coïncidence des besoins entre individus.

Depuis les temps anciens de l'humanité, les échanges entre individus ont eu lieu. A mesure de la multiplication de ces échanges, le troc doit être abandonné au profit de monnaies globalement partagées. Ce sera peut-être un jour le tour de Bitcoin.
La coïncidence des besoins, principale problématique du troc, résolue par l’invention de la monnaie

Exemple : vous avez travaillé pour fabriquer une paire de chaussures que vous souhaiteriez échanger contre des carottes, car il faut bien manger. Dans un monde régit par le troc, il vous faudra trouver un producteur de carottes qui à besoin d’une paire de chaussures. A moins de parcourir à pied tous les champs et potagers alentours à la recherche de la perle rare, la tâche est ardue. En plus, vous risquez dans la manœuvre d’user vos belles chaussures toutes neuves.

Il est donc bien plus simple de se mettre d’accord sur un moyen d’échange commun et harmonisé. Pour faire simple, un intermédiaire largement accepté. Au gré de ces expériences, l’être humain a essayé diverses solutions, avec plus ou moins de réussite : coquillages, sel, graines… Jusqu’à arrêter son choix sur les métaux précieux, et plus particulièrement l’or. De nos jours, ces métaux précieux ont été remplacés par les monnaies dites fiat comme l’euro et le dollar.

Mais qu’est-ce qu’une ‘bonne’ monnaie ?

Une ‘bonne monnaie’ doit remplir efficacement trois fonctions :

  1. Son rôle principal est d’être un intermédiaire d’échange. Elle doit résoudre la fameuse problématique du troc.
  2. Une monnaie doit constituer une réserve de valeur. Elle doit permettre aux individus de stocker la valeur de leur travail à un instant T. Afin de pouvoir être échangée contre des marchandises, même des années plus tard, sans perte de valeur.
  3. Une monnaie c’est aussi une unité de compte. En ce sens que la valeur de tout produit doit pouvoir s’exprimer dans cette monnaie.
Pour qu'une monnaie puisse répondre aux fonctions qu'on lui attribue, elle doit inévitablement répondre à un certain nombre de critères. Bitcoin a été spécifiquement construit pour cela.
Une monnaie doit comporter certains qualités intrinsèques très précises

Par ailleurs, certaines caractéristiques fondamentales permettent à une monnaie de remplir ces fonctions avec plus ou moins d’efficience.

  1. La portabilité : une monnaie doit être aisément transportable. En ce sens, l’or n’est pas idéal. Car voyager avec un lingot d’or dans sa valise n’est pas aisé. Il est plus pratique de détenir des pièces, des billets ou une carte bancaire.
  2. La durabilité et la rareté. Tout l’enjeu d’une monnaie est d’éviter à la valeur de votre travail de se déprécier dans le temps. En ce sens, un métal comme l’or est idéal. A l’inverse, par l’impression monétaire sans limite de l’euro et du dollar, la valeur de notre travail des années passées diminue inexorablement.
  3. La divisibilité et la fongibilité. Pour faciliter les échanges de tout ordre de grandeur, une monnaie doit être très divisible. Car l’objectif est de pouvoir l’échanger aussi facilement contre une baguette de pain que contre une maison. Par ailleurs, une unité de cette monnaie doit être identique à toutes les autres, de sorte qu’il soit impossible de les dissocier. Rien ne ressemble plus à une pièce de 1 euro qu’une autre pièce de 1 euro. Cette caractéristique s’appelle la fongibilité.

Les défauts du système bancaire actuel

La fin de l’étalon-or

Pendant longtemps, les monnaies telles que le dollar américain ont été adossées à l’or. Un étalon physique, rare et difficile à produire, réunissant une combinaison de caractéristiques particulièrement pertinentes pour conserver la valeur. A la difficulté de transportabilité de l’or, les pièces et les billets de banques venaient apporter une solution. Chacune de ces pièces et billets étaient la représentation d’une certaine quantité d’or contenue dans les coffres de la banque, assurant leur valeur.

Toutefois, en mettant fin aux Accords de Bretton Woods en 1971, Richard Nixon, alors président des Etats-Unis, a annulé la convertibilité du dollar en or. Il a sonné le glas d’une ère de stabilité de la masse monétaire pour faire basculer la planète dans un système financier où la quantité d’argent en circulation n’a plus de limites. A partir de cet instant, la monnaie ne repose plus sur de la valeur mais sur de la confiance.

Les monnaies fiat perdent alors l’une des principales caractéristiques intrinsèque de la monnaie, la rareté. Vos billets et pièces, l’argent sur votre compte en banque, n’a nulle autre valeur que la confiance que vous accordez au système. Or, la confiance, c’est fragile.

Sortir d’un système bancaire malade

Depuis 1971, les gouvernements sont dans la capacité d’imprimer de l’argent sans limite. Ils diluent ainsi l’épargne de leurs citoyens, sacrifiant la valeur de leur travail au profit de financements divers et variés : guerres, crises, pandémies…

La quantité de dollars en circulation a considérablement augmentée ces dernières années, diluant d'autant l'épargne des citoyens. Celle de Bitcoin est fixe.
Evolution de la quantité de dollars en circulation depuis 2008

L’avènement des banques est également synonyme de contrôle. Un contrôle de plus en plus intrusif dans la vie privée des individus. De nos jours, presque tous les européens sont bancarisés. Mais il n’en a pas toujours été ainsi, loin s’en faut. Cette bancarisation est très récente à l’échelle de l’humanité et a tendance à infantiliser les individus. Les banques mettent en place de nombreuses contraintes bancaires, censées protéger les citoyens, mais qui sont aussi vecteurs d’un contrôle particulièrement désagréable et inquiétant.

Au travers de cette surveillance financière accrue, vos paiements peuvent à tout moment être censurés. L’envoi de sommes dépassant certains seuils nécessite de nombreuses justifications auprès des banques. Ces requêtes sont progressivement rentrées dans les mœurs, si bien que plus personne ne s’en étonne. Et pourtant, à quel titre une banque devrait-elle demander une justification pour vous laisser dépenser comme bon vous semble l’argent que vous avez gagné par votre travail ?

D’autre part, rien n’empêche votre épargne d’être ponctionnée. Il suffit de regarder les nombreux cas de banques en faillite ayant emporté avec elles les économies de leurs clients. C’est arrivé dans l’histoire, cela arrive fréquemment dans de nombreux pays du monde. La France n’est pas à l’abri de connaitre un jour une situation similaire.

Pour faire simple, toute cette analyse mène à une conclusion évidente. L’argent placé à la banque n’est pas votre argent. Il s’agit ni plus ni moins d’une reconnaissance de dette de la banque en votre faveur. Libre à elle de la reconnaitre ou non.

Ainsi nait Bitcoin…

Bitcoin, la monnaie idéale ?

Satoshi Nakamoto créé en 2008 une mystérieuse monnaie appelée Bitcoin. Cet or numérique a été spécifiquement conçu pour répondre aux fonctions de la monnaie.

Un bitcoin peut être envoyé en quelques minutes, voire secondes, à l’autre bout de la planète à frais réduits. C’est un bon médium d’échange. Pour conserver vos bitcoins, il suffit d’un portefeuille numérique sur votre téléphone, un hardware wallet dans votre poche ou même un simple bout de papier contenant une suite de mots. Bitcoin est donc aisément transportable.

La valeur de Bitcoin repose sur la technologie blockchain et en ce sens est aussi durable qu’internet. Par ailleurs, sa quantité limitée à 21 millions d’unités, est immuable. Elle est inscrite dans le marbre du code qui compose son système. Ce principe assure ainsi la conservation de la valeur du bitcoin dans le temps. Valeur qui est issue d’un travail, d’une véritable dépense d’énergie, via les machines de minage qui assurent la sécurité du réseau.

Bitcoin est très divisible. Par 100 000 000 très exactement. Sa plus petite fraction est appelée satoshi, en l’honneur de son créateur. De plus, rien n’est plus similaire à un bitcoin qu’un autre bitcoin, outre leur historique de transaction.

Pourquoi ne pas adopter cette monnaie si pertinente dans ce cas ? Comme toute innovation, la mise en exergue de ses qualités fondamentales n’est pas synonyme de démocratisation immédiate. C’est un travail laborieux que de dissiper les préjugés inhérents à l’apparition d’un nouveau système, venant remettre en question l’ordre établi. Bitcoin se confronte en effet aux intérêts divergents des plus hautes autorités étatiques et financières. Nul doute que sa proposition de valeur continuera d’être challengée dans les années à venir. Et personne ne sait si Bitcoin finira par s’imposer dans le futur.

Si Bitcoin est mondialement adopté, cela reviendrait à priver les états du pouvoir monétaire. Pas sûr que ces derniers acceptent de bon cœur.
Le Bitcoin parviendra-t-il à priver les états du contrôle monétaire ?

Bitcoin, bouée de sauvetage des économies en difficulté

De nombreuses populations n’ont pas attendu l’aval de leur gouvernement pour utiliser Bitcoin. En effet, dans certains pays, la fluctuation de la monnaie est un réel problème qui mine la vie quotidienne des habitants. Pour fuir leur monnaie locale, soumise à une hyper-inflation galopante, les individus se réfugient dans Bitcoin. Il s’agit bien souvent de l’unique alternative pour nombre d’habitants non bancarisés qui voient leurs économies fondre comme neige au soleil.

La volatilité intrinsèque du Bitcoin, inhérent à son jeune âge et à sa faible capitalisation, est toute relative. Surtout en comparaison d’une monnaie soumise à une hyper-inflation. Les cas d’adoption du Bitcoin comme solution de dernier recours sont nombreuses, notamment en Amérique Latine et en Afrique. On peut citer le Venezuela, l’Argentine ou encore le Nigeria. Ces populations sont donc déjà habituées à une forte volatilité de leur monnaie. Par ailleurs, celle du Bitcoin aura tendance à se réduire dans le temps. Aucune raison pour que le bitcoin soit plus volatil que l’or à capitalisations égales.

En attendant, par son accessibilité, il donne une porte de sortie à de nombreuses population soucieuse de conserver la valeur de leur travail dans des endroits de la planète où le niveau de bancarisation est faible. Des personnes jugée inintéressantes par les banques et privées de compte bancaire peuvent ainsi accéder à un système qui leur permet d’économiser, de stocker de la valeur dans le temps. Le propre d’une monnaie.

C'est un phénomène que l'on voit principalement apparaitre dans les pays en voie de développements soumis à un système monétaire décadent. Les individus se réfugient dans Bitcoin.
Bitcoin, ultime recours des populations impactées par l’hyperinflation pour sauver leurs économies

Le Bitcoin permet également aux travailleurs de la diaspora d’envoyer une partie de leur économies à leur famille sans passer par des intermédiaires bancaires qui prélèvent sur les transactions des frais exorbitants.

Bitcoin, une évidence à l’ère du numérique

Bitcoin s’inscrit également dans le cadre de la numérisation croissante de nos sociétés. Et celle-ci ne fait que se renforcer au fil des années. Notre futur sera numérique et détenir son argent sur internet ou sur son téléphone portable ne choquera bientôt plus personne. En Asie, notamment dans des pays comme le Japon ou la Corée, nombreux sont les citoyens à avoir déjà adopté leur smartphone comme outil principal de paiement au quotidien. En Afrique, les individus sont très familiers de la ‘mobile money’, c’est-à-dire des transactions associées aux forfaits mobiles, qui s’effectuent donc sur le téléphone. La transition vers Bitcoin s’effectue donc naturellement là-bas.

Le Bitcoin a été spécifiquement construit dans le but de se poser en alternative aux monnaies fiat. Dans le seul but de répondre de la meilleure des manières aux principes fondamentaux sur lesquels repose la monnaie.

Il n’est donc pas étonnant de voir cet or numérique battre à plat de couture ses concurrents. Sans compter que le Bitcoin se fond comme un poisson dans l’eau au sein d’une société de plus en plus numérique. En synthèse, de nombreuses populations sont déjà prêtes à accueillir Bitcoin, et plus largement les cryptomonnaies dans leur vie quotidienne. Il ne manque plus que la petite étincelle, un début de perte de confiance des populations dans le système bancaire actuel, pour allumer la mèche d’une adoption à grande échelle.

Chapitre 1 : Bitcoin - Partie m

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