Les clivages ont toujours été une source de vifs débats sur les réseaux sociaux et le domaine de la blockchain n y échappe pas, notamment lorsqu’il s’agit d’évoquer la rivalité (réelle ou supposée) de Bitcoin et Ethereum. Pourtant, nous ne pourrions que difficilement parler de l’émancipation de la blockchain Ethereum sans mettre en perspective l’apport de Bitcoin dans son développement.
Table des matières
- Vitalik Buterin : le Bitcoin maximaliste
- De Nether à Ethereum
- De Blizzard aux Smarts Contracts, il n’y a qu’un pas
- D’un livre blanc à la deuxième crypto la plus capitalisée
- Ethereum, le changement de paradigme de la blockchain
- Ethereum : un Bitcoin 2.0 ?
- Ethereum, la blockchain qui révolutionne le monde physique
- Après Bitcoin, Ethereum le nouveau standard de la blockchain ?
Vitalik Buterin : le Bitcoin maximaliste

Bien avant que Vitalik Buterin ne crée la blockchain Ethereum, ce dernier était avant tout ce qu’on qualifie parfois de “Bitcoin maximaliste” particulièrement investi dans la communauté Bitcoin.
Dés 2011, ce dernier a en effet contribué à la rédaction d’articles pour le site Bitcoin Weekly à la suite d’une rencontre faite avec un membre d’un forum dédié à Bitcoin. Malheureusement, cette collaboration prendra fin peu de temps après son arrivée. En effet, le site Bitcoin Weekly fermera ses portes, puisqu’il ne possédait pas de modèle économique viable.
Cependant, au mois de septembre de la même année, Vitalik Buterin sera approché par Mihai Alisie (le fondateur du magazine Bitcoin Magazine), afin de lui proposer un poste au sein de son journal.
Une proposition que Vitalik Buterin acceptera, faisant de lui à la fois le premier contributeur du magazine mais également le cofondateur de Bitcoin Magazine.
Toutefois, Vitalik s’apercevra assez rapidement des limites de la blockchain Bitcoin, à laquelle il souhaitait apporter quelques améliorations.
De Nether à Ethereum

Pourtant, avant de parler des améliorations que Vitalik Buterin voulait implémenter à la blockchain Ethereum. Il faut comprendre l’étonnante raison qui a motivé le jeune développeur russo-canadien.
World of Warcraft l’élément déclencheur
Vitalik Buterin était un gamer et l’un des jeux sur lequel il consacrait le plus de temps était World of Warcraft.
Bien que cette information puisse paraître triviale, il se pourrait que ce soit le point de départ de ce qui deviendra plus tard l’innovation que nous connaissons aujourd’hui : Ethereum.
En effet, sans crier gare, ni consulter sa communauté de joueur, Blizzard a décidé de nerfer (annuler) l’une des compétences du personnage démoniste de Vitalik Buterin.
Ce qui a bien entendu créé énormément de frustration auprès du cofondateur d’Ethereum.
Une frustration que quiconque ayant déjà joué à un MMO a déjà connu. Imaginez Vitalik Buterin en train de consacrer des mois ou peut-être même des années à faire évoluer son personnage pour le rendre toujours plus puissant.
Puis du jour au lendemain, tous vos efforts, votre temps passé à jouer, se voient anéantis à la suite d’une décision arbitraire de Blizzard, sans consultation préalable de sa communauté.
C’est alors que Vitalik a amèrement compris tous les inconvénients d’un système centralisé :
- Pas de système de gouvernance
- Votre personnage et son équipement ne vous appartiennent pas
- Votre investissement en temps et votre argent n’ont, à la fin du compte, aucune valeur pour le studio.
De Blizzard aux Smarts Contracts, il n’y a qu’un pas
Faisant face à ce constat amer qu’il vivra comme une injustice, Vitalik Buterin proposera en 2013 ce qui n’était au départ qu’un livre blanc.
C’est dans ce livre blanc que Vitalik Buterin amena l’idée d’implémenter un langage de script à la blockchain Bitcoin. En effet, ce langage (que nous connaissons sous le nom de Solidity) aurait permis aux développeurs d’implémenter différentes applications sur la blockchain Bitcoin, afin de diversifier ses cas d’usages.
Cependant, l’idée de Vitalik Buterin ne rencontrera pas l’engouement qu’il escomptait, puisque les core bitcoiners rejetteront sa proposition.
Ce manque de volonté d’innovation de la part des développeurs sur la blockchain Bitcoin, qui est encore critiqué par certaines personnes de la communauté blockchain/crypto, le poussera à créer sa propre blockchain.
D’un livre blanc à la deuxième crypto la plus capitalisée
En effet, à la suite de ce refus, Vitalik Buterin proposera le développement d’une blockchain entièrement programmable, grâce à ce qu’il appellera des smarts contracts, sur laquelle il devient possible de déployer des applications décentralisées.
Pendant ce temps, la proposition de Vitalik Buterin et son livre blanc connaîtront un engouement de plus en plus important auprès de la communauté blockchain.
En janvier 2016, Vitalik Buterin annonce publiquement la création de la blockchain Ethereum lors d’une conférence Bitcoin à Miami.
Lors de ce discours, Vitalik Buterin présentera Ethereum comme un ordinateur mondial décentralisé, ne dépendant pas d’un organisme central et entièrement programmable. C’est également lors de cette prise de parole que Vitalik Buterin présentera ce que nous connaissons aujourd’hui :
Ethereum, le changement de paradigme de la blockchain

Comme nous l’avons évoqué dans les paragraphes précédents, Vitalik était un bitcoiner maximaliste, mais la fermeture d’esprit de ses développeurs, ne voulant pas trahir l’héritage de Satoshi Nakamoto, a fini de le vacciner contre le maximalisme.
L’innovation, la base du clivage Bitcoin/Ethereum
Cependant, ce n’est pas pour autant qu’il faut dénigrer le travail qui a été fait par Bitcoin et ses développeurs, dans la mesure où c’est grâce à eux que nous avons connu l’essor de la technologie blockchain.
Toutefois, nous ne pouvons que constater qu’au bout de plus de 10 ans d’existence et malgré le fait que le Lightning Network ait vu le jour, l’usage de la blockchain Bitcoin se limite uniquement au transfert de valeur de pair à pair entre ses utilisateurs.
Il aura donc fallu attendre l’arrivée de la blockchain Ethereum pour commencer à voir se développer des applications décentralisées telle que Uniswap (un exchange décentralisé de type AMM), Aave (un protocole de prêt et d’emprunt décentralisé semblable à une banque), ou encore le DAI (un stablecoin décentralisé indexé au dollar).
Ethereum : un Bitcoin 2.0 ?
Depuis l’arrivée de la blockchain Ethereum, nous avons pu voir se développer différentes applications décentralisées souvent liées à la finance.
En effet, comment aurait-il pu en en être autrement ? Puisque le but de Bitcoin était justement de rendre aux individus leur souveraineté monétaire.
Pourtant, la finance ne sera pas le seul secteur qui se fera disrupter par la blockchain, puisque les smarts contracts ont permis aux développeurs du monde entier d’imaginer d’autres usages de liés à cette technologie.
Ethereum, la blockchain qui révolutionne le monde physique
À titre d’exemple, nous avons pu voir émerger entre les années 2021/2022 un nouveau type de token : les NFT.
Toutefois, contrairement à ce que nous avons pu entendre ici et là, les NFT ne sont pas simplement des JPEG vendus à prix d’or.
Effectivement, il s’agit d’autre chose… En implémentant les NFT au sein des smarts contracts, Ethereum a permis de reconsidérer les questions de contrat et de propriété numérique.
Puisque dorénavant, il est devenu possible d’attester qu’une création numérique vous appartient. Si nous nous focalisons uniquement sur la création de contenu numérique, le NFT est devenu pour les créateurs et leurs acheteurs une sorte de certificat d’authenticité qui permet à l’acquéreur d’être certain qu’il achète une œuvre originale et pas une contrefaçon.
Pourtant, le monde numérique n’est pas le seul à se voir bouleversé par l’apport d’Ethereum et des NFT, car nous commençons à voir l’émergence de nouvelles formes d’utilisation des NFT, notamment dans le domaine de l’immobilier.
En effet, des plateforme décentralisées vous permettent désormais de faire l’acquisition d’une partie d’un bien immobilier en faisant l’acquisition d’un NFT qui représente un morceau de ce bien.
Grossièrement, ces plateformes fonctionnent comme des sortes de SCPI tokenisées sans intermédiaire de confiance et la paperasse en moins.
Et demain, ce sera notre identité qui sera entièrement numérisée grâce à ce que Vitalik Buterin appelle les Soulbound Tokens. Ces Soulbound Tokens sont des NFTs qui se distinguent par le fait qu’ils ne sont pas transférables et contiennent toutes les informations qui vous concernent. Cependant, vous pourrez ne communiquer que les informations que vous voulez rendre publique.
Ce qui nous amène à nous interroger sur le développement de la blockchain Ethereum vis-à-vis de Bitcoin.
Après Bitcoin, Ethereum le nouveau standard de la blockchain ?
Malgré le fait que Bitcoin soit et reste pour l’instant la blockchain la plus capitalisée, nous pouvons voir un changement de paradigme au sein des développeurs.
En effet, si nous nous référons à ce tweet de Gavin Wood :
Nous pouvons constater que les développeurs ont rapidement migré de Bitcoin vers certaines blockchains :
La raison à cela est qu’Ethereum, grâce à ses smarts contracts, a ouvert la voie à d’autres blockchains en ce qui concerne les applications décentralisées (DApp), que nous ne trouvons pas sur la blockchain Bitcoin.
Cependant, les DApp ne sont pas le seul standard adopté par la communauté blockchain, puisque les wallets sont également concernés.
0x le nouveau standard des wallets crypto
Si vous avez suivi l’actualité de la blockchain Ethereum et ses layers 2 sur le Journal du Coin, vous avez sûrement pu remarquer que de nouvelles alternatives destinées à améliorer la scalabilité d’Ethereum ont vu le jour au fil des ans.
Pourtant, bien que certaines de ces blockchains puissent avoir des applications décentralisées qui ne sont pas disponibles sur d’autres. Nous pouvons remarquer qu’un consensus a été trouvé autour de la Machine Virtuelle d’Ethereum (EVM).
Là où des blockchains telles que Solana ou Polkadot nécessitent d’avoir un wallet spécifique pour les utiliser, celles dites : « EVM compatibles » possèdent toutes la même adresse.
Que vous soyez sur la blockchain Polygon, Arbitrum ou Optimism, pour ne citer qu’elles, votre adresse restera la même peu importe la blockchain sur laquelle vous vous trouvez.
Ainsi, lorsque vous envoyez de la crypto d’une blockchain à une autre grâce à un bridge, toutes les cryptomonnaies y seront utilisables et arriveront sur la même adresse de votre wallet mais pas sur la même blockchain.
L’EVM le socle de la blockchain ?
Au-delà des wallets, nous pouvons également constater que ce sont blockchains EVM compatibles qui possèdent le plus de TVL (montant total bloquées sur les protocoles DeFi).
Ce qui fait d’Ethereum la blockchain n°1 en termes d’utilisation par ses utilisateurs mais également ses développeurs.
À cela s’ajoute le fait que la blockchain Ethereum est souvent au cœur des questions d’interopérabilité.
En effet, les blockchains Moonbeam (déployée sur Polkdadot) ou Evmos (blockchain de l’écosystème Cosmos) tendent également à se tourner vers la blockchain Ethereum.
Par conséquent, il n’est plus question d’utiliser le wallet Polkadot.js ou le wallet Keplr pour interagir avec ces blockchains, puisqu’il est possible de les utiliser grâce à un wallet tel que Metamask ou Frame par exemple.
De plus, de nombreux protocoles DeFi ayant vu le jour sur Ethereum deviennent multichain. Nous pouvons penser à Uniswap qui est compatible avec les blockchains Polygon, Arbitrum ou Optimism. D’autres protocoles DeFi reconnus comme Aave, Curve ou Stake DAO se sont également tournés vers le multichain.
Bien qu’il ne soit pas question de dénigrer les différentes blockchains proposant d’autres solutions. Nous pouvons tout de même constater qu’Ethereum s’est imposé vis-à-vis de Bitcoin et des autres blockchains comme le nouveau standard de la blockchain. Dans la mesure où de nombreux développeurs s’orientent vers son écosystème et que de plus en plus d’applications décentralisées voient le jour sur des blockchains EVM compatibles.
Là où Bitcoin a ouvert la voie à d’autres blockchains comme Ethereum, nous pouvons voir cette dernière comme une sorte de mise à jour de sa prédécesseur. En effet, Ethereum propose un système de paiement décentralisé et pair à pair mais apporte également d’autres cas d’utilisation largement repris par les autres blockchains, dont l’un des exemples les plus frappants fut les NFTs.