Interview de Tristan Colombet, fondateur et CEO de DomRaider et d’Auctionity

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DomRaider est une société blockchain française, fondée à l’origine en 2013 par Tristan Colombet, qui a pris son virage dans l’univers des blockchains en 2017. L’entreprise, qui emploie près de 45 personnes, doit prochainement concrétiser son projet Auctionity : un système de ventes aux enchères décentralisé sur blockchain, en temps réel, et qui se veut à la fois communautaire et spectaculaire (avec un commissaire-priseur comme dans une salle de vente traditionnelle).

Tristan Colombet, fondateur et CEO de DomRaider, s’est livré à une petite session de questions/réponses avec nous, lors du salon Blockchain Game Summit à Lyon le 25 septembre dernier :

1) Pourriez-vous vous présenter en quelques mots à nos lecteurs, et nous dire quel a été votre parcours avant d’arriver dans le monde des blockchains ?

Avec plaisir, je me considère comme un “serial-entrepreneur” du monde du numérique. J’ai commencé la programmation au collège, et puis, il y a une vingtaine d’années, j’ai créé Prizee.com, un site de jeux, que j’ai revendu en 2012.

Par la suite, j’ai développé une activité d’investissement dans les startups, et j’ai également développé une société qui est devenue DomRaider, qui a donc basculé complètement dans l’univers blockchain l’année dernière.

2) Quand avez-vous vraiment réalisé la révolution qu’apportaient Bitcoin et la technologie des blockchains, comment s’est passée cette prise de conscience ?

Alors, je suivais l’actualité et ça m’intéressait d’un point de vue technologique depuis plusieurs années, mais je n’en avais pas encore acheté.

Et c’est en 2017, quand la vague d’ICO du début d’année a commencé à monter, que je me suis vraiment plongé dedans, en voyant que ça dépassait le stade d’expérimentation technique, et qu’il y avait des enjeux financiers forts qui étaient en train de se mettre en place autour.

C’est mon équipe et moi qui nous sommes alors plongés dedans en quelques mois, pour pouvoir prendre la décision en mai 2017 de dire : OK, on opère une vraie mutation vers cette technologie blockchain et on va chercher à lancer notre ICO.

3) Quelles sont les origines de votre projet de blockchain, le “pourquoi ?”, et comment s’est passé le lancement du projet ?

DomRaider a été créé en 2013, au départ sur une activité différente puisque nous étions spécialisés dans les outils pour le référencement naturel, avec une solution de réservation de noms de domaine expirés.

C’est-à-dire que nous faisions du “drop-catching” : lorsqu’un [nom de domaine] .fr ou un .com se libérait, parce qu’il n’avait pas été renouvelé par son propriétaire, nous identifions ceux qui avaient de la valeur, et nous les réservions pour ceux qui, ensuite, voudraient les réutiliser pour leur valeur historique.

Et du coup, en 2017, avec la montée en puissance de la blockchain, nous avons identifié un potentiel pour transférer notre savoir-faire dans les ventes aux enchères – car les noms de domaines sont vendus aux enchères – pour le porter sur la blockchain. Et c’est là où, entre la montée des ICO, le potentiel de la blockchain, et l’arrivée des smart contracts, qui rendaient tout ça possible, nous nous sommes dit : allez, on y va.

4) Pourriez-vous nous résumer les principaux avantages ce que souhaite offrir Auctionity de DomRaider ?

La solution Auctionity est une solution de ventes aux enchères entièrement décentralisée, et elle a 6 principaux avantages :

  • Tout d’abord elle est trustless [sans tiers de confiance], les dépôts et les ventes sont complètement sécurisées, les dépôts de NFT (Non-Fongible Tokens) et d’ethers sont garantis par la blockchain, il ne peut pas y avoir de fuites ou de malversations ;
  • Ensuite, nos enchères sont en temps réel, nous utilisons un réseau privé en complément du réseau public Ethereum qui permet d’avoir un consensus en 1 seconde, sans entrave contre la sécurité. On peut donc faire de véritables enchères en temps réel, enchères montantes, comme dans les salles de ventes traditionnelles ;
  • Notre solution est open-source, notre code est totalement auditable, et que nous pouvons proposer des versions en marque blanche pour les partenaires qui le souhaitent ;
  • Notre solution est orienté communautaire, elle est virale, on propose aux vendeurs de pouvoir, s’ils le souhaitent, donner une part des résultats de leur vente à la communauté, un “community reward”, qui va être partagé entre tous ceux qui vont aider à la promotion de la vente. Que ce soit ceux qui vont amener des vendeurs, ceux qui vont amener des enchérisseurs sur les ventes, ou même le commissaire-priseur qui va officier ;
  • Sur notre blockchain, nous cherchons à mettre en avant les enchères spectacles. Pour chaque enchère, un auctioneer (un commissaire-priseur), qu’il soit issu de la communauté ou professionnel, peu prendre en charge la vente, faire une vidéo de promotion du NFT vendu, et aussi animer en live streaming (diffusion vidéo en temps réel) les dernières minutes de la vente, pour faire monter les prix ;
  • Et enfin, notre solution reste gratuite, car hormis ce community reward, qui est totalement optionnel, nous ne prenons pas de commission et nous n’avons pas de frais.

5) Pouvez-vous nous expliquer le fonctionnement du DRT, le token – basé sur le réseau Ethereum (ETH) – qui est au centre de votre système d’enchères décentralisées sur blockchain ?

Le rôle du DRT a évolué, il est la monnaie des commissaires-priseurs sur notre réseau. Car c’est avec le DRT que les auctioneers communautaires peuvent obtenir des mandats de ventes, et peuvent se distinguer pour pouvoir animer – parmi les ventes proposées- celles qu’ils souhaitent.

Plus vous avez de DRT, et plus vous pouvez briguer des ventes d’actifs (NFT) ayant une valeur importante, avec bien sûr une commission à la clé tout aussi importante.

6) Que pensez-vous de l’environnement réglementaire en France pour développer votre projet blockchain ? Vous n’avez pas fait le choix comme certains projets français de vous expatrier dans des pays qui sont – peut-être – plus favorables aux cryptos ?

Oui effectivement, c’était important pour moi lorsque nous avons lancé l’ICO et aujourd’hui avec les projets sur lesquels on travaille, de le faire depuis la France, et de le faire en toute transparence avec les autorités, les autorités fiscales notamment et les autorités de régulation.

Le cadre n’est certes pas encore en place, mais dès les premières rencontres avec l’AMF (l’Autorité des Marchés Financiers) à l’été 2017, j’ai vraiment senti la vision positive et constructive qui était associée à ça. On n’était pas du tout, déjà à ce moment-là, dans une optique de répression, mais bel et bien d’accompagnement et d’encadrement.

Les gens que j’ai pu rencontrer étaient très ouverts à la compréhension des opérations que l’on souhaitait faire, et au potentiel que cela représentait pour la France et pour les entrepreneurs.

De ce fait, c’est ça qui m’a vraiment encouragé à faire le choix de dire : OK on le fait depuis la France.

Le cadre réglementaire n’est pas encore là, mais il le sera prochainement. Et c’est important de faire partie des pionniers et de montrer l’exemple.

7) Plus globalement, quels sont vos espoirs dans les différents cryptoactifs et les technologies qu’ils apportent, quel est votre sentiment sur ce monde encore naissant ?

Qu’il est encore naissant effectivement, c’est vraiment ce qui me frappe. Il y a un décalage entre la médiatisation de cet univers et son état de maturité technologique, on en est encore au tout début.

Je suis un fervent convaincu du potentiel de disruption qu’a la blockchain. On est à l’aube de vrais grands changements, qui vont impacter la vie de tout le monde à terme.

Beaucoup ne sauront même pas que c’est lié à la blockchain, ça ne sera plus qu’un mot technique, mais ils l’utiliseront dans leur quotidien.

Quel sera l’angle de cet usage, c’est difficile à prédire, mais je suis convaincu que dans un temps relativement raisonnable, on va toucher un public de masse.

Ce qui est très encourageant, c’est de voir qu’en l’espace de quelques années, on est passé de quelque chose d’encore obscur, hors de toute législation et de tout cadre, à quelque chose qui, soit est déjà, soit est en train d’être régularisé et cadré.

Rémy R.

Issu d’une formation universitaire en Sciences, je m’intéresse aux blockchains et à Bitcoin depuis 2013 et en ai même miné à l’époque. La bulle qui s'en est suivie m'en a détourné, mais je m'y suis replongé depuis 2017 et les étudie depuis avec passion.

Commentaires

5 responses à “Interview de Tristan Colombet, fondateur et CEO de DomRaider et d’Auctionity


Jean
Oui, DomRaider a levé des fonds conséquents grâce à une ICO. DomRaider est une entreprise prospère grâce à ces fonds. Le token DRT, lui, ne vaut quasiment plus rien et ne vaudra jamais plus, car rien n'est prévu par DomRaider pour lui ajouter une quelconque valeur. Le patron de DomRaider a simplement eu le nez fin en surfant sur la vague d'enthousiasme aveugle qui caractérisait les ICOs en 2017. Longue vie à DomRaider, donc, et mes condoléances aux "investisseurs" qui se sont fait gruger.
Répondre · Il y a 6 ans

Jeandupont
Ceux qui ont participé à l'ICO voient leur investissement en $ ou en eth divisé par 15 mais à aucun moment vous ne trouvez pertinent de demander la moindre explication à ce "CEO". Guignols
Répondre · Il y a 6 ans

Morgan Phuc
Ce n'était pas le but de cet interview, réalisé dans un cadre événementiel et cordial par Rémy. Nous pourrions éventuellement aborder le sujet du cours d'un "utility token" à partir de sa mise sur le marché, et le cas précis du DRT avec le CEO du projet. Cependant, pour donner l'envie et la motivation à l'équipe rédactionnelle de réaliser cet entretien, la moindre des choses serait de ne pas traiter ses membres de "guignols" :)
Répondre · Il y a 6 ans

laurent
le DRT est une escroquerie , un scam, la valeur du jeton a été divisé par plus de 95% depuis son émission , son usage a été détourné et aujourd'hui il n'a pratiquement plus aucune fonction et de ce fait il ne risque pas de reprendre de valeurs, aujourd'hui il n'y a pas de perspectives pour ce token. Ce Tristan Colombet n'a aucune empathie envers les pauvres investisseurs de l'ICO qui ont tout perdu, c'est un escroc en costard cravate.
Répondre · Il y a 6 ans

Philou
Tristan Colombet, créateur de Prizee, tout est dit il me semble pour "l'escroc en costard cravate" Comment peut-on encore accorder du crédit, dans tous les sens du terme, à ce triste personnage ?
Répondre · Il y a 5 ans

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